Aux amateurs de jeux de société coopératifs dans lesquels la tâche sera compliquée, Aeon’s End revient avec Guerre Eternelle.
Temps moyen : 1 à 2h
Nombre de joueurs : 1 à 4
Âge conseillé : 14+
Éditeur : Matagot
Illustrateur : Scott Hartman, Gong Studios
Mécanismes : deckbuilding, coopératif
Version fournie par l’éditeur.
Un peu de blabla…
Aeon’s End : Guerre Eternelle est un stand-alone d’un jeu de base qui a gagné bien des fans dans la communauté ludiste. Il s’agit d’un deckbuilding coopératif dans lequel on affronte à chaque tour un ennemi redoutable et ses sbires. D’un côté il faut attaquer le boss – souvent un sac à PV – et de l’autre penser à défendre la ville et nos personnages à la vie assez limitée. L’expérience se montre hyper exigeante car le jeu ne fait aucun cadeau. Résultat, c’est un jeu captivant qui s’offre à nous. Pour Guerre Eternelle, le niveau est encore plus élevé et il sera bien difficile de venir à bout de toutes ces créatures répugnantes.
Parlons-en plus en détail.
Aeon’s End : Guerre Eternelle, c’est la guerre !
Aeon’s End plante tout de suite le décor, le jeu met à disposition plusieurs Némésis qu’il faudra se farcir tour à tour pour terminer le jeu. Guerre Eternelle reprend le concept et en amène encore d’autres tout en reprenant une structure similaire.
On choisit la Némésis à combattre, on choisit nos personnages avec chacun leur capacités et leur deck, on se permet même de décider quelles cartes installer au marché entre les Sorts, les Gemmes et les Reliques et nous sommes parés pour défendre Gravehold et mettre en déroule la Némésis et son armée. Guerre Eternelle apporte de nouvelles cartes et des personnages inédits qu’il faudra donc apprendre à employer à bon escient.
Le déroulement d’un tour (rappel) :
La particularité de Aeon’s End (ainsi que de son standalone Guerre Eternelle) se situe dans 2 mécaniques principales du jeu. La première concerne directement le déroulement d’un tour de jeu. Ici ce sont les cartes qui décident à qui est-ce le tour de jouer. Serait-ce le joueur 1 ? Le joueur 2 ? Ou la Némésis ! Il existe effectivement des cartes pour tous les participants dont la vilaine Némésis, en deux exemplaires pour celle-ci. Croyez-moi, il arrive des moments au cours desquels vous craignez l’apparition de la Némésis, surtout si elle vient deux fois de suite.
Néamoins, cela permet d’anticiper et de s’adapter. Car si la Némésis a déjà attaqué deux fois et qu’il nous reste 2 ou 3 tours de jeu, cela nous permet d’adopter une stratégie offensive ou de préparer la manche suivante avec plus de confiance. Une fois que la manche prend fin et que tout le monde a joué, on mélange les cartes afin qu’un nouvel ordre de tour aléatoire se mette en place.
A notre tour :
Plusieurs possibilités s’offrent à nous lorsque c’est notre tour. Nous avons donc 5 cartes en main. Au début les effets sont assez faibles alors il est recommandé d’optimiser notre deck rapidement (c’est du deckbuilding, rappelez-vous !).
- On prépare nos attaques : chaque personnage accueille un espace pour accueillir nos attaques. Enfin, une seule au départ, il faudra aussi débloquer les autrse en utilisant les bonnes ressources. C’est aussi une des difficultés apparentes d’Aeon’s End. Au départ, nous avons un seul slot d’attaque et on ne fait généralement qu’un dégât… quand la Némésis possède 70 PV. Puis ses sbires qui s’additionnent… Il est donc indispensable de se diriger vers la réserve de cartes.
- Construire son jeu : vous commencez avec une majorité de gemmes en main. Même si elles apportent très peu de monnaie, elles sont suffisantes pour acheter des cartes plus puissantes en début de partie. Des choix à réaliser dès le départ. Doit-on booster son attaque au maximum ? Dépenser pour optimiser son « porte-monnaie » pour acheter des cartes très puissantes dans les tours suivants ? Dépenser pour débloquer ses portails d’attaque ? Dépenser pour activer sa capacité Ultime ? Le jeu se repose toujours sur ce même équilibre qui ne tient qu’à un fil. Sachant qu’on devra souvent s’adapter aux offensives ennemies.
- On ne mélange pas son deck. C’est donc la seconde particularité qui en fait un deckbuilding original. Si dans la majorité des jeux du genre, on mélange sa défausse lorsque la pioche est vide, on retourne la pile de défausse pour en faire une pioche dans Aeon’s End. Ainsi, il sera majeur d’anticiper encore mieux ses coups, de placer les cartes utilisées dans un ordre précis pour gérer au mieux. De même, les cartes achetées vont directement dans la défausse, ne vous trompez donc pas lorsque vous placez vos cartes dans la défausse. C’est une notion primordiale dans le titre de Matagot.
Et quand c’est le tour de la Némésis.
On pioche une carte qui invoquera soit un de ses sbires, soit une attaque directe soit une attaque qui s’activera à sa prochaine apparition, souvent redoutable !
Il faut savoir que le « sbire » comme j’aime l’appeler n’attaque pas dès son apparition mais à la prochaine carte Némésis tirée. Chacun dispose d’effets contraignants qui rendent les parties plus nerveuses, plus casse-tête. Savoir qui attaquer entre la Némésis et les sbires est parfois tiraillant et une simple erreur peut vraiment compliquer les choses.
Guerre Eternelle, un socle plus exigeant encore…
Ce n’est pas une extension mais bien un jeu supplémentaire empruntant aussi l’univers de Gravehold. Il peut néanmoins être combiné avec les cartes et personnages du premier jeu. Tout comme vous pouvez vaincre les Némésis du jeu de base avec eux. Bref, Guerre Eternelle peut très bien aussi être le réceptacle de toutes les extensions car c’est un jeu Aeon’s End à part entière.
Comme vous avez pu l’apercevoir en photos, on accueille tout un contenu supplémentaire. En résumé, la même formule mais avec des nouveaux ingrédients que sont les persos, les Némésis, les guerriers Sans-Nom, les sorts, les gemmes et les reliques.
Le chara-design de nos héros se montre vraiment inspiré. Les personnages sont joliment dessinés et on serait même tenté de choisir un défenseur de Gravehold pour le choix artistique plus que par le choix mécanique, enfin pour la première partie. On remarque une nouvelle fois la présence du même système pour les personnages, chacun possédant une carte pour accueillir son image, l’espace pour ses points de vie, ses énergies et ses caractéristiques. D’ailleurs, on se plaira à tous les essayer car l’utilisation de l’un ou de l’autre change complètement la donne.
Les joueurs les plus émérites sauront qu’il sera nécessaire de bien adapter les cartes sur le marché, les personnages et la Némésis que l’on se coltine car des pouvoirs seront plus ou moins précieux selon l’adversité. C’est aussi ça qui est génial et qui apporte de la rejouabilité. Celle-ci étant déjà assurée par le nombre de tentatives et d’échecs que l’on subit face à ces ennemis toujours plus coriaces. Le système de Déchaîné est très punitif et apporte une gestion rigoureuse du danger qui est permanent et sur tous les fronts.
Comme dans un Dark Souls, les uns trouveront certains boss très difficiles, d’autres plus faciles. Cela dépend de la façon de jouer, des personnages, des cartes et de cette petite part de chance (ou de malchance) qui peut tout faire basculer. D’ailleurs visuellement, les Némésis sont dessinés de fort belle manière, que ce soit le Titan de l’Ombre, la Sorcière du Portail, la Couronne Creuse et le Démon des Voiles.
Autant vous l’avouer, je suis complètement fan du jeu de base et cette nouvelle version nous donne du fil à retordre, tout ce que j’aime.
Pour ma part, Aeon’s End est une référence dans le deckbuilding moderne. Les mécaniques sont inspirées, pensées pour la coopération, l’interaction et la difficulté qui force donc les joueurs à une coordination et un esprit d’équipe irréprochable. Un joueur se la joue solo et c’est la défaite quasi-assurée !
On dispose d’un avatar d’actions vraiment étendu entre la recharge des énergies, l’ouverture des portails, le marché, la gestion de sa main et de sa défausse. Puis la carte Joker où l’on détermine quel joueur pourra effectuer un tour de plus, nous invitant à analyser la situation et celui pour qui c’est le plus bénéfique. Encore une fois, que cette pensée collective prévaut, cela procure un sentiment agréable au cours de la session de jeu.
Les règles sont assez simples à lire et à assimiler. La mise en place n’est pas compliquée non plus car on nous guide correctement.
Niveau prise en main sur la première partie, on comprend tout mais il faudra bien 2 ou 3 parties pour les novices afin de comprendre leurs erreurs et savoir pourquoi ils se font décimer par la Némésis et ses sbires.
Mais si vous adhérez à la mécanique, retentez votre chance et soyez persévérants !
Aeon’s End est visuellement convaincant. Que ce soit les cartes, les personnages et les adversaires, ils ne se ressemblent pas et possèdent toutes leurs particularités.
Les cartes sont de bonne qualité de même que l’ensemble du matériel.
On apprécie encore la boîte du jeu et l’illustration qui met la direction artistique sur un bon pied.
La coopération amène forcément de l’interaction entre les joueurs. Et pour Aeon’s End, elle n’est pas du tout forcée. Au contraire, elle fait partie du cœur du jeu et devra dicter vos discussions. Prendre une carte pour le futur que l’on peut combiner avec d’autres, réaliser une action pour aider un autre joueur.
Les tours sont rapides, on est pleinement captivé, le jeu se montre donc dynamique et on ne voit pas le temps passer.
Récapitulons : Aeon’s End Guerre Eternelle m’a plu un peu, beaucoup ou à la folie ?
(ou pas du tout…)
Guerre Eternelle satisfera tous les fans du jeu de base. Avec des nouvelles cartes à prendre en main et pas forcément des plus puissantes, des personnages intéressants à employer et des Némésis encore plus redoutables qu’auparavant, il apporte une réelle difficulté supplémentaire à Aeon’s End, comme un New Game Plus. Ceux qui ne connaissent pas le jeu peuvent très bien commencer l’aventure avec ces affrontements musclés et encore plus exigeants tandis que les autres se délecteront du challenge supplémentaire. Un plaisir de souffrir une nouvelle fois en coopération avec des mécaniques de jeu toujours aussi inspirées.
Guerre Eternelle est donc un standalone du jeu Aeon’s End dont il reprend les mécaniques. Si vous souhaitez une expérience moins exigeante (mais tout de même bien exigeante !), vous pouvez préférer la version première du jeu.
Autrement, vous êtes en mesure d’étendre votre expérience de jeu avec les extensions Les Sans Nom, Le Vide et les Profondeurs.
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