[Bar à Jeux] La Fabrique à Rêves

la fabrique à rêves

La Fabrique à Rêves reprend les mécaniques de Codenames et ose le thématiser. Pas moins de challenge pour un jeu qui n’en demeure pas moins amusant que sa muse.

Notre test a été réalisé à partir d’une boîte envoyée par l’éditeur.

C’est l’été et la période est toujours propice à des jeux de société plus légers, qui sont accessibles pour tous les publics et faciles à comprendre. C’est aussi dans cette optique que Funnyfox a décidé de publier La Fabrique à Rêves, d’ores et déjà disponible depuis quelques semaines à l’heure où j’écris ces lignes, précisément un 14 juillet.

Pour illustrer le jeu, nous retrouvons la talentueuse Maud Chalmel que vous connaissez certainement pour ses travaux autour de Vol de Nuit, Gobi, Port Arthur, Splito, Attrape Rêves et Shamans. Elle a ainsi collaboré avec les auteurs Antonin Boccara (Olympikos, Zéro à 100, Focus, Fiesta de Los Muertos et Panic Island) et Romaric Galonnier (Mon Puzzle Aventure, Dédale, Courtisans et Magic Rabbit).

Autant dire que c’est une équipe créative assez expérimentée qui s’est réunie autour du projet La Fabrique à Rêves.

Dès ton intro, tu cites Codenames en référence, tu peux expliquer le rapprochement entre La Fabrique à Rêves et cet incontournable ?

Lors de la mise en place des cartes et du jeu ainsi que l’explication des règles, il est très facile de penser à Codenames comme inspiration. L’éditeur nous offre un jeu coopératif à partir d’un matériel similaire. Le concept s’appuie également sur quelques similarités, à savoir des associations de cartes et d’idées.

Cela dit, il faut avouer que la mécanique est tournée autrement pour un résultat et une résultante différents.

Quel est donc le concept du jeu ?

On associe des cartes ensemble et on tente, en équipe, de trouver le mot-clé ou groupe de mots qui réunit les indices. Sur le papier, c’est du déjà-vu. Mais les auteurs ont intégré une thématique qui ajoute un cadre à respecter, puis des défis pour corser les sessions de jeu.

Tour à tour, on place des cartes qui devront former une idée commune (dans le meilleur des mondes) afin de scorer des points en fin de partie. Chaque joueur dispose d’un support sur lequel écrire ses idées quant aux mots-clés à trouver. On y écrit au marqueur effaçable, ce qui est un bon point pour la rejouabilité et des millions de feuillets économisés… À condition que le marqueur fonctionne longtemps, et seul le temps nous le dira.

Quelle est cette thématique exactement ?

Comme son nom l’indique, la fabrique à rêves. Ce qui est pratique avec cette fabrique à rêves, c’est qu’elle ouvre tous les horizons aux joueurs. Dès le départ d’une partie, lors de la mise en place, on choisit une carte thématique qui lance un rêve. Cela donnera un cadre bien défini aux mots-clés à trouver.

Par exemple, la carte choisie imposera le thème « à la mer ». Les cinq emplacements de mots-clés devront donc léviter autour de cette thématique. Si l’on peut croire que ce cadre permet de ne pas s’égarer, de faciliter la résolution des indices, il n’en est rien…

C’est-à-dire ? Le jeu se montre difficile dès les premières parties ?

Dans la compréhension et le déroulement de la partie, non. Dans la résolution des énigmes, oui. Comme c’est un jeu coopératif, il faut savoir se mettre dans la tête des autres joueurs et imaginer le fil de sa pensée dans la construction des indices.

Sous chacune des colonnes (fioles), on peut placer un maximum de 3 indices. Ces indices, ce sont des cartes réparties sur plusieurs emplacements que les joueurs et joueuses placent tour à tour. Et c’est dans cette phrase que l’on retrouve le nerf de la guerre des mécaniques du jeu.

Pourquoi ? Quels sont les principaux obstacles à la réussite d’une partie ?

Le hasard et vos camarades de jeu.

D’un côté, le hasard. Les cartes Pensée mises à disposition peuvent ne pas correspondre au thème de la partie ou difficilement s’associer, ce qui corse naturellement le jeu, et nous oblige à faire preuve d’imagination, de jugeote ou simplement d’inspiration.

Le souci, c’est que de l’autre côté, les joueurs ne raisonnent pas (enfin rarement) de la même façon. Donc, de ces associations de cartes peuvent naître différentes idées, qui n’ont parfois rien à voir.

Ce n’est pas forcément négatif, puisque c’est ce qui fait la particularité du jeu et sa mécanique, non ?

C’est effectivement ce qui fait le sel du jeu. En plus de l’association d’idées et de cartes, c’est dans cette difficulté à raisonner ensemble et de la même façon que naît la complexité du jeu. Dans un premier temps, ça captive les joueurs, car on participe collectivement à la création des associations, mais c’est également ce qui génère de la frustration.

Cette création collective des indices doit générer quelques détournements, n’est-ce pas ?

Oui, et ça crée quelques moments de jeu intéressants autour de la table. Parfois, on va associer 2 cartes pour un même indice, et la joueuse suivante en ajoutera une troisième qui peut désarçonner et faire complètement bifurquer la direction que prenait le mot-indice. Encore une fois, cela s’inscrit dans cette complexité à raisonner de la même manière. Votre cheminement d’indices peut ne pas être compris et pousse une autre personne à se l’approprier pour se le rendre plus clair.

Parfois, cela mène à un terrain d’entente, mais souvent à une incompréhension, puis de longues réflexions pour accorder des violons.

Existe-t-il tout de même des façons de réguler la difficulté ?

Oui, et ils sont légers, mais pas inutiles. On dispose de trois jetons pour se donner plus de marge, que l’on positionne où l’on veut lors de notre tour. Premier jeton, il autorise les joueurs à écrire 2 propositions au lieu d’une seule. Deuxième jeton, il permet de renouveler toute la rivière de cartes Pensée (indices), en espérant être mieux lotis… Troisième jeton, il accorde un bonus d’un point pour un mot-clé en particulier.

Cela ne diminue pas forcément le challenge, mais permet de donner un peu d’air aux joueurs et joueuses autour de la table.

En matière de challenge, tu évoquais aussi des défis. Tu peux nous donner des détails ?

Oui, on trouve ces défis directement dans le livret de règles. Par exemple, le premier nous demande d’atteindre les 5 points ! On gagne des points pour chaque mot-clé trouvé collectivement. Au fil des défis, la difficulté augmente, et cela nous permet également de remporter de nouveaux jetons avec des pouvoirs différents.

Le décompte des points montre d’ailleurs la façon dont les auteurs ont pensé leur jeu. D’habitude, moins on utilise d’indices et plus on gagne de points. Or, dans La Fabrique à Rêves, c’est tout l’inverse. Vous gagnez bien plus de points si vous avez trouvé un mot-clé défini par 3 indices que si vous l’aviez déchiffré avec un seul.

Cela montre bien une chose. Les auteurs savent très bien que la principale difficulté du jeu sera de raisonner de la même façon à partir de mots anodins. Et plus on compte d’indices, plus l’horizon des mots-clés s’épaissit. Moins on a d’indices et plus le champ des possibles se réduit.

Cela reste très malin de leur part.

C’est une mécanique intelligente, voire vicieuse, mais est-elle si inspirée pour un jeu de société ? Tu précisais que la difficulté du jeu génère de la frustration. Encore faut-il que les joueurs s’y retrouvent…

C’est exactement cette question que le jeu va poser, du moins en ce qui me concerne. Les mécaniques de jeu de La Fabrique à Rêves semblent pensées finement, j’ai peu de doutes là-dessus. Par contre, j’en ai autour du fameux circuit de la récompense et de ce que les joueurs éprouvent à la fin d’une partie. Les sensations de jeu ne sont pas toujours au rendez-vous, notamment lorsque l’on arrive au terme de la partie. Plusieurs parties à notre compte et toujours pas de Grand Chelem, et souvent plus d’un écart.

C’est comme si on avait fait un bout de chemin ensemble, que l’on passait un moment agréable, mais qu’arrivés à destination, on ne ressentait pas grand-chose vis-à-vis du chemin parcouru. Pas de sentiment d’accomplissement particulier. Pas de grands sentiments positifs finalement.

En conclusion, on en pense quoi de cette Fabrique à Rêves ?

Difficile de se prononcer sur l’expérience de jeu, positive ou non. Certes, on se plaît à participer à l’élaboration des fioles (pensées et mots-clés), mais arrivés au terme de la partie, on ne retient rien de spectaculaire ni d’hyper agréable. De même, la difficulté à se regrouper collectivement autour d’une idée, et à disposer d’indices restreints distribués aléatoirement, s’avère souvent bien trop épineuse pour vivre un dénouement plus heureux que frustrant. Je ressors donc perplexe de mes parties de jeu et conscient que les sentiments peuvent varier d’une table à une autre.

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