Perfect Words a bénéficié d’un gros coup de projecteur depuis sa nomination pour les As d’Or de Cannes. Même si elle représente une petite surprise, ce n’est pas immérité. Présentation d’un titre accessible, mais casse-tête pour tous les joueurs.
Temps moyen : 30 minutes (minimum)
Nombre de joueurs : 2 à 6
Âge conseillé : 10+
Éditeur : Tiki Editions
Illustrateur : Christine Alcouffe
Mécanismes : coopératif, déduction, cartes
Version offerte par Tiki Editions (et Débo Jeux) lors du festival de Vichy.
Planète Tiki Editions
Tiki Editions se voit encore récompensé de son travail et de ses bons choix éditoriaux avec Perfect Words, un titre qui lutte pour la récompense ultime au prochain Festival de Cannes. Si l’éditeur ne vous dit rien, vous le situerez mieux avec le nom des projets qu’ils ont pu sortir en boutiques, ou sur l’application de jeux de société Board Game Arena. Ainsi, ils sont à l’origine du très populaire Lucky Numbers, dont la version Deluxe est sortie récemment, de Tichu, Kodachi, Fortissimo, Soupe à la Grenouille et Sandwich Masterclass.
L’auteur du jeu, Paul-Henri Argiot, est quant à lui connu pour des titres tels que Stratus, Nimbus et prépare Flowers pour cette année 2024. Quant au travail d’illustration, il a été réalisé par une figure emblématique de l’industrie, Christine Alcouffe. C’est d’ailleurs le moment de préciser qu’elle est à l’honneur d’une exposition qui se tient à Lyon, au Shrubbery, jusqu’au 27 février 2024 (toutes les infos ici). C’est l’occasion de re-découvrir le talent d’une artiste qui multiplie les projets. Et dans le jeu de société, ça donne Baron Voodoo, Nutty Business, Paper Tales, Pharaon, The Specialists, les Toits de Paris, Yokai, Welcome To… et d’autres titres qu’elle détaillait elle-même sur son site officiel.
Par ailleurs, la première illustration ci-dessous provient directement de la galerie de Tiki Éditions.
Perfect Words, c’est quoi le concept ?
Perfect Words est un jeu coopératif, de communication et de déduction, qui reprend le principe des mots fléchés (et du jeu télévisé Pyramide), mais qui donne toute la responsabilité aux joueurs de créer les indices et de trouver les mots correspondants.
Cela se présente donc sous forme de cartes sur lesquelles sont inscrits les mots. Les joueurs devront les associer tour à tour pour former des indices, présentant aux joueurs des suites de mots logiques (ou pas). Chaque suite les mènera à un mot final.
Bien sûr, les contraintes de cartes font toute la difficulté du jeu, de même que votre faculté à vous aligner sur les idées des autres joueurs. Dans Perfect Words, on place des cartes qui font sens pour notre esprit, mais il faut garder en tête que les autres joueurs ne réfléchissent pas forcément comme vous. Et c’est ce qui fait tout le sel du jeu. Cet alignement des étoiles est parfois loin d’être atteint, les joueurs se trouvant parfois sur différentes planètes, façon de parler.
Enfin, si le concept du jeu est simple à expliquer et rapide à installer, le déroulement du jeu peut parfois manquer de rythme puisque l’on se trouve par moments à court d’idées, ou que l’on cherche des combinaisons pertinentes pour ne pas égarer les autres joueurs. De même, il faut avouer que le jeu est purement mécanique. L’habillage est ainsi simplement esthétique et n’a pas un grand rapport avec la mécanique, hormis le fait que certains font leurs mots fléchés sur la plage… Donc pourquoi pas Perfect Words et son thème tropical ?
Entre Pyramide et mots fléchés
On a donc 10 combinaisons à former à l’aide des cartes numérotées de 1 à 10. À partir de là, on place des cartes Mot pour l’assemblage du mot fléché avec ce qui fait la particularité de ce casse-tête. C’est-à-dire que si l’une de vos cartes Mot est au carrefour de deux cartes numérotées, cette carte comptera pour les 2 mots à deviner. Tout comme cela se fait dans les mots fléchés, à savoir qu’une lettre est souvent utilisée pour 2 mots différents. Ce qui peut rendre le jeu plus ou moins difficile.
On a donc cette particularité qui ressemble à du mot fléché : la combinaison de plusieurs cartes qui doivent aider les joueurs à trouver le mot final. Ce dernier ne doit pas être de la même famille que les indices, sinon c’est loupé ! Ce qui fait également ressembler au jeu télévisé Pyramide. Un mot à trouver, plusieurs indices jusqu’à ce que ce soit assez clair. Le fait que l’on puisse communiquer avec pour seule limite de ne pas dévoiler les mots que l’on devine pour chaque combinaison renforce cette impression d’y être. On peut ajuster sa proposition pour que ce soit clair, ou au contraire lui donner une tout autre direction.
C’est ce qui fait aussi l’intérêt du jeu, ajoute du piment et de la difficulté. Lorsque l’on pense trouver un sens à un assemblage, un simple ajout d’une carte indice peut tout bouleverser. Et c’est reparti pour le casse-tête de savoir comment l’autre a réfléchi, la façon dont il a pensé cet indice. Lorsque les joueurs sont connectés, cela peut vraiment être satisfaisant. A contrario, lorsque chacun est dans sa zone de réflexion, qu’il n’y a pas d’effort pour aiguiller l’autre (d’où l’importance de communiquer aussi et de réserver des spots), ça peut aboutir à un zéro pointé.
On traverse alors une zone de fluctuation qui peut avoir deux conséquences sur les joueurs. D’un côté, on peut en sourire et reconnaître qu’on a été nuls, retenter sa chance avec la promesse de faire mieux… D’un autre côté, on peut accumuler de la frustration pour avoir subi un échec, alors que l’on vient de passer une bonne demi-heure à faire bouillir son cerveau. Le manque de récompense peut être décevant et peut en rebuter plus d’un.
Néanmoins, le jeu présente une certaine difficulté qui peut aussi motiver, car le challenge est au rendez-vous. Et ce challenge plait à certains. Pour tenter de dissiper cette frustration, l’auteur a tout de même pensé à certaines règles du jeu. Les tuiles Quitte ou Double permettent ainsi de doubler la mise pour une combinaison (la communication sera encore de mise pour décider de laquelle) pour l’une, et la tuile Quitte pourra autoriser les joueurs à se débarrasser d’un objectif qui parait impossible à atteindre.
Le scoring est intelligent, car il ne force pas les joueurs à réussir à 100 % le jeu pour gagner. On gagne ainsi des médailles de bronze, d’argent et d’or si l’on est au-dessus de la moyenne, ce qui peut constituer une véritable performance. À partir de 3 ou 4 joueurs, on ressent une véritable satisfaction d’avoir cumulé des jetons Perfect, lorsque tout le monde a eu la même idée pour le mot à trouver. Être sur la même longueur d’onde dans Perfect Words, ce n’est pas évident. Pour autant, cette difficulté et le concept du jeu ne m’ont pas pour autant captivé et invité à faire plus de 3 parties. Il manque pour moi un petit goût de reviens-y.
Récapitulons : Perfect Words m’a plu un peu, beaucoup ou à la folie ?
(ou pas du tout…)
Perfect Words se montre comme un jeu familial qui met la main sur un nerf de la guerre spécifique : la capacité qu’auront les joueurs à coopérer, communiquer, et être sur la même longueur d’onde. Qu’il est difficile de créer ses mots fléchés ensemble et de les résoudre de son côté. Ce n’est pas le jeu le plus novateur, mais il fait bien travailler le cerveau.
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