Jamais un jeu de société n’a aussi bien porté son nom que Viticulture. Alors plongeons-nous tout de suite dans ses champs et ce sans modération.
Temps moyen : 60 min
Nombre de joueurs : 1 à 6
Âge conseillé : 14+
Éditeur : Matagot
Illustrateur : Beth Sobel
Mécanismes : pose d’ouvriers
Version fournie par l’éditeur.
Viticulture, c’est quoi le topo ?
Le concept de Viticulture est simple, chaque joueur a pour objectif de devenir le meilleur vignoble. On joue continuellement au rythme des 4 saisons et on part avec pas grand chose, si ce n’est des ouvriers et un petit bonus. À partir de là, on devra planter des vignes, construire des bâtiments afin de développer votre vignoble, se servir de ses saisonniers, vendanger son champ, fabriquer du vin, honorer des commandes et bien d’autres actions possibles et recommandées. Tout cela pour vous dire qu’il intègre parfaitement ses mécaniques à son thème qu’il ne quitte jamais une seconde.
Clairement, c’est un jeu où vous jouez contre vos adversaires et vous vous bloquerez à de multiples occasions. Revenons sur ses mécaniques efficaces, captivantes qui impliquent de nombreuses interactions entre les joueurs.
Un duel permanent et tendu
Dans Viticulture Edition Essentielle, on démarre avec un plateau personnel représentant notre vignoble, deux ouvriers et peut-être trois selon le bonus que nous octroie la carte Papa/Maman de début de partie. Autant se l’avouer, c’est très peu et il va vite falloir optimiser cela. Le plateau est magnifique mais il peut être divisé en deux ou plutôt, les actions que l’on va effectuer seront réparties en deux saisons.
- Le printemps
À l’extrémité gauche du plateau, on retrouve le printemps qui demande une action mais ô combien primordiale. La saison des hirondelles détermine le bonus attribué aux joueurs et l’ordre du tour. Autant vous dire que vous souhaiterez souvent être premier joueur car la pose d’ouvrier sur une zone est exclusive. Si jamais un joueur a posé son ouvrier sur « Planter des vignes », vous ne pourrez plus vous y installer sauf si vous utilisez votre précieux ouvrier Spécialisé (qui fait 2x la taille des autres ouvriers). Ce dernier est primordial dans votre stratégie car il vous permet soit de doubler une action (Poser votre grand ouvrier à côté d’un autre déjà joué) soit il vous autorise à jouer l’action d’un emplacement occupé.
- L’été
De même, c’est sur la partie gauche du plateau que va se déroulé la saison de l’été. Plusieurs actions au choix pour très peu d’ouvriers dès les premiers tours. La question à se poser, comment optimiser son vignoble ? Plusieurs choix se présentent devant nous et sont tous symbolisés par un lieu sur le plateau de jeu.
- Planter des vignes. C’est la première étape du rouage de Viticulture, ce qui doit préparer votre machine à points. Si vous n’avez pas de vignes en main, faites en sorte d’en obtenir rapidement. Il faudra donc gérer ses 3 champs pour optimiser au mieux la récolte plus tard, enfin la vendange pendant l’hiver. Dommage ! C’est peut-être à ce niveau que le bât peut blesser. Il existe une pré-dominance de la vigne rouge pour les commandes (que nous évoquerons plus tard). Si vous êtes malchanceux, vous pourriez avoir du mal à piocher autre chose que des vignes blanches. Ainsi, le joueur qui chope du rouge (en abondance) peut partir avec un avantage pour la suite. Une part de chance qui amène un petit déséquilibre qui a fait son effet lors de plusieurs parties.
- Construire des bâtiments. Certains sont indispensables afin de jouer d’autres cartes en commençant par les vignes. Il sera alors nécessaire d’avoir des lires (la monnaie) pour les financer. Au vu des bonus qu’ils apportent, l’investissement vaut le coup. Mais il faudra faire des choix pour ne pas prendre trop de retard. Par exemple, développer l’irrigation et le treille permettra de poser les vignes de notre choix. Quant à la cave moyenne et la grande cave, elles nous autoriseront à fabriquer des fins de meilleure qualité.
- Récolter de la monnaie. Différentes méthodes existent comme la possibilité de faire visiter son vignoble, vendre ses champs et jouer ses cartes Saisonniers… La gestion du budget sera permanente au cours de votre partie car la monnaie est utilisée à divers fins.
- Les cartes Saisonniers. L’hiver et l’été possèdent chacun leur pile de carte. Elles permettent souvent d’optimiser son vignoble, que ce soit au niveau du budget, des vignes, des cartes en plus à prendre ou des points de victoire à se faire.
Ajoutez à cela le système de bonus disponible dès 3 joueurs et vous obtenez des mécaniques hyper rodées et prenantes, toutes en accord avec le thème du vin. Et nous n’en sommes qu’à la moitié de l’année. La seconde partie, surtout l’hiver, dépeint joliment la route du vin sur laquelle on fera tous la course.
- L’automne
C’est peut-être la saison la moins intense du jeu mais elle garde son utilité. Les joueurs vont ainsi choisir s’ils piochent une carte Saisonnier Hiver pour préparer la prochaine saison ou une carte Saisonnier Été pour anticiper l’année suivante. Il faut savoir que l’acquisition du bâtiment Cottage permet de piocher deux cartes au lieu d’une, ce qui a clairement son importance.
- L’hiver
Dans Viticulture Edition Essentielle, on suit la chaîne du vin. Voici ses différentes étapes, seule la première se joue en été (sauf exception rare) :
- On plante les vignes (on les pioche avant) pendant l’été.
- On vendange un champ de vignes.
- On met alors les raisins dans les pressoirs (plateau personnel).
- On fabrique ensuite les vins (demandés dans les commandes, c’est mieux).
- On honore alors les commandes.
- Et on se fait masse de points et de royalties (lorsque la vie est belle).
- Et on recommence… sachant que l’on peut préparer plusieurs vins en même temps.
Tout cela va demander des ouvriers et/ou des cartes dans Viticulture et il y aura vite embouteillage en hiver. On le répète et c’est essentiel, les places sont limitées, ce qui ajoute de la tension et des enjeux à tous les moments de la partie. Si on bénéficie chacun d’un ouvrier spécialisé afin de réaliser l’action que l’on veut, on se rend rapidement compte que l’idéal serait d’en avoir plusieurs. Ce qui est impossible… Alors on se presse de faire nos actions en espérant ne pas être bloqué par l’adversaire. Encore une fois, on se retrouve avec une part de chance liée aussi aux cartes Saisonnier que l’on pioche dans la pile, certaines sont plus bienvenues que d’autres. Mais il reste une belle part de stratégie et de choix à faire tout le long de la partie. Ce qui reste passionnant.
J’ai joué à 2 et 3 joueurs au jeu. Honnêtement je regrette de ne pas l’avoir encore essayé à 4 joueurs. Je suppose que les parties doivent être encore plus tendues entre ceux qui veulent les bonus et les autres qui veulent simplement réaliser les actions.
Néanmoins, ne vous y détrompez pas, à 2 joueurs il se joue très bien. À 3 joueurs également, il reste passionnant dans ses différentes configurations. Je devine qu’à 6 joueurs, les parties doivent se rallonger mais pour plus de suspense et de tension.
Je trouve les mécaniques vraiment captivantes, les parties fluides et les phases de planification (dans nos têtes) toujours sous le signe de la tension, de la crainte de se faire piquer un emplacement, de ne pas pouvoir effectuer les actions et d’être simplement bloqué.
Niveau frustration, cet aspect de la stratégie peut l’être et c’est parfaitement justifié. C’est ce qui fait le sel du jeu. Dommage par contre que la part de chance soit présente par le fait que l’on pioche des cartes plus ou moins avantageuses. Autre chose, je trouve la répartition et l’utilisation du vin rouge / vin blanc assez déséquilibrées. Si l’on ne pioche pas rapidement de bon vin rouge, on aura du mal à réaliser du rosé ou du prosecco. C’est là-dessus que se situe ma frustration réelle car on aimerait perdre car l’adversaire a été plus fort stratégiquement, pas parce qu’il a pu concevoir une stratégie plus rapidement.
Au niveau de la rejouabilité, aucun souci à signaler. On se replonge aisément dans une partie. Les cartes sont nombreuses dans toutes les piles et les tactiques peuvent être différentes.
Les illustrations du livret sont de qualité. Ils sont d’ailleurs disponibles en ligne si jamais vous le souhaitez.
Néanmoins, la lecture des règles a parfois été difficile et il nous est arrivé de revenir dans les règles lors de la première partie. Mais c’est justement cette première partie qui nous permet de comprendre les règles, en jouant, donc ne butez pas trop longtemps et lancez les hostilités.
Première partie fluide malgré tout, quelques retours dans le livret mais rien de chaotique pour le rythme.
La mise en place du plateau n’est pas compliquée non plus.
Aucun doute ! La qualité du matériel est au rendez-vous. Le plateau est splendide et s’accorde lui aussi avec le thème. Les illustrations sont diverses malgré les différents effets et le design des personnages sur les cartes reste appréciable.
Bravo ! Il s’agit vraiment d’un beau jeu !
Niveau du rangement, tout rentre bien, le thermoformage fait le boulot. Un détail, on a retrouvé des grandes cartes dans un emplacement où il était difficile de l’enlever. Une fois rangé autre part, tout va bien.
Ambiance tendue, les mécaniques impliquent directement de l’interaction puisque l’on se dispute les précieuses places et bonus.
Cela rend les parties vivantes aussi, dynamiques sans doute.
Récapitulons : Viticulture m’a plu un peu, beaucoup ou à la folie ?
(ou pas du tout…)
Viticulture Edition Essentielle m’a énormément plu. Malgré une part de (mal)chance qui peut s’avérer frustrante, j’adore y revenir. Il séduit de par son thème, sa direction artistique, ses mécaniques, la tension qu’il amène autour de la table et son interaction permanente qui font que l’on se retrouve en course à chaque tour avec les autres joueurs. Un véritable coup de cœur.
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