[Découverte] Crossed, un comic marqué au fer rouge

[Découverte] Crossed, un comic marqué au fer rouge

Hi Comics a édité l’un des comics les plus marquants de l’année avec Crossed, un monde où l’espoir meurt à petit feu.

Auteurs : Garth Ennis, Jacen Burrows
Nombre de pages : 264 pages.
Comic édité chez Hi Comics
Date de sortie initiale : 22 mai 2019
Prix : 27,90€
Version du livre fournie par l’éditeur

Hi Comics a eu la brillante édition d’éditer l’intégrale Crossed au mois de mai dernier. Force est de constater que le récit de Garth Ennis (Troubled Souls, Judge Dredd, Preacher, Hitman) et les dessins de Jacen Burrows (Neonomicon, Providence mais aussi du boulot sur GTA Vice City) demeurent toujours aussi poignants. Le ton est très vite donné avec le slogan qui illustre Crossed, un slogan que nous partageons avec vous.

Il n’y a pas d’espoir. Pas de héros. Personne ne viendra vous sauver.

Crossed, une traque sans pitié ni répit

L’histoire ne nous laisse même pas le temps de respirer puisque dès les premières pages, la cruauté s’invite. Un homme pénètre dans l’enceinte d’un bar-restaurant, vêtu d’une chemise ensanglantée, et dans un silence de plomb, il attaque un des employés. A partir de là, tout s’enchaîne. Une voiture de la Police accidentée, une ville en feu et des bâtiments qui s’effondrent, un avion sur le point de se crasher et l’infamie prospérant aux quatre coins de la ville via des assassinats toujours plus cruels.

Que s’est-il passé ? Un virus a transformé la population du monde entier. Ce ne sont pas de simples zombies qui marchent doucement vers la chair humaine. C’est bien pire, ce sont des êtres qui ont perdu toute humanité, des hommes et des femmes qui cherchent à violer et massacrer toute personne pas encore infectée. Ces monstres ne vivent que pour la violence, que pour répandre l’horreur et la cruauté dans ce monde.

Crossed

Crossed met par la suite en scène un groupe de survivants. Ils vivent de façon nomade et malgré l’entre-aide, ils feront face à de nombreux obstacles. Il faut dire que le groupe d’infectés a gardé un instinct primate qui leur permet de chasser les humains avec une efficacité incroyable. Cela donne lieu à des scènes très difficiles à voir, de la monstruosité à tous les étages. Le désespoir, la douleur, c’est comme si on ressentait toutes les émotions des personnages. J’en ai encore le souffle coupé.

De la cruauté à tous les étages

Les paroles de l’auteur ne sont pas creuses lorsqu’il commente cette œuvre. Voici ses propos :

Crossed est le récit le plus extrême et le plus dérangeant que j’aie jamais écrit.

Et si le malaise s’installe, si nos boyaux se tordent parfois à cause de tous ces malheurs, c’est aussi dû aux illustrations de Jacen Burrows qui s’inscrivent dans la même veine que le récit. Ses dessins conservent un côté cru et sont souvent horribles, douloureux à regarder. Des images insupportables que l’on ne souhaite pas retrouver aux infos du JT.

L’ambiance post-apocalyptique, sans but ni fin, sans espoir simplement, on l’imagine tellement on la vit. Au niveau scénaristique, on parvient même à se mettre à la place des rescapés lors des choix douloureux, on condamne la bêtise mais comment en vouloir à des hommes qui errent depuis des mois voire des années sans issue de secours. Nous avons beau voir avancer le groupe, on n’imagine pas une porte de sortie, une lueur d’espoir qui mettrait fin à cette situation.

Crossed

Scénaristiquement, Crossed est lourd mais dans le bon sens du terme. Il porte les stigmates du passé de chaque individu, les émotions qui tentent de survivre, l’humanité qui tend à disparaître autant chez les infectés que chez les survivants. Car dans un monde qui n’est plus encadré par des règles ni quoique ce soit, l’instinct de survie prime sur tout. Le récit le met clairement en avant. Il faut fuir, survivre le plus longtemps possible, même si l’espoir n’est plus.

A côté de cela, la patte graphique de Burrows nous tord de douleur à divers moments tant elle accompagne avec justesse le récit de Garth Ennis. J’en suis même à me demander comme il est possible d’illustrer sans remord ni dégoût une telle histoire. Il est allé dans les moindres détails ajouter des couches d’horreur et de cruauté, non par plaisir mais parce que l’histoire le demandait.

Il est étrange comme le chaos peut être captivant lorsqu’il sert une histoire si douloureuse mais passionnante.

Quelle lecture éprouvante que l’intégrale de Crossed. Jamais un univers post-apocalyptique n’avait illustré le chaos et la déshumanisation de la population avec autant de cruauté et de justesse. On ressort vraiment marqué par le récit de Garth Ennis et les illustrations de Jacen Burrows. Sauf si vous êtes un lecteur qui ne supporte pas de voir l’horreur en images, nous ne pouvons que vous recommander une œuvre qui aura marqué l’univers comics de sa douloureuse mais énorme empreinte.

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