[Critique] « L’ascension de The Witcher – un nouveau roi du RPG », de Third Editions

The Witcher Third Edition ExServ Benoit Reinier

La licence The Witcher n’a pas fini de faire parler d’elle. Après les romans, les jeux et autres produits dérivés, les aventures du sorceleur s’offrent désormais des livres retraçant leur genèse. Nous allons aujourd’hui nous intéresser à celui écrit par Benoît Reinier, et édité par Third Editions : « L’ascension de The Witcher – un nouveau roi du RPG ».

Celles et ceux qui suivent assidument l’actu JV francophone le connaissent déjà : Benoît Reinier, alias « ExServ », fut notamment journaliste-pigiste à Gamekult, actuellement streamer sur YouTube et Twitch, mais est également auteur chez Third Editions (également éditeur de La Légende Kingdom Hearts Tome 1 & 2). L’auteur n’en est d’ailleurs pas à son galop d’essai avec l’éditeur français, Benoît Reinier ayant déjà signé pas moins de deux livres avant celui dont nous allons parler dans cet article : « Diablo, genèse et rédemption d’un titan », et « The Heart of Dead Cell », tous deux publiés en 2018.

C’est donc chaud comme la braise que l’ancien journaliste JV a aussitôt enchaîné sur un troisième ouvrage, consacré ce coup-ci à la licence The Witcher, mais également aux aventures passionnantes du studio polonais CD Projekt dont le destin fut étroitement lié à celui du sorceleur.

• Type d’ouvrage : livre à couverture cartonnée / 258 pages / texte uniquement / description et analyse d’une licence de jeu vidéo (The Witcher) et de ses développeurs (CD Projekt)
• Maison d’édition : Third Editions
• Auteur : Benoît « ExServ » Reinier
• Prix moyen constaté en date de cet article : 24.90€
• Mentions utiles : ouvrage offert à l’auteur de cet article par Third Editions / article non-sponsorisé

Un ouvrage de grande qualité

A réception du livre, on constate que L’ascension de The Witcher – un nouveau roi du RPG est conçu comme les autres ouvrages proposés par Third Editions, à savoir comme un objet de collection. Si la version spéciale en quantité limitée (« First-Print ») marque encore plus cette idée avec des bonus offerts, la version standard comme celle que nous avons reçu de la part de Third Editions n’a pas pour autant à rougir de ses attributs et pourra fièrement trôner sur votre bibliothèque au milieu de vos autres livres du même genre.

La qualité de l’ouvrage se remarque à plusieurs niveaux, et en tout premier lieu avec sa couverture cartonnée et épaisse, dont l’illustration est un savant mélange de mat et d’éléments brillants qui lui donne une légère impression de relief du plus bel effet. La reliure semble solide, et la présence d’un signet est le petit détail appréciable pour qui, comme l’auteur de cet article, passe son temps à égarer ses marques-pages et finit par prendre ce qui lui passe sous la main. Le papier enfin, est loin d’avoir fait l’objet d’économies de budget comme on peut le voir avec certains livres du même genre. Celui-ci, d’un grammage qui doit se situer à vue de nez entre 80 et 120g/m², est suffisamment souple pour rendre le passage des pages agréable mais sans pour autant être trop épais, ni trop fragile.

Les aventures de CD Projekt n’ont finalement rien à envier à celles du sorceleur

Mais attardons-nous sur son contenu. Avec son dernier livre, Benoît Reinier ne se contente pas de décrire les jeux ni de retracer son histoire. Avec son dernier ouvrage, l’auteur strasbourgeois (Elsassisch ìsch bombisch !) s’attarde sur quatre angles d’étude qui déterminent d’ailleurs le découpage du livre : la création et l’évolution de CD Projekt jusqu’à nos jours, la description et l’analyse en profondeur de l’univers « étendu » de la licence, la description des aventures de Geralt au sein de la trilogie vidéoludique, et enfin, un retour sur tout le travail de game-design effectué par CD Projekt et son accord avec la vision du jeu voulue par les développeurs.

Le premier chapitre est selon moi le plus passionnant. Celui-ci raconte la genèse de CD Projekt et prend soin de raccorder celle-ci avec le contexte social et économique de son époque. On y apprend notamment l’influence du régime communiste en Pologne – ainsi que sa chute au début des années 90 – sur la vie des deux créateurs de CD Projekt, Marcin Iwiński et Michał Kiciński. Sans pour autant vous spoiler le contenu du livre, précisons que toute cette partie du livre prend bien le temps d’expliquer chaque étape de la vie du studio polonais, ses succès bien sûr, mais également ses déboires et les pires moments de son existence. C’est avec une passion qui traverse les pages du livre pour en imprégner le lecteur que Benoît Reinier aligne les anecdotes jusqu’aux moins connues, citant les fondateurs de CD Projekt et membres les plus importants afin de dérouler ce qui n’est rien de plus qu’une épopée à échelle humaine, une aventure contemporaine qui se révèle passionnante. Malgré tout, l’auteur ne tombe pas dans le piège du récit flamboyant dressé avec politesse, et précise, toujours avec neutralité, des détails moins glorieux concernant le studio – à l’image de ses recours réguliers au crunch (ndlr : terme anglophone pour désigner le travail excessif en entreprise, une pratique de plus en plus dénoncée dans le jeu vidéo) et du culte de la « passion » qui justifie souvent cet investissement physique et mental démesuré envers son entreprise.

Benoît Reinier poursuit ensuite son récit avec un deuxième chapitre qui déroule son analyse poussée de l’univers de la licence, en prenant soin de développer le sujet des racines de la saga, situées dans les romans et les nouvelles créés par l’auteur polonais Andrezj Sapkowski. Ce troisième chapitre est ainsi l’occasion pour l’auteur strasbourgeois de parler avec moult détails des influences et des sources d’inspirations ayant mené à la création de l’univers par Andrezj Sapkowski, et d’expliquer toute l’intelligence des choix effectués dans la création de l’univers du sorceleur. L’ancien journaliste explique dans la foulée les liens entre les œuvres littéraires et les œuvres vidéoludiques, un lien quasiment passionnel pour les fondateurs de CD Projekt qui n’ont eu de cesse de rendre hommage à une licence qui les a accompagnés durant plusieurs décennies, malgré l’amour vache qui les lie avec l’auteur des livres. Des liens compliqués que Benoît Reinier ne se prive pas d’expliquer dans le premier chapitre.

Un troisième chapitre qui ne parlera pas à tout le monde

Le troisième chapitre, quant à lui, se révèle sans doute un peu moins intéressant pour les lecteurs qui auront déjà parcouru les trois jeux avec attention. Cette partie, en effet, se contente de retracer dans les grandes lignes les évènements de la trilogie The Witcher, avec parfois une attention portée aux histoires secondaires les plus importantes. Si certains lecteurs ne rechigneront pas à se replonger dans les évènements des jeux pour se rafraîchir la mémoire et découvrir avec surprise certains éléments qu’ils ont pu oublier durant leurs parties, d’autres risquent toutefois de décrocher à certains moments en lisant des choses qu’ils connaissent déjà et passeront les pages un peu plus vite pour passer à la suite. Après deux précédents chapitres riches en éléments instructifs, l’intérêt retombe ainsi un peu à plat avec cette troisième partie de livre. Difficile, cependant, de reprocher l’existence de celle-ci qui trouvera grâce aux yeux des lecteurs qui auraient raté certains épisodes de la saga et qui pourrait y voir un moyen de se motiver à combler leurs lacunes. Cette troisième partie du livre – même si elle révèle des éléments-clés de l’intrigue – fait en effet attention à ne pas révéler tous les détails des jeux, ce qui peut par exemple motiver les joueurs exclusifs de The Witcher 3 à se lancer dans les deux précédents opus.

Le dernier et quatrième chapitre, quant à lui, vient conclure l’ouvrage en revenant sur tout le travail de game-design effectué par CD Projekt et en prenant le temps d’expliquer certains pans de la création des jeux, tels que l’aspect musical ou encore les étapes chaotiques de développement des systèmes de combat à travers les trois épisodes de la saga. Benoît Reinier, fait là encore, le choix pertinent de la neutralité en listant à la fois les bons et les mauvais choix effectués par CD Projekt, et en profite pour expliquer les raisons desdits choix. Un quatrième chapitre qui laisse rapidement la place à une brève et satisfaisante conclusion, et qui relance l’intérêt du lecteur au même niveau que les deux premiers.

 

De manière générale, même avec un troisième chapitre un peu en demi-teinte, L’ascension de The Witcher – un nouveau roi du RPG est un livre au contenu passionnant et généreux qui réussit le pari de satisfaire différents types de fans en leur apportant une masse d’informations conséquente et enrichissante. L’ampleur de la recherche d’informations de Benoît Reinier se ressent à chaque page, tout comme il est impossible de ne pas ressentir la passion de l’auteur lors de certains passages du livre. Third Editions n’a pas non plus failli à sa part du boulot en livrant ici un ouvrage à la finition irréprochable. En vertu de toutes ces qualités, L’ascension de The Witcher – un nouveau roi du RPG une incontestablement une valeur sûre pour tout fan du sorceleur et du travail de titan effectué par CD Projekt.

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Co-fondateur de Try aGame, pinailleur en chef, et amateur de belles histoires. Vous pouvez me suivre sur Twitter et Mastodon
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