[Critique] One-Punch Man : Garoh, ce héros

One Punch-Man

Si Saitama et Genos jouent un rôle important dans One-Punch Man, le tome 16 consacré à la chasse à Garoh représente l’un des meilleurs combats de la série.

One-Punch Man est entré dans son second arc depuis de nombreux chapitres maintenant. Au cours de celui-ci, plus d’une menace forcent Saitama et l’Association des Héros à densifier leurs activités. En plus d’un nouveau complot orchestré par des monstres toujours plus puissants, un chasseur de héros fait son apparition : Garoh. Son histoire est somme toute classique : meilleur élève du Dojo du Poing destructeur fluctuant, ses intentions et sa violence sont si néfastes qu’il se fait renvoyer par Bang. Garoh cherche effectivement à devenir un monstre mais ne tend pas à s’associer avec eux. S’il ne représentait qu’un antagoniste sans trop d’originalité dans les premières pages qui l’illustrent, ce tome 16 (à partir du punch 81) montre à quel point ONE en fait un héros à part entière.

Garoh, un chasseur de héros exceptionnel

One-Punch Man ne dresse pas d’archétype de héros pour son Association, on en retrouve donc de tous les genres. Ceux qui le sont malgré eux (King), ceux qui ne sont pas considérés comme tels malgré toutes leurs bonnes actions (Saitama), ceux qui le sont à des fins personnelles, à but lucratif… à tel point qu’on ne saurait définir exactement un héros dans le manga original dessiné par ONE. En général, on pense tout de même qu’un héros se démarque par ses bonnes actions à l’instar d’un Genos qui souhaite déjouer les plans des vilains. On pourrait aussi évoquer Saitama, mais celui-ci ne s’illustre pas par une quête personnelle ni par ses motivations tant sa nonchalance dépasse ses espoirs de trouver un adversaire à sa hauteur. Il est surpuissant dès le début du manga, aucune quête initiatique réelle si ce n’est celle de vivre sa vie de citoyen lambda en profitant des soldes et de ses courses au supermarché. Combattre les monstres, on ne sait même pas/plus pourquoi il le fait si ce n’est par simple devoir (et avec l’espoir de tomber sur quelqu’un qui lui donnera du fil à retordre… en vain). D’ailleurs, ça lui vaut une petite déprime depuis quelques chapitres qu’il combat en… allumant sa console de jeu.

Revenons-en à Garoh qui représente un personnage à part entière. Sa quête initiatique définit son plan d’action. Il souhaite donc devenir un monstre, mais mieux encore, il souhaite devenir le plus puissant des monstres et affronter les adversaires les plus puissants afin de progresser. Dans cet objectif, il part à la chasse aux héros. Voyez comme le rapport de force est inversé dans One-Punch Man. D’un côté, vous avez un « gentil » Saitama qui n’a plus aucune marge de progression et est simplement le guerrier le plus puissant de l’univers. D’un autre, vous avez le « méchant » Garoh qui souhaite gagner en puissance quitte à affronter les créatures et les hommes les plus forts du monde. Habituellement, le schéma est complétement inversé avec un héros qui part en voyage et qui apprend progressivement des techniques devant des adversaires toujours plus redoutables. ONE a décidé de confier ce rôle à l’antagoniste du deuxième arc de One-Punch Man, Garoh.

Et cette impression de schéma inversé est encore accentué à partir de ce punch 81. Il est placé au même rang que les héros de l’histoire. Il se trouve en situation de repli, accompagné d’un enfant qu’il souhaite protéger, il se trouve donc sur la défensive. Pire encore, il se retrouve à 1 contre 8 et n’a pas complètement récupéré de ses blessures. Il va alors analyser ses adversaires un à un grâce à l’almanach des héros afin d’élaborer une stratégie offensive. A ce moment-là, en plus de remplir son tableau de chasse (quête d’abattre tous les héros et adversaires puissants), il combat pour couvrir le gamin avec lui (quête d’un héros : protéger la population et les plus faibles). L’angle de la caméra place Garoh au centre de l’action, c’est-à-dire que l’on va suivre le moindre de ses mouvements, preuve encore qu’il est le personnage principal de ces chapitres.

Dos au mur, il ne pense qu’à se sortir de la mouise, et s’il éprouve une once de pitié pour l’enfant, il garde en tête son obsession pour la monstruosité. Très vite, il ne se sent plus en situation de danger, il devient un loup qui fait de ses chasseurs des proies.

Ces types ne sont que des marches… sur les escaliers que je dois gravir pour devenir un vrai monstre… et je n’ai pas l’intention de descendre. Je vais leur marcher dessus un par un et continuer mon ascension !

Ensuite, One-Punch Man redevient One-Punch Man pour un micro-temps au cours duquel est évoqué un traumatisme de Garoh étant petit. Et comme dirait l’autre, personne ne guérit de son enfance. Garoh a alors nourri un rejet des héros, ce qui l’a poussé à se surpasser et à prouver sa supériorité par la violence. Et la façon dont tourne le monde autour de lui dans ce tome 16 est incroyable. On ressent cette impression que les auteurs lui affichent le respect qu’il mérite de par des affrontements d’anthologie. Au final, ce sont plus de 10 combattants qui vont se dresser devant lui et les plus puissants lui rendront le plus bel hommage, le combattre avec la puissance maximale, en redoutant le moindre de ses mouvements. Du punch 81 au punch 83, c’est comme s’il ne devenait pas seulement le monstre qu’il désirait être mais un héros à part entière. Cela se ressent dans les dessins de Murata, dans la mise en scène de chacun des rebondissements, dans ses simples pensées dans lesquelles nous sommes plongés tout au long de ce tome. Malgré lui, dans sa monstruosité, il affiche toujours une part d’humanité transcendantale. Au final, il reste la preuve qu’entre les monstres, les vilains ou les héros, la frontière est floue.

One-Punch Man prouve encore que c’est une œuvre unique qui n’hésite pas à détourner les codes du genre. Garoh a rapidement été défini comme l’antagoniste du deuxième arc du manga, pourtant il s’émancipe du simple statut de vilain. Mieux encore, ONE et Murata n’en font pas qu’un simple antagoniste mais un personnage majeur avec une quête, une once d’héroïsme, une considération à la hauteur des plus grands héros et un profond respect. Tout comme Saitama, King ou Genos, il se distingue du personnage classique et enrôle à la perfection son statut de chasseur de héros à part entière.

 

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Yatangaki
Yatangaki
4 années il y a

très bon résume de Garoh

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