Botanicus invite les joueurs dans un univers où le meilleur jardinier sera roi !
Notre test a été réalisé à partir d’une boîte de jeu envoyée par Asmodee France.
Dans Botanicus, on crée son propre jardin et on tente de maximiser l’efficacité de chaque action : planter, arroser, avec les objectifs en prime. Pas de suspense, ici, sans inventer la roue, le titre nous livre une expérience de jeu agréable.
Derrière Botanicus, on retrouve qui ?
Les créateurs du jeu sont italiens : Vieri Masseini et Samuele Tabellini Ferrari, tandis qu’on doit la patte artistique à Marcel Gröber et Franz-Georg Stämmele. Les deux auteurs ont déjà collaboré sur Chicago 1920, un projet qui semble avoir été abandonné par l’éditeur What’s Your Game. En revanche, vous connaissez forcément les travaux de Marcel Gröber, qui a travaillé sur Carcassonne, tout comme son collègue FG Stämmele, qui s’est aussi distingué sur des projets tels que Paléo et El Grande.
Quel est le concept du jeu ?
Sur le papier, on nous demande de créer notre jardin botanique et d’impressionner la foule venue admirer notre savoir-faire. Pour le coup, les mécaniques respectent le thème, puisque c’est exactement ce que l’on va faire au cours de la partie.
On se retrouve avec un jeu de collection, d’objectifs, de placement, et de tuiles. Tour à tour, les joueurs devront choisir la case où se placer, qui sera synonyme d’une action en particulier, souvent récolter des pièces, planter une graine, ou arroser la graine pour qu’elle se développe.
En soutien de ces actions à entreprendre sur le plateau personnel, on retrouve des pistes communes qui permettent ces mêmes possibilités, mais avec des bonus plus ou moins importants (voir photos). Toutes les conditions sont réunies pour nous inviter à optimiser nos actions. Et, dans un contexte interactif entre les joueurs, ce sera principalement de l’optimisation dont il sera question.
Tu m’as dit dans les backstages que le jeu ne s’adresse pas qu’à un public familial et sait adapter sa complexité avec brio. Peux-tu m’en dire plus ?
C’est hyper agréable de pouvoir modeler l’expérience de jeu, surtout le niveau de complexité, et encore plus quand les mécaniques sont plaisantes, que ce soit le jeu dans sa configuration la plus simple, ou dans la plus évoluée.
Dans sa version classique, on dispose chacun du même plateau personnel sur lequel on devra choisir les bonnes plantes (avec un stade qui évolue de 1 à 4) afin de remplir des objectifs et marquer les points indiqués sur la droite de votre jardin quadrillé. Dans sa version « complexe », les plateaux deviennent asymétriques, et les déplacements du jardinier peuvent être plus difficiles à gérer, sachant que ce cher jardinier ne peut agir que sur les cases autour de lui.
D’ailleurs, si dans la version classique, les animaux ne jouent qu’un rôle basique de collecteur de points, la version « complexe » les amène directement sur notre jardin, sur des emplacements où l’on espère les remplacer par des plantes. Il sera donc nécessaire de les déloger, ce qui ajoute un peu de difficulté et des actions supplémentaires à enclencher.
Il semble compliqué de tout réaliser dans les temps…
Oui, ça l’est. Si vous avez l’habitude de tout analyser pour tout anticiper, vous pourriez connaître toutes les peines à le faire tout le long d’une partie. Il est effectivement difficile d’avoir le contrôle, et c’est notamment dû à l’interaction qui lévite autour de l’ordre du tour et de la « roue » des actions. Le champ d’actions possibles est hiérarchisé, graphiquement ça a son sens, de manière latérale. Quatre actions principales par tour sont disponibles, les plus avantageuses se trouvent en bas, les moins puissantes en haut. Autre anecdote, les types d’actions changent un tour sur deux. On a donc une alternance entre les actions qui concernent directement le jardin, et les actions indirectes disponibles sur les trois pistes du plateau principal.
Comment garder égal le poids de la balance dans ces conditions ?
Pour conserver un équilibre, les créateurs y ont mêlé la mécanique d’ordre du tour. Si vous avez choisi l’action la plus puissante, vous serez le dernier à choisir l’action lors du prochain tour. On se retrouve avec un sentiment agréable de « je prends la main, et je peux ne pas la lâcher si je le souhaite ». Botanicus fait partie de ces jeux où l’on peut choisir une action pour soi, mais aussi contre son adversaire en jetant un œil à son plateau.
Enfin, rassurez-vous, pour éviter que l’on soit stratégiquement bloqué par ce système d’ordre du tour et d’actions possibles, il existe un moyen de contourner. Seulement, ce n’est pas gratuit. Il est possible de placer son pion sur un pion adverse pour réaliser la même action. Cela représente un mal pour un bien, car si vous perdez des pièces, vous réalisez l’action voulue et vous passez prioritaire pour l’ordre du tour suivant.
On se retrouve donc avec de véritables choix à réaliser ?
Tout à fait ! On ne fait « que » deux tours de piste + une ultime action. Cela peut paraître long de prime abord, mais on réalise que c’est court, et on se retrouve avec des œuvres inachevées d’un coin à l’autre de la table de jeu, sans pour autant que ce soit trop frustrant.
Mais ce laps de temps de jeu restreint nous amène à devoir faire des choix, entre prendre des points ici ou là. Parfois, c’est de la véritable prise de risques, puisque certaines actions pourraient potentiellement être occupées par des adversaires. Et si notre budget est limité, on se retrouve avec le dilemme, un sacrifice à réaliser entre les points à glaner à gauche ou à droite.
Globalement, chaque joueur est tout de même en mesure de jouer la victoire, car toutes les actions mènent quelque part, vers un moteur de score qu’il faut maximiser. On vit avec l’agréable sentiment d’accomplir une bonne partie, que la victoire soit là ou non.
Finalement, on est plutôt conquis par Botanicus, non ?
Botanicus représente une très bonne surprise. Derrière un simple jeu de création de jardin se cachent des mécaniques d’optimisation dans lequel les joueurs se disputent les meilleures actions, créant ainsi des interactions indirectes qui rendent les tables vivantes et les sessions captivantes. L’alchimie est très bonne au milieu de ces jardins.