[Bar à Jeux] Heredity

Heredity

Heredity est un jeu de société qui nous offre une fraîcheur dont on avait bien besoin. Attention, pépite ludique à l’horizon.

Prix : environ 45 €
Temps moyen : 2 à 3 heures par chapitre (jusqu’à 4 à 5 h selon les tables)
Nombre de joueurs : 1 à 4
Âge conseillé : 14+
Auteur : Jérôme Cance et Laurent Kobel.
Éditeur : Darucat
Illustrateur : Aurélien Delauzun, Tania Sanchez-Fortun, Florian de Gesincourt
Mécanismes : coopératif, narratif, aventure, exploration…
Version achetée en boutique.

Planète Darucat

Après une présentation pleine de promesses à Vichy, nous avions eu l’occasion de découvrir Heredity à Octogônes à Lyon, en compagnie du staff de Darucat. Dès lors, nous étions séduits par les prémices du premier scénario que nous n’avions même pas fini. Mais la petite session était suffisante pour nous donner l’envie d’y retourner. Quelques semaines plus tard, nous passions dans notre boutique du 9e arrondissement de Lyon pour accaparer une boîte de jeu.

Heredity représente le premier projet de Darucat, et on y aperçoit tout l’amour de ses créateurs, toute la besogne que cela a demandée. D’ailleurs, on nous avait dit en festival que le projet avait nécessité cinq ans. Deux auteurs sont à l’origine de leur premier enfant, Jérôme Cance et Laurent Kobel. Quant au travail artistique, ils sont trois : Tania Sanchez-Fortun, Aurélien Delauzun et Florian de Gesincourt. Ce dernier a bossé sur des Unlock, mais aussi sur le jeu vidéo The Division chez Ubisoft, le deuxième est connu pour le comics l’Obsidienne, et la première, mais pas des moindres (on revisite ici), a travaillé sur le jeu Saigon 75. D’ailleurs, lorsque l’on se rend sur le profil ArtStation de Tania Sanchez-Fortun, le talent est clairement au rendez-vous et on se plaît à scroller de nombreuses fois. D’ailleurs, Aurélien Delauzun a aussi placé quelques-unes de ses illustrations sur ArtStation, à cette adresse ; et il en va de même pour Florian de Gesincourt, cliquez ici si vous souhaitez en voir plus. Il est ainsi intéressant de regarder les travaux de chacun, et de réaliser comment le style bien différent des trois artistes se mêle au projet Heredity, surtout une fois qu’on a terminé le jeu et qu’on a le décor bien en tête.

Heredity, c’est quoi le concept ?

Heredity est un jeu de société coopératif qui se joue jusqu’à 4 joueurs. Il peut se découvrir en solo, mais on vous recommande chaudement de le faire à plusieurs. C’est clairement un jeu narratif dans lequel vos choix auront un impact sur le scénario, sur la psychologie des personnages et sur le déroulement des événements.

Heredity propose une campagne de six chapitres et un fil rouge qui tourne autour de Swan, un personnage que l’on n’incarne pas. Le jeu s’appuie principalement sur des cartes qui sont omniprésentes pour les mécaniques de narration et d’exploration puisqu’elles constituent souvent le plateau de jeu qui va s’étendre au fil de nos mouvements et nos actions.

Dans les sables mouvants

Ce serait baigner cet article de spoilers que de revenir en détail sur l’histoire de Heredity. En soi, dans les 3-4 premiers chapitres, on ne peut pas dire que le scénario déborde d’imagination, dans le sens où il ne présente rien de novateur. Ne me faites pas non plus dire ce que je n’ai pas dit. L’histoire n’est pas non plus ennuyeuse à suivre, au contraire, on s’y accroche et on joue franchement le jeu. Au fil de l’aventure, on pourra deviner les diverses inspirations, certaines plus ou moins générales comme The Last of Us ou The Walking Dead (si l’univers est apocalyptique, on ne voit pas tellement de rôdeurs ou d’infectés morts-vivants), d’autres nettement plus dominantes comme Mad Max lors d’un chapitre en particulier. Quoiqu’il en soit, le premier chapitre nous fait comprendre que l’environnement est hostile et qu’on n’est pas là pour faire pousser des plantes dans le jardin.

L’histoire tourne autour de Swan, un personnage non jouable, et il se trame pas mal de choses autour. On ne sait pas vraiment quoi, et notre curiosité est piquée. On se plaît à enchaîner les chapitres, même si le mystère oublie un peu de nous donner des indices sur le rôle de Swan, garde une couche énigmatique et attend (trop) avant de nous fournir quelques clés.

Cela dit, si les grandes lignes restent brumeuses, chaque scénario nous garde bel et bien captifs sur le déroulement des événements. Les actions s’enchaînent et les rebondissements sont nombreux. Le game design y contribue fortement. Le plateau fait de cartes s’explore avec grand intérêt : retrouver soit des personnages importants, hostiles ou non, ou des objets qui nous permettront de mieux nous équiper pour survivre dans un environnement de plus en plus dangereux.

Ce qui fait que ça fonctionne au max, c’est que l’on sent le danger fureter à tous les coins de la carte, que l’on se demande avec qui s’allier, avec qui se battre, et le jeu nous en laisse le choix, tout en chronométrant nos faits et gestes par un système de cartes inspiré.

Ce que l’on apprécie d’autant plus dans Heredity, c’est qu’il ne tombe pas dans le piège de la répétitivité qui entraînerait une certaine monotonie, synonyme d’une linéarité dans le game design. Or, ici,  c’est tout le contraire. Aucun chapitre ne se ressemble trop dans son format. Chaque chapitre est construit différemment, et il est difficile de ne pas le ressentir. Cela augmente le plaisir en matière de sensations de jeu.

Un pour tous, tous pour un !

Heredity est un jeu coopératif, il est donc logique de s’attarder sur l’aspect teamplay et les mécaniques de base du jeu.

La gestion du personnage est intéressante. Trois cartes forment notre avatar : une pour les jambes, une pour le buste, une pour la tête. Ce choix cache deux systèmes particulièrement inspirés et faciles à gérer pour le joueur. Dans un premier temps, cela nous montre les actions possibles dans une limite de 4 actions (4 pions à placer). Au niveau de la tête, nous pouvons « regarder » et « parler » ; au niveau du buste, toutes sortes d’actions, comme combattre ou fouiller ; les déplacements seront logiquement liés aux jambes.  Dans un deuxième temps, la gestion des dégâts est également concentrée sur ces mêmes cartes. Lorsque vous subissez un dégât, vous y placez un jeton Dégât qui occupera alors un emplacement d’action, réduisant ainsi votre marge de manœuvre, et vous obligeant à faire des choix sur les actions que vous souhaitez sacrifier. D’ailleurs, si vous subissez trop de dégâts, vous devez retourner une carte (partie du corps), le verso indiquant une blessure grave sur la partie du corps sélectionnée. C’est ainsi que la jauge de santé se manifeste, mais attention, les blessures graves ne se soignent pas.

Pour booster vos attributs et votre santé, il sera aussi possible d’acquérir des équipements qui bonifieront vos actions, octroieront des armes et seront souvent précieux dans des situations précises (le masque à gaz est tombé à pic pour nous).

Pour en venir à l’aspect teamplay, le système d’attaque convient parfaitement, puisqu’il sera possible de coupler nos attaques pour porter une attaque fatale. Les adversaires bénéficient souvent d’un bouclier en plus d’une jauge de santé. Autant vous dire qu’il sera majeur de préparer au mieux des assauts. Lorsque l’on subit une offensive ennemie, elle fait souvent très mal. Heureusement qu’il est possible de se soigner (avec l’action Se soigner « main ») ou de soigner ses alliés. Il est aussi possible de se répartir les armes si l’on se trouve sur le même lieu. De plus, le karma, représenté sous forme de pioche, pourra vous donner un coup de pouce ou, au contraire, vous désavantager. Attention à vos actions dans le jeu qui peuvent altérer celui-ci. Bien sûr, comme dans la vraie vie… le hasard peut venir tout bouleverser.

Il est aussi agréable de constater qu’on n’a pas subi d’effets négatifs d’un meneur (dans le sens mâle alpha, celui qui veut qu’on suive son plan à tout prix et qui l’impose). Il faut dire que chacun peut explorer de son côté, que c’est même préconisé pour récolter le plus d’informations possible, que tout ce qui est trouvé par l’un doit être partagé avec les autres. On reste donc en totale coopération du début à la fin d’un chapitre, et c’est ce qui rend aussi Heredity captivant.

Récapitulons : Heredity m’a plu un peu, beaucoup ou à la folie ?
(ou pas du tout…)

Heredity se montre passionnant dès le premier chapitre d’une aventure haletante. Si on ne retient pas un grand scénar’, on en repart avec de grands souvenirs. Des chapitres remplis de tension, ponctués de moult rebondissements et de faits marquants. On reste captivés et mis sous pression par un environnement hostile. Encore mieux, les auteurs se permettent de varier les schémas et le game design de chaque chapitre de sorte que l’on n’y retrouve aucune monotonie dans le rythme ni linéarité dans la narration. Une première aventure coopérative réussie que l’on ne peut que conseiller. Bon à savoir : l’extension Souvenirs sortira à la fin de l’automne, et nous avons hâte de la découvrir !

N’hésitez pas à nous donner votre avis sur ce jeu si vous aussi vous l’avez testé via les commentaires sous l’article. Vous pouvez également venir nous rendre une petite visite sur nos réseaux sociaux : Twitter, Facebook, Instagram, Twitch, Youtube et notre compte curateur Steam.

Retrouvez nos autres tests de jeux de société en cliquant ici.

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