[Critique] « Berserk – À l’encre des ténèbres », de Third Editions

Berserk à l'encre des ténèbres Third Editions alt236 Quentin Boëton

Débuté entre 1997 et 1998 par Kentarō Miura, Berserk est devenu plus qu’un simple manga au fil des années, allant jusqu’à atteindre le statut d’œuvre contemporaine. Pour expliquer comment Berserk est devenu l’un des mangas les plus marquants des différentes époques qu’il a traversé, Quentin « alt236 » Boëton nous propose son analyse complète au sein d’un bien bel ouvrage publié par Third Editions.

Tantôt scénariste, tantôt directeur artistique, diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et rédacteur pour Canard PC, Quentin Boëton est un homme aux multiples talents dont la passion pour l’écriture et les univers baroques semble égaler son goût pour pour la composition musicale. Celui-ci tient d’ailleurs une chaîne YouTube où il expose ses créations ainsi que ses analyses sur l’univers des diverses œuvres qui l’ont marqué. Si on ajoute à cela le fait que l’homme est également un grand appréciateur du manga Berserk, il était donc tout naturel de le voir s’atteler à la création d’un livre tel que celui dont nous allons parler dans cet article.

• Type d’ouvrage : livre à couverture cartonnée / 240 pages / texte uniquement / description et analyse du manga « Berserk »
• Maison d’édition : Third Editions
• Auteur : Quentin « Alt236 » Boëton
• Prix moyen constaté en date de cet article : 24.90€
• Mentions utiles : l’ouvrage nécessaire à cet article nous a été fourni par Third Editions (article non-sponsorisé)

Une qualité physique toujours au rendez-vous

A l’instar du livre de Benoît Reinier qui traitait de la licence The Witcher et de CD Projekt RED, celui de Quentin Boëton bénéficie du traitement « Third Editions » avec un ouvrage à couverture cartonnée, et doté une nouvelle fois d’illustrations (différentes selon les éditions, First Print ou standard) qui donnent envie de l’encadrer ou de le mettre bien en vue sur une étagère. Le petit signet en accord avec la couleur dominante est toujours aussi utile, ce vous évitera de faire tomber votre marque-page en trimballant ce livre d’un endroit à un autre.

Le choix du grammage des pages, quant à lui, est toujours aussi pertinent, avec un équilibre entre solidité et souplesse. Ajouté à une qualité d’impression impeccable et à la présence de quelques illustrations (ce qui manquait au livre de Benoît Reinier), on peut dire que l’on est en face d’un livre qui mérite son prix sur le plan de la finition.

Une analyse très poussée de Berserk…

De toute évidence, et on s’en rend compte assez rapidement dès les premières pages, « Berserk – À l’encre des ténèbres » est un livre écrit par un connaisseur. Autant il est facile d’être passionné par une œuvre, autant en devenir un des connaisseurs est une tâche plus ardue. Avec ce livre, Quentin Boëton entreprend une analyse méthodique de l’univers créé par Kentarō Miura. Malgré un découpage en 4 parties, l’exposé auquel se livre l’auteur semble ne pas vouloir compartimenter sa pensée de manière trop structurée. On a ainsi sous les yeux un ouvrage qui se lit comme s’écoute une conférence, avec un thème central qui ne dévie jamais malgré des sous-thèmes qui se succèdent. Cette structure permet au lecteur de se plonger dans les explications de l’auteur avec une fluidité bienvenue.

L’autre point fort de ce livre, c’est sa capacité à s’adapter à la réalité de l’œuvre qu’il raconte. Berserk, en effet, est un manga qui s’étale sur plus de deux décennies et qui a connu (et connait encore) une publication chaotique sur le plan temporel. Tout fan de Berserk, à moins d’avoir relu l’intégrale de l’histoire avant de se plonger dans le livre de Quentin Boëton, appréciera donc de voir l’auteur lui rappeler les éléments importants de l’intrigue tout au fil du livre, en même temps que celui-ci en dresse l’analyse. L’expérience de lecture n’en est ainsi que renforcée.

Mais toute analyse ou exposé, en plus d’être fiable, se doit d’être intéressant. Là encore, « Berserk – À l’encre des ténèbres » réussit son pari. De l’étude étymologique des termes choisis par Miura à la symbolique mythologique de certains éléments du manga, en passant par l’analyse de la tension sexuelle complexe existant entre Guts et Griffith, Quentin Boëton donne l’impression d’avoir passé toute l’œuvre de Miura au crible, étudiant avec méthodologie les moindres détails trahissant les inspirations et la volonté du Maître. L’auteur ne se limite d’ailleurs pas à ses propres impressions et observations, celui-ci ponctue en effet son récit de citations de Kentarō Miura dans le but d’appuyer certains passages, ce qui permet au lecteur d’avoir régulièrement confirmation sur les points évoqués dans le livre.

…mais aussi de son auteur, Kentarō Miura

L’intérêt de « Berserk – À l’encre des ténèbres » réside également dans l’analyse du mangaka de Berserk, Kentarō Miura. Dans son livre, Quentin Boëton semble avoir compris qu’analyser une œuvre sans prêter attention à l’artiste qui se cache derrière revient à observer un monument sans en connaître le contexte historique. L’auteur prend ainsi presque autant de temps à parler de Berserk que de Kentarō Miura, détaillant tour à tour son parcours, ses inspirations, ou encore ses hésitations.

Cet aspect de « Berserk – À l’encre des ténèbres » se révèle d’ailleurs vite passionnant, Kentarō Miura étant un personnage singulier dans le paysage du manga, avec des inspirations peu communes et une approche particulière de la dark fantasy. On apprend par exemple que Miura a étudié avec grande attention les différentes périodes du Moyen-âge occidental au point d’en reprendre avec précision certains codes visuels pour des éléments triviaux comme de simple armures de soldats et autres éléments de décor. Un sens du détail qui accompagne le mangaka tout au long de son travail, et qui s’observe à plusieurs degrés et à plusieurs moments de son histoire. Le passage au sein de la psyché de Casca en est un autre exemple, avec des éléments de décors et des ennemis monstrueux qui renvoient chacun à un thème bien précis du traumatisme de la jeune femme. Un exemple parmi d’autres, qui renseigne les lectrices et les lecteurs sur l’homme présent derrière la création, et qui permet de mieux mettre en lumière la nature de son travail.

« Berserk – À l’encre des ténèbres » représente une source de connaissances indispensable pour tout fan de Berserk qui souhaiterait approfondir l’étude du manga de Kentarō Miura. Le livre de Quentin Boëton, en effet, est un ouvrage riche en informations qui ne lésine jamais sur les explications et les retours à l’histoire afin de mieux permettre aux lectrices et aux lecteurs de se resituer l’histoire dont il est question. Doté d’un style facile à suivre et d’un contenu intéressant, le tout dans un écrin de très bonne facture, « Berserk – À l’encre des ténèbres » est un livre de qualité de plus à ajouter au palmarès de Third Editions qui semble avoir un flair indéniable pour dénicher les auteurs qui maîtrisent leur sujet.

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Co-fondateur de Try aGame, pinailleur en chef, et amateur de belles histoires. Vous pouvez me suivre sur Twitter et Mastodon
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