C’est 404 Éditions qui investit dans de célèbres licences d’animes japonais pour transposer leurs univers dans des jeux de cartes. Nous avons pu découvrir les trois jeux JJK, HxH et SxF entre enchaînements et déceptions.
Jujutsu Kaisen, Hunter x Hunter et Spy x Family ont donc droit à leur adaptation en jeux de société, en jeux de cartes pour être plus précis. En général, les jeux à licence et les jeux de société ne font pas toujours bon ménage. On ne parlera jamais assez souvent du jeu One Piece Adventure Island que n’avions pas apprécié, et qui nous a même valu une bataille contre l’éditeur du jeu en question. Chez Don’t Panic Games, ils se sont associés avec la Team Kaedama en offrant Heroes of Fairy Tail pour une expérience de jeu certes pas aidée par son matériel minimaliste, mais honnête et pas dénuée d’intérêt.
Du côté de 404 Éditions, on joue le coup à fond des licences. Après Jujutsu Kaisen, Hunter x Hunter et Spy X Family, ce seront Blue Lock et Kaiju numéro 8 qui auront droit à leur jeu à la rentrée. Il faut savoir que ces jeux ne sont pas des grands jeux de plateau avec des concepts nouveaux, mais des jeux de cartes qui reprennent des mécaniques connues.
Présentation de ces jeux que sont HxH, JJK et SxF avec leurs forces et leurs faiblesses.
Jujutsu Kaisen : Fléau ! Le jeu de cartes
- Prix : 9.95 €
- 1 à 5 joueurs
- à partir de 10 ans
- Durée d’une partie : environ 15 minutes
Dans le jeu de cartes Jujutsu Kaisen : Fléau, on retrouve la mécanique de jeu célèbre de la Réussite. Seul ou à plusieurs, le ou les joueurs devront compléter un tableau de cartes en les triant par couleur, et dans l’ordre de leur valeur, en commençant par la carte 6 pour chacune des rangées. Le premier à se débarrasser de toutes ses cartes remporte la partie.
La particularité de cette adaptation de Jujutsu Kaisen réside dans le fait que les différents clans remplacent les couleurs traditionnelles des cartes. De même, la nouveauté mécanique, c’est l’apparition de cartes bonus et malus pour bloquer les autres ou se débloquer. Rappelons que la stratégie la plus fine dans ce jeu, c’est de garder certaines cartes en main pour bloquer les autres (garder un 9 empêche d’autres de placer les 10, 11 et 12 puisqu’on doit suivre l’ordre croissant ou décroissant de la rangée).
Dans le jeu de cartes Jujutsu Kaisen : Fléau, on a donc une carte supplémentaire pour pimenter les parties de jeu. La carte Bonus permet de placer une carte que l’on veut dans la rangée, et la carte malus permet de bloquer toute progression sur une rangée. Les uns apprécieront les coups bas, les autres râleront vis-à-vis de la frustration que cela apporte. Quoi qu’il en soit, rien ne vous empêche de personnaliser le jeu et d’enlever ces cartes si vous souhaitez jouer avec les règles traditionnelles.
Jujutsu Kaisen : Fléau permettra à des novices de découvrir un titre populaire des générations précédentes, mais habillé avec des personnages de l’anime. Les habitués de jeux de société ne prendront pas forcément moins de plaisir à jouer à cette variante de la Réussite. Néanmoins, s’ils ont l’œil affuté, ils pourront regretter, comme nous sur Try aGame, le manque d’efforts réalisés en matière d’édition.
On peut même se demander si ce n’est pas une campagne de sensibilisation au sujet des gauchers dans le jeu de société, au vu des (trop) nombreux éditeurs qui maquettent leurs jeux de cartes comme s’il n’existait que des droitiers dans le public. Ici c’est tout l’inverse puisque les numéros des cartes ne se situent que dans le coin nord-est des cartes. Il est alors compliqué de tenir ses cartes en main sans perdre en visibilité. On pouvait aussi espérer que les cartes mettent en scène les personnages de JJK, mais elles affichent seulement un design du personnage sur fond blanc. 404 Éditions semble n’avoir eu accès qu’à des assets basiques, peut-être sont-ils passés à côté de l’offre Premium lors de l’achat des droits de la licence. Enfin, on déplore des règles simplistes sans exemples, sans images, sans indications claires et précises, notamment pour les cartes bonus et malus.
Hunter x Hunter : le jeu de cartes
- Prix : 9.95 €
- 2 à 4 joueurs
- à partir de 8 ans
- Durée d’une partie : environ 15 minutes
Pour le jeu de cartes Hunter x Hunter, on retrouve les mécaniques du jeu Hilo. Chaque joueur dispose en début de tour d’un carré de 3 x 3 cartes devant soi, toutes face cachée. Les cartes sont toutes numérotées : de 0 à 10 et 4 cartes de valeur -5 pour cette édition Hunter x Hunter. L’objectif sera donc d’avoir le plus petit score possible en fin de partie, quitte à se débarrasser de rangées de cartes en chemin.
Comment ? Très simple. À son tour, chaque joueur pioche une carte, soit la première de la pioche, soit celle qui figure au sommet de la défausse. Il choisit alors de la placer dans son tableau et, de ce fait, d’en remplacer une de son carré de 9 cartes (3 x 3). C’est à ce moment que la mécanique captive la foule. Parmi les cartes face cachée de chaque joueur, on peut trouver des cartes de grande valeur, ou des cartes faibles, ou simplement des cartes qui arrangent le joueur suivant… Vous l’aurez compris, votre carré de 3 x 3 cartes ne peut bénéficier qu’au joueur suivant, sauf si vous ne les retournez jamais et que vous misez toute votre chance dessus.
Au fil de la partie, on espère alors se débarrasser d’une rangée de cartes. Pour cela, il faut aligner 3 cartes de même valeur. La prise de risques peut être importante si vous choisissez de garder des 8 pour vous en débarrasser ensuite, devinant et anticipant que les autres joueurs n’en voudront pas, ou ne prendront pas le risque de les conserver. Le jeu dispose d’un côté Poker Menteur sur la prise de risques, ce qui le rend plaisant.
Tout comme ses prédécesseurs, la mécanique de jeu est ultra efficace, et Hunter x Hunter est probablement le meilleur des 3 jeux de cartes proposés. L’édition du jeu est encore simpliste, mais elle ne gêne en rien le déroulement d’une partie. Le dos de cartes ravira les fans de l’anime HxH, puisqu’on y retrouve le logo des Hunters, mais le design des personnages de l’anime reste simpliste, sur un fond noir. Cela dit, on peut se satisfaire de retrouver 48 personnages différents du manga, ce qui poussera les plus grands fans à discuter de chacun d’entre eux, ou de se remémorer les passages les plus mémorables de l’anime.
Par contre, il faut savoir que l’on ne retrouve pas les personnages de l’arc Chimera Ant. Si je jauge correctement – et excusez-moi si je fais erreur – l’identité de chacun, il me semble qu’on s’arrête à Greed Island.
Maintenant, thématiquement, et c’était aussi le cas du jeu JJK, ce n’est pas tellement immersif. C’est juste un défilé basique de personnages sur des cartes. On retient surtout la mécanique.
D’ailleurs, on retiendra surtout cela. Le jeu de cartes Hunter x Hunter permet d’initier les fans du manga Hunter x Hunter aux mécaniques de Hilo, ou de s’y replonger avec le plaisir de voir le jeu habillé ainsi. En soi, il reste toujours aussi agréable et crée de chouettes moments de jeu avec les fans, ou entre eux.
Spy x Family : le jeu de cartes d’Anya
- Prix : 9.95 €
- 2 à 5 joueurs.
- à partir de 8 ans
- Durée : environ 15 minutes
Spy x Family : le jeu de cartes d’Anya reprend une mécanique populaire que tous les publics connaissent : le Mistigri (ou le Pouilleux pour les plus masos). Au niveau des particularités, cette version ajoute des petits effets de cartes qui complexifient la mécanique. On rappelle le principe du jeu : se débarrasser de ses cartes par paires et ne pas finir avec le mistigri en main (le fameux valet de pique dans le Pouilleux), synonyme de défaite. Pour cela, on pioche dans les cartes de son voisin et on vérifie si la carte piochée nous permet de se délester d’une paire de cartes similaires.
Même si toute la famille adore l’anime et surtout la choutitude ultime d’Anya, c’est sûrement le jeu que l’on ressortira le moins, favorisant même d’autres jeux du Mistigri. Pourquoi ? L’édition du jeu n’aide vraiment pas. Même si on retrouve encore des personnages sur fond rose, et un élément dans le coin nord-est de façon extrêmement basique, ce n’est pas cela qui est en cause. D’ailleurs, je trouve que le choix de fond rose (quitte à choisir une couleur) rend les cartes plus mignonnes et agréables à l’œil.
Par contre, on déplore l’absence de travail sur l’iconographie. En se débarrassant de certaines cartes par paire, on active des effets. Néanmoins, ce n’est jamais indiqué sur les cartes en question ! On revient donc souvent sur la pauvre petite carte règle sur laquelle sont rappelées les particularités du jeu… en noir sur blanc, avec du texte en gras… Bref, la règle et les cartes gagneraient à être plus lisibles afin de rendre les parties plus fluides. Certes, la mécanique apporte plus de complexité, mais pas plus de plaisir, loin de là. Elle ralentit le jeu et les parties, et en fin de compte tout est un peu brouillon.
On partage tout de même avec vous les effets de cartes spéciales. Une paire de Becky permet de rejouer, une paire de Damian empêche le joueur suivant de jouer, la paire Anya et Bond permet de regarder la carte piochée et de choisir de la garder ou d’en prendre une autre. La paire Cahouète ordonne au joueur suivant de nous prendre 2 cartes (plus facile de se débarrasser ainsi), la paire de Télévision nous permet de piocher à gauche et à droite. Et les cartes Loid et Yor, les parents adoptifs d’Anya, peuvent être associées.
D’ailleurs, le timing d’activation de ces cartes est soumis à des interrogations que la carte de règles de jeu ne peut pas répondre. Si, après distribution des cartes, nous disposons déjà de paires dans notre main, active-t-on ou non les effets ? Sachant que ce n’est pas forcément notre tour et que l’on est susceptible de se faire subtiliser les cartes… Aucune indication là-dessus.
Aussi, on regrette le très peu de personnages présents sur les cartes de Spy x Family. 48 cartes + le Mistigri composent le paquet de cartes pour n’y retrouver finalement que 9 personnages différents : Damian Desmond, Becky Blackbell, Emile Elman, Ewen Egeberg, Henry Henderson pour accompagner Loid et Yor Forger, Anya et Bond. On retrouve alors les mêmes personnages en 6 fois, en 4 fois, ou en 2 fois, enfin 12 pour Anya. Mais avec ces symboles pour les différencier ! Encore une fois, on perd en lisibilité, et donc en confort. Pourtant, il y avait de quoi piocher dans l’univers de Spy x Family, avec, entre autres, Fiona Frost, Yuri Briar, Donovan Desmond voire Franky Franklin et Sylvia Sherwood.
Bref, je ne recommanderais certainement pas le jeu du Mistigri Spy x Family, sauf si on le considère comme un objet de collection.