Licenciements : Plus de 7000 employés remerciés en 2 mois, un triste record aux explications multiples et conséquences lourdes.
Photo en une : Jim Ryan (SONY) prend une photo avec les employés du London Studio, sachant pertinemment qu'ils seront tous au chômage une semaine plus tard
Jeux qui n’ont pas rencontré leur public, jeux qui n’avaient pas de public à rencontrer, studios et éditeurs qui ont manqué de vision à moyen terme, enflammade des dirigeants et actionnaires à contenter, les explications sont bien multiples, mais expliquer ne veut pas dire accepter la démarche de trop nombreuses sociétés qui pourraient avoir des conséquences très lourdes sur un de nos loisirs favoris.
Fait nouveau, la liste inclut des noms qui ne sont pas habitués de ces lignes : EA, Sony Interactive Entertainment, Riot Games, Embracer, SEGA US, Supermassive Games, Activision Blizzard, Deck Nine, 91Act, et on en oublie certainement tant elle est longue et tant il peut être difficile d’obtenir des informations à jour et pertinentes notamment sur des petites structures.
Gros budget, petit succès
Ne soyons pas trop vindicatifs envers les jeux et leurs équipes de développement, mais rappelons juste qu’un des facteurs est souvent lié à un jeu qui connaît un flop. La raison qui paraitra comme étant la plus évidente au quidam moyen. Atomic Heart, Call of Duty: Modern Warfare 3, Skylines 2, Forspoken, Gollum, Overwatch 2 , Payday 3, Crime Boss: Rockay City, le PS VR. Des chiffres et destins différents, des causes et attentes différentes aussi, mais ces jeux n’ont pas fait parler d’eux en bien en 2023 et qui sont déjà rejoints par Skulls & Bones et Suicide Squad Kill the Justice League de 2024.
Dans ce name dropping on retrouve donc des jeux à licence, des suites, des jeux services, des retards techniques, des écritures naïves et parfois un grand chelem, des jeux qui devraient donc avoir des impacts sur les studios mais qui n’en auront que peu sur les décisionnaires ayant lancés des projets qui n’étaient déjà pas viables lors de la réunion de brainstorming initiale.
On lance un projet, on espère le succès de tel illustre prédécesseur voir de prendre la place dans le trône mais on oublie un point important : en termes de jeu et particulièrement de jeux multijoueurs, les joueurs se regroupent. Bien que le nombre de joueurs soit faramineux, on a un seul jeu de foot, un seul jeu de basket, un duo de MOBA ou de jeu service qui fonctionne. Les places sont donc très chères. En même temps les joueurs ne sont pas raisonnables…
Licenciements : un manque de vision à moyen terme
Mais faire reposer la situation actuelle sur le seul succès des jeux serait une erreur. A l’inverse des grands noms du secteur, il faut voir plus loin.
2020 une certaine pandémie touche le monde (pléonasme) et force les gouvernements à mettre leurs populations en quarantaine à domicile. Plus de temps, voire chômage technique pour beaucoup, impossibilité de sortir soirs et week-ends, les loisirs à domicile explosent dont le jeu vidéo et les services de streaming. Certaines chaines Twitch s’assurent un avenir, certaines compétitions e-sportives aussi et les éditeurs se frottent les mains, avec du gel hydroalcoolique, devant des chiffres records et embauchent à tout va.
Le problème d’un record c’est qu’il n’est pas voué à être battu chaque année. Le second problème d’un contexte particulier c’est qu’il est … particulier. Fin du confinement, et du Covid, baisse mécanique des fréquentations des jeux et du budget alloué à ce loisir. Et l’industrie se retrouve devant un dilemme : que faire de tous ces nouveaux employés travaillant sur des jeux qui ne seront pas rentables ? Que faire de ces gens qui travaillent dans des studios qu’on vient de racheter ? Si vous lisez l’article depuis le début spoiler, c’était dans le titre.
On vit dans une saucisse
Mais là aussi les licenciements ont plusieurs causes. Naturellement on pense à un maintien en vie du studio, ce qui est clairement le cas de 91Act (BLAZBLUE) mais les mettre dans le même convoi que EA, Activision ou SONY serait une insulte à leur égard et à notre intelligence, tant ces groupes ont amassé des bénéfices records ces dernières années. Non le problème vient bien, das ces cas de l’incapacité structurelle à se remettre en question, à comprendre qu’une situation historique est historique, d’une volonté de maintenir cette croissance pour une population de PDG et d’actionnaires qui ne comprennent pas pourquoi cette croissance ne peut se maintenir et retireront leurs pions pour les mettre dans une autre industrie qui pourrait, elle aussi, connaitre une activité historique.
Une situation paradoxale à plus d’un point, car il ne faudrait pas non plus omettre les conditions de travail et une politique de recrutement basée sur le bas salaire et non sur l’expérience. Une situation qui alimente un cercle vicieux, on embauche, on livre et on licencie pour maximiser les rendements et afficher aux investisseurs des indicateurs pastèques, verts à l’extérieur et rouge à l’intérieur.
Une situation attendue vue la maturité de l’industrie, du capitalisme et du genre humain, mais anormale, allant à l’encontre de toute vision à long terme, menaçant directement le secteur tout entier.
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