[Bar à Jeux] Expédition à Newdale : Pfister et la gestion de ressources

expédition à newdale

Alexander Pfister revient avec Expédition à Newdale, un jeu exigeant dans lequel il faudra optimiser et gérer au mieux vos ressources.

Prix : 45,00 €
Temps moyen : 60 à 120min
Nombre de joueurs : 1 à 4
Âge conseillé : 12+
Auteur : Alexander Pfister.
Éditeur : Funforge
Illustrateur : Klemenz Franz
Mécanismes : gestion de ressources, pose d’ouvriers
Version fournie par l’éditeur. Sortie prévue mi-janvier 2021.

Planète Funforge

Ce n’est pas la première fois que Funforge s’intéresse aux travaux d’Alexander Pfister. Les deux ont ainsi collaboré pour Isle of Skye. Récemment, l’auteur s’est surtout illustré avec l’excellent Maracaibo et on le connaît aussi pour Great Western Trail, Port Royal et Oh My Goods ! Cela tombe bien, Expédition à Newdale s’inscrit dans l’univers de Oh My Goods. Pfister poursuit dans ce qu’il maîtrise le mieux, de la gestion, de la production et donc des ressources à optimiser au mieux.

La différence entre les deux jeux, c’est que Pfister a transporté l’histoire de « OMG » sur un jeu de plateau, qu’il a imaginé divers scénarios et des chapitres pour raconter son histoire.

Expédition à Newdale, ton univers ta gestion impitoyable !

Pour Expédition à Newdale, on se partage un plateau qui représente une carte de la région qui va évoluer au fil de la partie. Si le cœur des mécaniques restera le même, elles gagnent en profondeur selon les scénarios que vous suivez. Parlons-en plus en détail.

Au commencement :

Chaque joueur dispose d’un plateau et d’une carte Mine de Charbon à placer au premier emplacement bien indiqué. De même, chacun devra choisir un personnage apportant un bonus à activer quand on le souhaite. Enfin, tout le monde garde une carte Objectif secrète qui gonflera son score si vous avez situé vos constructions aux emplacements demandés.

Le déroulement d’un tour est expliqué sur le plateau personnel du joueur. Tirer une carte événement, planifier, piocher des ouvriers de diverses couleurs dans le sac, réaliser ses actions, construire ou non, activer l’effet des bâtiments spéciaux et passer à la manche suivante.

Les actions possibles :

Vous commencez avec deux ouvriers et aucune action n’est gratuite, ou presque. Et lorsque vous ne pouvez pas réaliser l’action, vous gagnez une compensation (une carte) qui peut vous servir pour la suite. Quant à l’action de production, elle repose sur une base de chance et de hasard d’un côté, de chaînage de l’autre. Il faudra être très malin mais on détaille ce rouage dans quelques lignes.

Les joueurs choisiront donc simultanément leurs actions à réaliser pour le tour suivant. C’est au final assez simple à comprendre. Vos productions représentent votre monnaie. On vous donne une mine à charbon qui ne produit que pour 1 pièce l’unité. Il faudra alors optimiser son jeu pour accueillir des bâtiments à 2 ou 3 pièces, réunir les conditions requises pour produire… Chaque carte bâtiment financée devant soi rapporte des points en fin de partie (et/ou des bonus sur le long terme).

Les actions demeurent simples à assimiler même s’il sera nécessaire de clore une partie pour comprendre les enjeux de chaque décision et placement. Sacrifier des cartes pour produire en masse. Dépenser des pièces pour gagner un nouvel ouvrier, pour étendre son champ d’action et construire plus librement sur la carte. Il est aussi possible d’échanger et de piocher trois cartes supplémentaires, ce qui est gratuit.

Ce qui est agréable, c’est l’étendue des possibilités sur le court et moyen terme afin de toujours optimiser son jeu pour faire en sorte de réaliser un grand coup ou d’en préparer un à l’avenir. On se place devant un jeu dans lequel la gestion des ressources doit être rigoureuse, il faut savoir prendre les risques sur la production, s’assurer un filet de sécurité… tout en dépensant constamment. Il est également agréable de pouvoir construire pendant la phase d’actions ET de construction. C’est-à-dire qu’il n’existe pas cette frustration de ne rien faire, vous pouvez produire vos ressources et construire à la phase suivante…

Au cœur de Newdale

Construire et produire :

Il est temps d’entrer plus profondément dans les entrailles de la bête. Dans Expédition à Newdale, l’intérêt du jeu est d’optimiser au mieux son gain de ressources et de construire des bâtiments afin de remplir des objectifs, d’activer des chaînages et gagner le plus de points.

On construit lorsque l’on dispose d’assez de monnaie (ces petits cubes sur vos cartes) pour financer une carte dans votre main ou posée sur la table préalablement (via une carte Evénement). On pose alors sa carte à un emplacement situé autour de son plateau personnel. Dans quel objectif ? Marquer des points pour la fin de partie mais surtout produire. Chaque slot s’accompagne d’une capacité de production si jamais les conditions de productions sont réunies. À vous alors de prendre des risques et de miser dessus ou d’avoir assez de cartes en mains à sacrifier en cas d’échec.

Ce n’est pas tout. Lorsque l’on construit un bâtiment, on place une petite maison sur le plateau sur un des lieux de la carte, tous symbolisés (ou presque) par une bannière ou des symboles indiquant de possibles réductions dans le coût de la construction. Il sera en effet indiqué sur vos cartes des « -3 » sur certains lieux, vous permettant de vous installer plus facilement. C’est donc un autre enjeu important d’Expédition à Newdale car vos objectifs personnels vous invitent souvent à placer vos maisons sur des lieux où se trouvent des monolithes et certaines bannières pour un gain de 2 points en fin de partie.

On produit ces petits cubes de couleur marron et leur valeur dépendra de chaque carte. Lorsque l’on planifie l’action de Production (en phase 2), il n’est jamais garanti que ce soit un succès (en phase 3) car elle dépend des ouvriers présents en jeu. En effet, toutes les cartes exigent un certain nombre d’ouvriers de 2 couleurs différentes (parmi le jaune, le vert, le rouge et le bleu). Une petite part de bagbuilding qui peut faire tourner une partie. Puis vous devrez décider combien de cubes produire, sachant que plus vous êtes gourmands, plus les prérequis seront élevés. S’il vous manque un ouvrier pour atteindre ce qui est requis, il est possible de sacrifier 3 cartes (2 si amélioration débloquée), s’il vous en manque 2, ça fera 6 cartes etc.

Pour le simple exemple, votre mine de fer produira 4 cubes si on trouve 2 ouvriers jaunes, 2 ouvriers rouges et un supplément de 2 ouvriers en jeu. Comment entrent-ils en jeu ? En deux étapes. Avant la phase de planification, avec la carte événement. Il est ici déterminé quels seront les ouvriers de base et combien on en tirera aléatoirement dans le sac, après la planification des actions. C’est donc en fonction de ces cartes Evènements qu’il sera plus ou moins risqué de produire avec tel ou tel bâtiment, de réaliser telle ou telle action. C’est clairement à partir de là que la stratégie prend place et qu’il faudra bien peser ses décisions.

Le chaînage :

Le chaînage de production est un élément fondamental du jeu. Si les ouvriers laissent place à du hasard dans la réussite de votre production, vous pouvez quoiqu’il en soit produire par chaînage. C’est simple, les conditions via ouvriers sont notées à gauche de chaque carte quand le chaînage prend place à droite des cartes (voir photos). Vous serez également en mesure de déplacer des ressources d’une carte vers une autre par chaînage (emportant un bonus d’un cube supplémentaire) afin de maximiser la valeur de vos ressources.

De même, d’autres demandent de défausser des cartes munies d’un certain symbole en échange d’un cube par carte défaussée. Avec le chaînage on rentre clairement dans le cœur des mécaniques. Cela permet d’optimiser ses ressources, d’augmenter son budget, de gonfler son score grâce aux objectifs de fin de partie. On assimile assez rapidement la manœuvre (l’iconographie des cartes aide beaucoup) et elle nous permet de prendre le jeu agréablement. On garde cette impression que l’on réalise de belles choses, qu’en choisissant les bonnes actions et dans l’ordre adéquat, on se retrouve très peu souvent à sec, du moins pas plus d’un tour.

Car lorsque l’on est à court de monnaie, il existe toujours des moyens de s’en sortir soit via la production, soit via le chaînage, via les cartes à piocher ou la construction voire la combinaison de toutes ces possibilités. Le temps passe rapidement mais dans les deux derniers tours, on a de quoi faire de gros coups si on a optimisé ingénieusement ses ressources.

Oh My Good Newdale !

On ne s’en cachera pas, on a grandement apprécié l’aventure. Alexander Pfister a eu l’audace de penser 8 chapitres au cours desquels les règles du jeu varient légèrement, distillant quelques ajouts ici et là. Ce qui reste somme toute agréable, c’est également le fait qu’il apporte une réelle narration à tous les chapitres. On suit le déroulement d’une histoire et on lit avec plaisir tous les épilogues venant apporter un réel background à nos péripéties.

Au terme de ces épilogues, on nous apporte des indications sur les objectifs à suivre et elles sont en adéquation avec les objectifs que l’on devra suivre dans le jeu. Ainsi, les mécaniques se montrent en osmose avec le thème du jeu et cela apporte un vent de fraîcheur et de plaisantes sensations de jeu.

Des personnages apparaissent et viennent gonfler nos rangs, des rebondissements aident à s’immerger dans cette expédition à Newdale. Ce sentiment de suivre une épopée est accentué par la mise à disposition de plusieurs plateaux de jeux représentant le voyage que l’on entame. On se déplace de région en région, chacune ses particularités, chacune ses points de départ et ses environnements qui restent de toute beauté.

C’est clairement en termes de sensations de jeu, d’immersion et de mécaniques un grand coup de cœur pour nous. On ressent une grande maîtrise de l’ensemble qui reste en plus accessible à tous malgré la dose de réflexion et d’anticipation que le jeu demande. Un jeu expert qui s’explique assez facilement et dont les rouages s’emboîtent ingénieusement les uns avec les autres.

J’ai lancé l’intégralité de mes parties d’Expédition à Newdale à 2 joueurs, avec Arnyanka. Il reste très agréable à jouer dans cette configuration.

De mon côté, j’ai grandement apprécié les mécaniques de Expédition à Newdale.

J’ai trouvé qu’il existait une réelle alchimie entre le thème, l’histoire et ses principales mécaniques. La construction qui tend vers l’exploration du plateau, la production qui doit être pensée entre rentabilité et chaînage, le tout dans une facilité de prise en main pour le joueur.

Pfister est dans son domaine et il affiche tout son savoir-faire. On prend rapidement nos marques et on a de nombreux paris à faire avec cette histoire d’ouvriers qui sont tirés aléatoirement. Néanmoins il existe diverses issues capables de nous sortir de cette frustration amenée par un mauvais tirage. Même si un total manque de chance peut légèrement nuire à notre expérience de chance si le joueur n’avait pas de filet de sécurité en cas d’échec. Globalement c’est tout de même du solide.

Les règles sont bien illustrées et les différentes actions ne sont pas difficiles à comprendre ni à assimiler pour celui qui lit les règles.

Puis la campagne est évolutive, on change de plateau, on ajoute certaines composantes mais tout est bien expliqué dans le livret. Tout a été fait pour faciliter la tâche des joueurs. Evoquons notamment l’iconographie des différents plateaux qui facilite la compréhension des mécaniques de production, de coût et de chaînage. Jamais vous ne serez perdu au niveau des facteurs de scoring.

Lors de la partie de découverte, on se place devant des mécaniques bien ficelées. On patauge dans les premiers instants car on ne sait pas vraiment où va nous mener telle ou telle action, est-ce qu’on fait bien ? Il faudra peut-être attendre la seconde partie pour optimiser au mieux ses ressources et maîtriser le cœur du jeu. Personnellement, c’était mon cas.

Une fois tous les rouages maîtrisés, on comprend mieux à quoi sert chacune des actions, comment optimiser sa production et utiliser à son plein potentiel le chaînage, quel bâtiment sera utile pour le moyen et long terme. Ce n’est pas le plus difficile à appréhender ni à maîtriser.

J’ai été séduit par la direction artistique des plateaux de jeu. N’étant pas converti aux jeux Oh My Good, je ne savais pas simplement à quoi m’attendre, même devant la jolie boîte d’Expédition à Newdale.

Les cartes sont simples, l’esthétique des environnements ne transparaissent pas forcément sur les cartes et les jetons. D’ailleurs on pourra regretter la méthode de collage sur les différents pions. On colle nous-même les chiffres avec le plastique mais les inscriptions s’effacent au fil des manipulations… dès la première partie. Dommage ! Mais on fera vite attention à l’avenir, ou l’on prendra un bon crayon pour palier à tout cela.

Autrement le matériel et les plateaux se rangent facilement dans la boîte.

Les parties peuvent être dynamiques, d’autres fois moins lorsque l’on réfléchit à notre planification des actions, les tours peuvent être plus longs.

Par contre, le jeu ne se démarque pas par ses interactions, elles sont très limitées pour ne pas dire absentes. On a, à une carte près, les mêmes objectifs, on s’étend sur la même carte mais on peut placer nos bâtiments là où l’autre joueur est déjà installé (à la différence que l’on ne prend pas de bonus de points, si bonus il y avait). On ne dispose pas de méthode pour enquiquiner l’autre joueur, hormis si l’on chope des cartes du marché qu’il convoitait.

Sinon, c’est chacun de son côté, à celui qui optimisera le mieux ses ressources, qui effectuera les meilleurs choix de bâtiments et de chaînage.

Récapitulons : Expédition à Newdale m’a plu un peu, beaucoup ou à la folie ?
(ou pas du tout…)

Expédition à Newdale est une réussite. S’il emmène avec lui des mécaniques de production et de chaînage assez profondes pour être appréciées, l’un de ses points forts reste qu’il est simple à prendre en main. Alexander Pfister est parvenu à créer une osmose entre son univers, la narration et des mécaniques efficaces. Sa petite touche de hasard pourrait apporter un peu de frustration mais il met à disposition des méthodes pour la contourner. On se place donc devant un jeu de société qui est facile à comprendre et pas si difficile à maîtriser. Toutes vos décisions seront importantes pour le gain de la partie, il faudra juste savoir optimiser vos ressources pour parvenir à vos fins. Déjà une valeur sûre qui sortira en boutiques mi-janvier 2021.

note5 ghost stories viticulture joraku cowboy bebop everdell
Ambiance (calme/vivant)
Interaction
Mécaniques (appréciation perso)

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