Licenciements, harcèlements, crunch… : l’actu récente des employé.e.s du jeu vidéo

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Crunch chez CD Projekt RED, premiers retours d’enquête chez Ubisoft, licenciement chez Activision-Blizzard : l’actu des employés du jeu vidéo n’est pas bien rose.

Celles et ceux qui nous suivent régulièrement (merci à elles/eux) savent que nous avons suivi de très près l’actualité liée aux affaires de harcèlements et de management toxique chez Ubisoft. Pour les autres, sachez qu’il est possible de retrouver notre dernier article en date à ce sujet, qui regroupe d’ailleurs en début de page tous les liens vers nos précédentes colonnes couvrant les différents épisodes de cette bien sombre histoire :

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Toutefois, il serait malhonnête de notre part de nous focaliser uniquement sur le géant français alors que des infos sont récemment tombées au sujet de ses petits camarades. Si l’on va évidemment parler des nouvelles actus de chez Ubi, cet article en profitera pour couvrir le reste.

Enquêtes internes chez Ubisoft : premiers retours

Numerama, par la plume de la journaliste Aurore Gayte, s’est récemment fendu d’un article qui s’attarde sur les premières conclusions des enquêtes internes chez Ubisoft. Suite aux récents scandales, ces enquêtes ont pour objectif de mettre des chiffres et des stats sur le malaise qui gangrène l’entreprise. Et les résultats, publiés et commentés de façon transparente par Yves Guillemot, sont assez éloquents.

On apprend par exemple que « près de 25 % des employés d’employés d’Ubisoft ont vécu ou ont été témoin de mauvais comportements en milieu professionnel ces deux dernières années », et qu’une part d’employés estimée à 20% « ne se sent pas en sécurité ou complètement respectée dans le cadre de son travail ». Des données qui ont précédé plusieurs annonces d’Yves Guillemot concernant les restructurations de postes censés permettre des améliorations côté management et bien-être des employé.e.s : nouveau code de conduite, mise en place d’un « responsable diversité », nouveaux vice-présidents du pôle édito à venir, refonte du fonctionnement des Ressources Humaines (critiquées pour avoir étouffé les plaintes des employé.e.s), ou encore formation obligatoire des managers sont au programme de cette batterie de mesures.

Des mesures qui semblent aller dans le bon sens, si on prend en compte le fait que la part des femmes et des non-binaires en situation de détresse est plus élevée que celle des hommes au sein des résultats des enquêtes menées. Une manière d’expliquer qu’il faudra évidemment régler les problèmes pour tout le monde, donc, mais sans pour autant faire la sourde oreille concernant la présence de certaines tendances malsaines au sein des équipes. Affaire à suivre.

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Crunch chez CD Projekt RED : Jason Schreier bouscule le plan com’

Ces derniers jours, c’est du côté de Jason Schreier que des infos sont tombées. L’ancien journaliste du site Web Kotaku, qui officie désormais pour le média américain Bloomberg, a en effet publié un article au sujet du crunch des employés de CD Projekt RED pendant le développement du jeu Cyberpunk 2077. Pour rappel, le « crunch » est le terme anglophone qui décrit les longues sessions de travail imposées aux employé.e.s par leur hiérarchie pour terminer un projet à marche forcée. Le terme avait été utilisé à l’occasion de différentes controverses telles que l’émoi suscité par les « semaines de 100h » vantées par des responsables de l’éditeur Rockstar à l’époque du développement de Red Dead Redemption 2.

Chez CD Projekt RED, la com’ était assez claire jusqu’à présent : le crunch ne serait pas obligatoire pendant le développement de Cyberpunk 2077, et seuls les volontaires pourraient alors s’adonner à des semaines intensives dépassant les limites de la décence. Seulement voilà, le plan com’ original n’était déjà pas très solide à l’époque : on sait très bien que ce qui relève de l’obligatoire dans une entreprise n’est pas forcément dépendant d’ordres directs, et certaines pratiques comme le crunch peuvent s’imposer de manière non-verbales et sous des méthodes de pression invisibles. Difficile, en effet, de dire non à son patron (encore moins quand on a un contrat temporaire), ou de refuser de cruncher en sachant que la masse de travail liée à ce refus va retomber sur les épaules des collègues qui n’osent pas dire non et qui vous le reprocheront peut-être à un moment donné. Les entreprises ne sont pas des démocraties représentatives, il serait hypocrite d’affirmer le contraire.

Plan com’ bancal, certes, mais plan com’ tout de même. Or, ce que révèle Jason Schreier dans son dernier article sur Bloomberg, c’est qu’à l’approche de la sortie de Cyberpunk 2077 les promesses d’un crunch éthique et responsable se sont subitement évaporées avec l’annonce de semaines de travail de six jours obligatoires jusqu’à la sortie du titre le 19 novembre. De quoi se poser des questions sur l’efficacité de la gestion de projet malgré les multiples reports du jeu. D’ailleurs, toujours d’après les sources de Jason Schreier, une partie des employés seraient déjà en situation de crunch depuis plus d’un an avec des périodes de travail incluant des nuits et des weekends.

Selon un mail de la direction à destination du staff, CD Projekt RED justifie ce passage aux semaines de 6 jours par la nécessité de corriger les bugs avant la sortie de Cyberpunk 2077. Là encore, la question de l’organisation du travail peut se poser sérieusement lorsque de multiples reports ne suffisent pas à gérer le planning et que les employés servent de variable d’ajustement pour tenir les deadlines.

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Activision-Blizzard : nager dans les millions en coulant les employés

Toujours par le biais de Jason Schreier (les non-anglophones peuvent se rabattre sur l’article détaillé de GameKult), nous avons appris hier – le 6 octobre – qu’Activision avait décidé de fermer les locaux français de Blizzard situés à Versailles. Début 2019, Activision avait déjà annoncé le licenciement de 134 des 400 postes en place dans le cadre du licenciement global de 8% de ses effectifs à travers le globe. Plus tôt en 2020, c’étaient les employé.e.s de Blizzard situé.e.s à La Haye (Pays-Bas) qui faisaient les frais des « restructurations » d’Activision avec une fermeture totale et définitive de leurs locaux.

Initialement prévus pour être relocalisés en partie à Londres, les employés versaillais restants seront finalement virés dans leur totalité, le géant américain évoquant un contexte économique difficile causé par le Brexit et la pandémie de covid-19. Pour information, les employés français de Blizzard étaient spécialisés dans des activités de service tels que du SAV, diverses affaires relevant du marketing, ou encore des travaux de localisations.

Enfin, rappelons à toutes fins utiles qu’Activision Blizzard a engrangé plus de 6 milliards de dollars de bénéfices en 2020, plus de 5 milliards en 2019, et que le PDG du groupe Bobby Kotick a touché un joli pactole de 30 millions de dollars cette année.

Vivement les jeux à 80€ pour aider Activision a sortir de cette mauvaise passe.

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Co-fondateur de Try aGame, pinailleur en chef, et amateur de belles histoires.
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