Far Cry 5 a rencontré un franc succès commercial et The Crew 2 devrait connaitre le même sort. A l’approche de l’E3, c’est l’occasion de revenir sur le succès mérité (ou pas) de notre éditeur national, Ubisoft.
Nous sommes loin du temps de la gentille famille bretonne qui créait des jeux vidéo avec trois crayons de couleurs et un bout de feuille. Depuis la naissance de Rayman en 1995 à aujourd’hui, Ubisoft n’a cessé de s’épandre pour proposer toujours plus de jeux et de contenus. Et si Ubi occupe le podium des éditeurs de jeux vidéo depuis quelques années maintenant, ce n’est pas un hasard. La bataille avec Electronic Arts et Activision Blizzard est rude avec chacun leur vache à lait respective (FIFA/Battlefield, Call of Duty/OW). Fort d’un passé rayonnant Ubi ne cesse de s’adapter au marché et aux besoins actuels. Petite analyse non exhaustive des choix de l’éditeur français.
Essuyage des plâtres
1995, l’année où Michel Ancel créa Rayman. Un personnage loufoque dépourvu de membres évoluant dans un univers coloré de plateformes. Succès immédiat, la critique est unanime, c’est le début de la grande aventure pour nos bretons. Profitant de son entrée en bourse et d’un chiffre d’affaire colossal, Ubisoft n’a pas hésité à étendre son empire. Le début des années 2000 a vu la création de plusieurs franchises avec notamment Splinter Cell et Prince of Persia. Si Rayman et les lapins crétins rencontrent un franc succès en 2006, c’est bien Assassin’s Creed sorti en novembre 2007 qui permettra à Ubi de monter sur le podium des éditeurs de jeux vidéo. Franchise qui a dépassé les 100 millions d’exemplaires vendus depuis et qui est aujourd’hui la plus grosse licence de l’éditeur.
Depuis, Ubisoft n’a eu de cesse de diversifier son catalogue en parcourant une multitude de genres de jeux. Bien entendu, ce ne sont pas tous des succès ou de franches réussites mais cela a permis à Ubi de se forger une base de références solide. Pour maintenir cette cadence de production, les frères Guillemot n’hésitent pas à ouvrir de nouveaux studios à travers le monde et faire l’acquisition de petits studios indépendants. Beyond Good And Evil, Ghost Recon, Far Cry, Driver, Just Dance, Rainbow Six, Might and Magic, autant de noms connus et reconnus. Aujourd’hui, le géant français alterne entre licences phares, contenu additionnel régulier pour les jeux en ligne et essais de nouvelles licences.
Agrandissement de la terrasse
Parmi les dates clés de cette décennie, on retiendra l’annonce non contractuelle de Watch Dogs à l’E3 2012. Une énorme claque sortie de nulle part, un GTA-Like 2.0 dans un monde tout connecté où le smartphone est l’arme la plus redoutable. Un trailer d’un nouveau genre tout frais qui pète les rétines, de quoi faire frémir toute la communauté. Malheureusement, le jeu recevra, à juste titre, les foudres des critiques à sa sortie. Techniquement et graphiquement dépassé, un gameplay qui ne pousse pas assez loin le concept de piratage, un scénario moyen et une répétitivité avérée. Voilà en gros les principaux reproches qu’on pouvait lui faire. Il y a aura donc un avant et après Watch Dogs dont beaucoup de fans ont connu la désillusion. Si cette dernière signa le premier faux pas d’Ubi, on peut sereinement citer Assassin’s Creed Unity comme le second.
En effet, on se souvient de ses bugs techniques honteux le faisant passer pour une version alpha. L’épisode de trop diront certains, un rythme de sortie imposé par les actionnaires diront les autres. Quoiqu’il en soit, cet opus prenant place durant la révolution française plaide coupable de l’abandon de la licence par bon nombre de fans. Et ce n’est pas le piètre Syndicate qui remonta la barre mais imposa une pause bien méritée à la licence. Force est de constater que l’éditeur a retenu les leçons. Après les tôlées respectives de ses opus sus-cités, Ubi a su écouter les critiques pour revenir plus fort comme en témoigne le succès d’Assassin’s Creed Origins. Comme quoi, un rythme de croisière revue à la baisse semble avoir été bénéfique pour tout le monde. De plus, cela semble avoir permis à Ubi de se pencher sur des genres nouveaux avec The Crew, Steep ou encore For Honor sans oublier la promotion de studios labellisés UbiArt avec Child of Light et Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre. Par ailleurs, Unity a eu l’audace de proposer un mode coopération. Un versant, aujourd’hui plus que présent dans les jeux de l’éditeur.
Ravalement de façade
L’avènement des jeux en ligne a, d’une certaine façon, modifié notre manière de jouer. Fort d’un registre d’aventures solo, Ubisoft a pris un virage parfaitement assumé et, plus ou moins, contrôlé vers le jeu en ligne. For Honor, The Crew, The Division, Steep, Ghost Recon Wildlands ou encore le compétitif Rainbow Six Siege, tous ces titres partagent un gameplay orienté vers la coop en ligne. Alors que EA s’est attiré les foudres avec un Star Wars Battlefront dénué de mode solo, Ubisoft a joué la carte de la plus-value. Bon, The Division, For Honor et Rainbow Six Siege n’ont aucun intérêt en solo mais les autres soft sont parfaitement jouables en solo. La coopération ne sera qu’un bonus au gameplay donnant une dose de fun supplémentaire. Une bataille loin d’être gagnée au départ avec la réticence d’une part de la communauté. Malheureusement, il faut avouer que la narration de ces jeux est passée au second plan. Leur méta n’a pas disparu mais se dissémine dans des collectibles que seuls les afficionados liront. Les autres remarqueront sans doute les principaux clins d’œil et références aux autres œuvres, les easter eggs comme on dit dans le jargon. Le jour où Ubisoft proposera une vraie belle narration avec des personnages charismatiques en y associant de la coopération utile et non superflue, alors là ils taperont forts ! Imaginez un The Last of Us ou Uncharted en coop ? Far Cry 5, le dernier né et sans doute le meilleur de la licence, prouve encore que la coopération est mal gérée vu que seule la progression de l’hôte est prise en compte.
Proposer des jeux orientés coop en ligne (PvE ou PvP) c’est bien, proposer du contenu régulièrement c’est mieux. Et ça, Ubisoft le fait très bien. Tous les jeux reçoivent des mises à jour et du contenu additionnel gratuit voire même des améliorations graphiques. Prenons l’exemple de Rainbow Six Siege : sorti en décembre 2015, le jeu a reçu un accueil mitigé. Aujourd’hui, il s’impose comme l’un des meilleurs FPS compétitifs comptant plus de 30 millions de joueurs à travers le monde et avec nombre d’épreuves eSport. Cela grâce à un travail d’équilibrage et d’améliorations continuel en lien avec les remarques et critiques de sa communauté.
Construction de la piscine à débordement
L’E3 reste toujours une occasion pour Ubisoft de présenter ses futurs projets. Beyond Good And Evil 2 sur le feu, Skull and Bones en réserve, et d’autres suites attendues. Si on peut parfois reprocher à Ubi de se reposer sur ses lauriers, on ne peut qu’apprécier ses prises de risques pour ses nouvelles licences. En s’efforçant de proposer toujours son One More Thing afin d’émoustiller l’audience, Ubi entretient la passion du jeu vidéo comme il le fait depuis sa création. Grâce à cela, l’éditeur français peut s’arguer d’être présent sur toutes les scènes : eSport, Solo, Coop et jeux Indé.
Malheureusement, je pense qu’Ubi a perdu un peu de son identité et sa capacité à raconter des histoires. Ses jeux s’enchaînent comme des petits pains qui sont bons à la sortie du four mais une fois mangés, on a oublié leur saveur. On préférerait une bonne tarte au goût mémorable ! Enfin bon, ne gâchons pas notre plaisir d’avoir nos petits pains chauds régulièrement dont la qualité reste fidèle à elle-même. En conclusion, Ubi propose des jeux de qualités c’est indéniable mais surtout en quantité. L’éditeur jouit d’une large communauté qui répond toujours présente aux rendez-vous annuels comme en témoigne l’engouement pour Assassin’s Creed Odyssey. La conférence prévue à l’E3 nous en dira plus et nous réservera surement des surprises.
Que pensez-vous de qualité et la diversité des jeux Ubifsoft ? N’hésitez pas à commenter l’article ! Quant à nous, on vous donne rendez-vous le 11 juin à 22h pour suivre la conférence en direct.