La toute nouvelle publication de Kazé (devenu Crunshyroll entretemps) se nomme Dandadan. Un manga qui va faire parler de lui dès ses premiers pas en dans l’hexagone.
• Genre(s) : mystère, paranormal, action, romances adolescentes
• Public(s) : post-ados, adultes (présence d’une scène d’agression dans le tome 1 pouvant choquer les plus jeunes)
• Maison d’édition : Crunchyroll (anciennement Kazé)
• Auteurs : Yokinobu Tatsu
• Mention(s) utile(s) : tome 1 & 2 mis à disposition par les éditions Crunchyroll
Pas très normale activity
Momo est une adolescente au caractère bien trempé comme on en croise parfois au détour d’un lycée. Elle s’entiche de bad boys, peste contre les injustices et n’hésite pas à aller au contact quand on s’en prend à elle ou aux siens. Sa particularité ? Elle croit aux yokaï, ces esprits malins qui peuplent le folklore traditionnel japonais. Le deuxième protagoniste, quant à lui, est un geek qui coche également toutes les cases de son stéréotype : coupe au bol, grosses lunettes, grande timidité, souffre-douleur de ses camarades et… obsession pour les extra-terrestres. Et alors que le jeune homme se fait justement martyriser par ses « camarades » de classe, Momo prend sa défense et de fil en aiguille les deux protagonistes font connaissance. Du moins, ils essaient, car ce premier contact est surtout conflictuel : Momo ne croit pas aux extra-terrestres, et le jeune homme ne croit pas aux yokaïs…
L’intrigue démarre ainsi avec un pari que se lancent les deux adolescents qui essaient de prouver l’un à l’autre qu’ils ont raison. Celui qui croit aux extra-terrestres mais pas aux yokaïs va aller explorer un vieux tunnel abandonné et réputé pour être hanté, pendant que l’autre va faire de l’urbex dans un ancien hôpital désaffecté où se cacheraient des aliens selon les rumeurs des ufologues en herbe… Il s’avère rapidement que les deux avaient raison, et c’est ainsi que démarre véritablement l’histoire de Dandadan, un manga où se côtoient extra-terrestres, esprits malfaisants et autres créatures paranormales sur fond de vie lycéenne. Celles et ceux qui ont dépassé le tome 2 sauront que Yokinobu Tatsu est maître dans l’art de piocher ses inspirations un peu partout sans resserrer son manga autour d’un thème trop précis. Cette liberté d’inspiration ainsi que cette folie créative qui explose à certains moments de l’histoire sont à la source de cette œuvre totalement débridée. Ce qui lui donne parfois quelques airs de JoJo Bizarre Adventure: Diamond is Unbreakable, avec ses héros qui vont de surprises en surprises et côtoient des pouvoirs qui sont les leurs tout en résolvant les mystères qui animent leur ville.
Un débridage toutefois mal maîtrisé dans le premier chapitre qui met en scène une agression sexuelle de façon un peu trop graphique pour un shōnen. Un dérapage mal contrôlé pour un manga qui s’éloigne pourtant de ce type de scène par la suite et qui réussit d’ailleurs à dépeindre le même genre d’évènement avec beaucoup plus d’habilité, de sens et de maturité un peu plus tard dans l’histoire. Car mis à part ce passage à la mise en scène douteuse, tout le reste de Dandadan est un shōnen pur jus, avec de l’action percutante, des scènes mémorables, des personnages attachants et un univers intriguant.
Le lundi c’est Dandaday
Pré-publié dans le Jump+ (le cousin numérique du Shōnen Jump) et disponible tous les lundi sur MangaPlus, Dandadan fait un carton d’audience depuis sa sortie en août 2021. Avec une recette mixant habilement l’horreur, le paranormal et la romance, le tout tout saupoudré de scènes d’action terriblement stylées, le manga de Yokinubo Tatsu a aussitôt crevé l’écran au point de s’offrir rapidement une édition papier (le Japon en est déjà au tome 7 à peine un an après la publication du premier chapitre).
Un manga qui semble d’ailleurs piocher ses inspirations chez les plus grands et dans des registres très différents, à l’instar de ces gros plans détaillés et horrifiques sur divers monstres et aliens qui nous font penser à certaines planches du pape de l’horreur Junji Ito ou du créateur de Gantz, Hiroya Oku. Et que dire de cette vibe JoJo-esque qui exsude à travers les mises en scène de certaines actions et personnages (un personnage qui arrive plus tard est d’ailleurs totalement un hommage à JoJo), ou de ces références régulières à la pop-culture. Mais ces références, ces inspirations potentielles, ne doivent pas éclipser le fait que Dandadan est une œuvre créative qui ne se contente pas de surfer sur des tendances pour atteindre le succès. Si l’auteur est parfaitement au fait de ce qui marche actuellement (cf. une récente interview), celui-ci est un créateur talentueux à part entière qui a su insuffler une forte identité à son œuvre.
Capable d’alterner habilement entre horreur, absurde, humour, romance, drame et action, Yokinobu Tatsu signe avec Dandadan un manga d’une grande richesse. L’artiste semble danser avec ses crayons et son imagination, se mouvant au gré de ses envies sans que jamais l’histoire ne pâtisse de cette variété de sujets, ni ne s’essouffle action après action. Si on regrette un chapitre 1 trop maladroit avec son héroïne, la suite du manga se rattrape en développant joliment les relations entre ses personnages entre deux intrigues toujours palpitantes.
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