[Critique] Générations Pokémon: plus de 20 ans d’évolution

générations Pokémon

Third Editions a publié Générations Pokémon retraçant l’histoire de Pokémon et ses créateurs. Il s’agit d’un ouvrage riche en anecdotes et que l’on peut même qualifier de document historique d’un studio ô combien important dans le secteur du jeu vidéo depuis une vingtaine d’années.

Third Editions multiplie les livres historiques destinés au jeu vidéo et autres œuvres culturelles qui ont marqué toute une génération. Après Halo par Carlisle, Kingdom Hearts par l’ami Wolfen, The Witcher, Berserk et Jojo’s Bizarre Adventure par Søren, j’ai eu le plaisir de me plonger dans la lecture de l’ouvrage dédié à Pokémon.

À première vue, c’est un bon pavé qui m’attendait et l’appréhension était logique lorsque je me souviens du retour de Wolfen sur la bande de Mickey. Cela dit, les premières pages ont été rassurantes. Il faut dire que l’existence de Game Freak a connu moult rebondissements et autant de partenariats et de contextes à expliquer. Rassurez-vous, jamais la lecture n’a été aussi fluide car bien construite, par période, par contexte, par secteur. Les auteurs Alvin Haddadène et Loup Lassinat-Foubert ne lésinent pas sur les détails et affichent leur expertise d’une main de maître.

De même, c’est une double perspective qui s’offrait continuellement à moi durant ma lecture. Celle de l’élève qui apprit de nombreuses anecdotes, et celle du passionné qui a vécu cette histoire de Pokémon depuis le début. En apportant tout le contexte à chaque période de la licence, les deux journalistes m’ont fait revivre ma jeunesse, m’ont remis en tête pléthore de souvenirs et c’est peut-être la raison pour laquelle ma découverte de Générations Pokémon a été captivante. J’ai dévoré chaque page (sauf le chapitre 5, nous y reviendrons un peu plus tard), que ce soit en berçant ma fille ou sur le canapé en passant par les toilettes.

Je ne pourrai ainsi pas répondre à deux questions. Si vous avez lu la première édition parue en 2015, cet ouvrage est-il indispensable ? Je ne sais pas, je ne l’ai pas lu. Mais en assurant une veille sur la toile, il semblerait que non. Si vous avez découvert sur le tard Pokémon, seriez-vous traversé par la même passion ? Je ne sais pas non plus. Chaque lecture est personnelle et je ne connais pas votre attachement à la licence ni votre passion pour la lecture. Désormais, revenons sur mon expérience.

Un livre au matériel de qualité

L’expérience est avant tout visuelle et lors de la réception, il faut avouer que j’ai trouvé le livre Générations Pokémon plus qu’imposant. Il faut dire que c’est vingt ans d’histoire qui sont revisités au travers de ces 352 pages en format 16x24cm (et une police d’écriture plutôt petite). Et pour les protéger, rien de mieux qu’une couverture cartonnée qui assure une bonne prise avec les deux mains, sans risque d’une quelconque déchirure. Ce n’est pas un livre que l’on tiendra à une main, le téléphone dans l’autre. Tant mieux, il faut s’y plonger à 200% dans chacune des lignes et en ce sens, les différents chapitres ont été découpés en paragraphes pour faire en sorte que la lecture ne soit pas trop longue, trop ennuyeuse, trop lourde.

générations pokémonMais revenons à l’ouvrage en lui-même, à sa présentation. Son design est élégant, d’un jaune qui rappelle la plus populaire des créatures, Pikachu. Puis, sur chaque ligne et pour former une continuité en diagonale, divers symboles jonchent sa couverture et sa quatrième de couverture, ceux des starters Plante, Eau, Feu et celui du type Électrique. Visuellement, le rendu est propre, il faut le dire, ça claque. Ensuite, en tout sobriété, la casquette de Sacha, notre cher héros du Bourg Palette. Enfin, la casquette du dresseur en vérité, celle de Red, celle de tous ceux qui ont arpenté les différentes routes pour devenir Maître Pokémon, qu’ils aient réussi ou non. Elle représente un symbole majeur et c’est sûrement pour cela qu’on la retrouve même en quatrième de couverture, sous la présentation de Générations Pokémon. Personnellement, je pense que cela a été un choix plus que légitime en plus d’être judicieux.

Puis, dans la plus grosse des polices d’écriture, l’intitulé Générations Pokémon. Encore un choix intelligent car tous les fans de Pokémon sont ainsi visés. En lisant ce titre, le joueur de la première heure tout comme celui qui a découvert la licence avec Soleil s’attardera un tant soit peu dessus. Vous pouvez avoir arrêté après Or et Argent ou commencé/repris avec Pokémon GO que vous pourriez trouver votre compte, c’est ce qu’invite à croire ce titre. Certes cela reflète aussi son contenu mais c’est pensé finement et ce n’est même pas mensonger donc vous ne ressentirez aucune honte à le penser. À partir de là, il est plutôt dommage de ne pas avoir fourni un sommaire plus détaillé pour que chacun puisse s’y retrouver. Le chapitre 6 comprend tout de même 140 pages. Détail important, un marque-page jaune est intégré, en bande et s’avère bien pratique pour s’y retrouver chaque jour.

D’ailleurs, il est agréable de constater que chaque chapitre possède une page dédiée qui accueille une citation de choix. Pour vous donner un seul exemple, le Chapitre 1 met en avant une phrase de Satoshi Tajiri énoncée en 1999: « Toutes les choses que j’ai faites quand j’étais enfant se sont en quelque sorte rassemblées en une seule: Pokémon. » Souvent bien choisies, elles introduisent parfaitement le propos qui va suivre.

Rétrospective de Pokémon depuis ses débuts

La première centaine de pages s’attarde donc sur l’histoire de Pokémon depuis ses débuts. On y suit ainsi les prémices du studio Game Freak, de la jeunesse de ses piliers et premières stratégies jusqu’à la fin de la décennie 2010. Le travail des auteurs a été minutieux et surtout leur récit chronologique reste ingénieusement composé, allant d’époque en époque, d’enjeux en enjeux, sans jamais trop s’éloigner du sujet. C’est peut-être cela qui nous chagrinera peut-être à plusieurs reprises dans notre lecture. Nous aurions aimé cueillir encore plus d’anecdotes, de détails, de commentaires directs des figures de la licence. Or, le propos semble survoler l’histoire de Pokémon à de nombreuses reprises. Ne vous détrompez pas, la lecture reste captivante la majeure partie du temps mais j’en demandais parfois plus. Ce bouquin m’a rendu affamé pour me laisser parfois sur ma faim.

Néanmoins, Générations Pokémon garde quelque chose de fascinant. Je fais partie de cette génération Pokémon, j’ai suivi la franchise depuis ses débuts, de ses jeux jusqu’au dessin animé pour lequel j’ai eu un véritable coup de foudre depuis le 1er épisode. Aujourd’hui, je peux encore regarder aveuglément n’importe quel épisode qui passe à la télévision ou sur Netflix et Amazon Prime. Alors, ce livre a réussi à m’emporter dans un torrent de nostalgie. Je revivais chaque événement qui y est narré, mon enfance remonte à la surface, les souvenirs des épisodes ou des moments partagés avec les copains revenaient. Cela m’a mis dans un état fantastique. Je suis l’ouvrier qui va fouiller dans la mine à la moindre recherche d’informations, au moindre chiffre concernant les unités vendues dans le monde entier, les détails qui ont fait basculer la licence vers de grands changements ainsi que les idées mises de côté.

J’étais môme lorsque j’ai joué aux premières versions de Pokémon alors je n’avais aucune idée des enjeux, du quotidien de Game Freak […] Alors, découvrir la franchise sous un tout autre angle, c’est rafraîchissant et cela m’a forcément passionné.

Je redécouvrais donc une partie de ma vie enfin celle du gamin qui est passionné par Pokémon, j’apprenais des détails que je ne connaissais pas, des faits divers dont j’avais entendu parler. Avec 20 ans de plus dans la gueule, on a une toute autre vision des choses, on ré-apprend à connaître la licence. J’étais môme lorsque j’ai joué aux premières versions de Pokémon alors je n’avais aucune idée des enjeux, du quotidien de Game Freak, des problèmes qu’ils ont rencontré, des collaborations entamées et du chemin parcouru par ses créateurs. Je me contentais de jouer comme un gamin en tentant de remplir le Pokédex. Alors, découvrir la franchise sous un tout autre angle, c’est rafraîchissant et cela m’a forcément passionné.

Générations Pokémon est bourré d’anecdotes, surtout pour la genèse de la franchise et jusqu’à la seconde génération de Pokémon. Ensuite, il est évoqué les aspects financiers, l’internationalisation de la franchise, les ventes mondiales, la localisation française (qui est la meilleure évidemment), les nouveautés et ajustements apportés jeu après jeu…

Un entre-acte ennuyant

Si vous connaissez à la lettre chaque titre, vous n’aurez pas un grand intérêt à lire les particularités de chaque version, que ce soit les détails sur les CS, les méga-évolutions. D’ailleurs, je me pose réellement la question. À qui s’adresse ce livre ? S’il se dirige vers tous les fans Pokémon, était-ce vraiment nécessaire de s’attarder aussi longtemps sur les mécaniques de jeu ?

Quiconque connaît l’univers des jeux a conscience de ce qu’est la capture de Pokémon, la simple chasse au Pokémon, la Pokéball, la pêche, l’évolution, le Pokédex, l’échange, les arènes etc. On trouve bien 50 pages avec des définitions détaillées en long et en large que j’ai trouvé barbantes. Pour le coup, il serait limite conseillé de faire un petit saut lorsque l’on s’aperçoit que le sujet est connu de tous, qu’il présente aucun plaisir lors de la lecture (« l’art de la capture » hormis pour Let’s Go, ça concerne en un bouton et un choix de Pokeball, en faire des pages et des pages…). Néanmoins, qu’on se rassure, cet ennui n’a été rencontré que lors du chapitre 5.

Et si l’on entame une réflexion sur la question de savoir à qui s’adresse ce livre, ce chapitre peut nous indiquer qu’il veut être une référence, un livre d’histoire sur Pokémon, consultable par n’importe quel lecteur, y compris l’historien qui souhaite y consacrer une problématique ou s’en servir pour un sujet plus global. Il s’adresse à plusieurs publics, les fans de la première et de la dernière heure mais pas seulement. Une question que l’on devrait poser aux auteurs eux-même car ils ont dû y réfléchir lorsque qu’ils ont construit leur propos.

Génération par génération

Après avoir suivi l’histoire du studio Game Freak décennie après décennie, jeu après jeu, d’un angle marketing et chronologique, Générations Pokémon nous emporte dans une seconde vague de nostalgie. On repart avec un récit chronologique mais découpé par opus/génération de Pokémon. Alvin et Loup détaillent l’histoire, l’univers, les personnages, les Pokémon majeurs et les glitchs de chaque génération. Par exemple, pour les versions Vert/Rouge/Bleu/Jaune, on revient sur Mew, les manipulations pour l’obtenir mais aussi les légendes autour du camion de Carmin-Sur-Mer. Puis d’autres bugs et détails sur les titres des générations suivantes…

On repart avec le plein d’infos et d’anecdotes une nouvelle fois et ce n’est pas déplaisant. Si jamais vous êtes un passionné de Pokémon, il se peut qu’il y ait redite sur certaines infos, que vous sachiez déjà de quelle région est inspirée la map de Johto (et toutes les autres), que Mélofée est passé à deux doigts d’être la star de la franchise à la place de Pikachu, que le trio des légendaires ElecTHOR, SulfuRA et ArtikODIN ont des noms basés sur la mythologie mais ce n’est pas une redite désagréable pour autant.

Puis, il y a eu un véritable bon choix quant à l’organisation et à la découpe des parties et même des paragraphes. La lecture est fluide, on peut prendre une petite pause, reprendre et se replonger dans la lecture sans aucun souci. Il faut dire qu’il paraît imposant ce bouquin alors il fallait le rendre digeste et c’est une mission plus que réussie.

Quant à la dernière partie du livre, celle-ci évoque plus en détail tous les spin-off, de Pokémon Snap à Pokémon Stadium en passant par Pokémon Donjon Mystère. Pour terminer ensuite sur le dessin animé qui a fait tomber de nombreux téléspectateurs dans la Pokémania.

Et s’il y a un reproche à faire à cet ouvrage, c’est son « opportunisme », un terme que j’emploie sans trop de méchanceté. S’il s’agit d’une réédition du Générations Pokémon de 2016, on s’attendait à ce qu’il traite les opus arrivés sur Nintendo Switch au vu du timing de sa publication. Et s’il en est fait mention, Alvin Haddadène et Loup Lassinat-Foubert ne s’y attardent pas vraiment. On en ressort donc avec l’impression que c’est plus un choix marketing que de sortir ce nouvel ouvrage en 2019 en marge de la sortie de Pokémon Bouclier et Épée. S’ils détaillent ce qui a été vu dans les bandes-annonces, le sujet n’est pas traité en profondeur comme les autres opus, ni le contexte. En fouinant sur la toile, on lit qu’un second livre reprendra la suite… Il faudra donc s’armer de patience. Personnellement, cela ne me dérange en rien car je ne m’étais pas plongé dans la première édition, donc la découverte n’a pas été entourée d’une certaine amertume.

Générations Pokémon – Plus de 20 ans d’Évolutions demeure un ouvrage passionnant à de multiples égards. En plus de 350 pages, il revient sur la genèse de Pokémon et du studio Game Freak, décrypte l’impact de la stratégie de la firme à travers les décennies tout en revenant sur chaque épisode de la franchise et ses spin-off en fournissant le plein d’anecdotes et d’informations intéressantes. Il conviendra ainsi à tout fan désirant consolider ses connaissances sur l’univers Pokémon tout comme à l’historien ou au simple néophyte souhaitant faire le plein d’informations sur un phénomène qui a envoûté des millions de joueurs et en comprendre les raisons. Pour ma part, ce fut un plaisir de parcourir ces lignes et je félicite personnellement le travail de deux auteurs passionnés qui y ont consacré toute leur énergie pendant des mois.

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