[Interview] STJV : Et la presse dans tout ça ?

Stjv

Seconde partie de notre entretien avec le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo, une seconde partie qui aborde le rôle et un peu l’histoire de la presse jeux vidéo.

Et si vous avez raté la première partie de l’entretien avec le STJV nous vous invitons très fortement à le retrouver ici-même. Rappelons que le STJV est Le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo, un syndicat indépendant formé pour la défense des intérêts moraux et économiques des travailleurs et des travailleuses de l’industrie du Jeu Vidéo. Et toujours en vue de préserver son anonymat, notre interlocuteur apparaitra uniquement sous la mention STJV

Try aGame : Les affaires (ndlr : que nous évoquions dans la première partie) sont sorties dans la presse généraliste. Quelle est votre vision de la presse Jeux Vidéo ?

STJV : A titre personnel, ne souhaitant pas engager la parole du syndicat sur cette question, la presse JV française subit de plein fouet la crise financière des médias, notamment suite à la chute des revenus de la pub et l’écroulement de la presse papier. Sans compter que la grande majorité des rédactions dépend énormément des éditeurs et annonceurs, ce qui a un impact plus ou moins important sur les contenus créés, et peut parfois les empêcher d’avoir une complète liberté de ton (cela n’est néanmoins pas applicable sans distinction à toutes les rédactions). Heureusement certaines nouvelles initiatives émergent, et tentent de donner un meilleur cadre financier, tout en offrant la possibilité aux lecteurs de supporter (ou non) des orientations rédactionnelles différentes. Reste que pour le moment, à de rares exceptions près, la plupart des rédactions ne peuvent pas prendre le risque de se lancer dans de longues investigations. Là où certains médias plus traditionnels le peuvent (car bénéficiant de moyens humains et juridiques de toute autre ampleur), mais rencontrent malgré tout énormément de difficultés, que ce soit par l’omerta qui gangrène l’industrie, ou par le risque de représailles médiatiques et/ou juridiques.

Try aGame : Il faudrait donc faire plus le parallèle entre la presse JV et la presse Cinéma, que la presse JV et la presse classique/généraliste ?

STJV : Je ne connais pas bien la presse Cinéma, mais sachant que les articles de la presse JV se concentrent très grandement autour de la critique de contenus et de relais des communiqués de presse, la question peut se poser…

➡ Liens utiles : Le site du STJVsa présence au sein des studios, son compte twitter.

Dans leur livre Presse Start, (Omake Books) Yves Breel et Boris Krywicki, tracent l’histoire des magazines français de jeux vidéo de 1982 à nos jours, en se focalisant sur les rédacteurs et leurs conditions de travail. 1982 car c’est cette année qu’apparait le premier magazine français de jeux vidéo : Tilt, journalistes découvrant un peu cet univers, puisque n’étant pas tous portés sur le média JV. Mais ils sont journalistes et surtout des femmes composent l’équipe, retour en arrière donc, eu égard au machisme ambiant depuis quelques années que ce soit côté joueur, éditeur ou même presse. Un article de 1988 de Tilt se moquera d’ailleurs des clichés sexistes dans l’industrie vidéo-ludique.

Arriveront par la suite des magazines, souvent oubliés, montés par des passionnés, comprendre des adolescents ou jeunes adultes rémunérés en nature (jeux, matériel) où, vous vous en douterez, fond et forme sont souvent absents des articles rédigés, lui succéderont des publications plus ambitieuses, où des rédacteurs, ayant gagné en expérience et maturité, ou venant d’autres horizons, sont en mesure d’aller au devant de l’information, en prenant contact avec les membres des studios qu’ils soient européens, anglophones ou japonais.

On notera alors un verrouillage des accès aux équipes créatrices vers la fin du siècle dernier, avec l’arrivée des contrats de confidentialité, embargo, et services presses faisant barrage. Le discours est alors filtré, maitrisé, cadré.

Côté conditions de travail, en parallèle d’une information toujours plus filtrée et donc embellie, les salaires des journalistes de jeux vidéo connaissent une chute. Si dans les années 90, un rédacteur jonglant entre les piges, pouvait avoir un salaire à 5 chiffres. Sur une fin d’année toujours féconde en sorties, celui-ci sera assez vite divisé, parfois par 3, avec le rachat des magazines par de grands groupes. A ce jour on estime qu’un pigiste arrive parfois à dégager un Smic et encore.

Les auteurs mettent aussi l’accent sur le clash entre les générations de rédacteurs, chaque nouvelle génération ayant peu de considération pour ses prédécesseurs pour des histoires de fond et de forme.

A ce jour, ils estiment que certains grands magazines en ligne ont renoué avec une certaine vocation journalistique (feu Jeuxvideo.fr, CanardPC, Gamekult,…) décalant les critiques dithyrambiques motivées par les revenus publicitaires vers les réseaux sociaux (influenceurs).

 

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