Dans une vidéo uniquement partagée en interne et consultée par le média Numerama, Yves Guillemot revient sur les affaires qui ont récemment secoué Ubisoft. Et, pour la première fois, en s’excusant auprès de ses salariés.
Dans une vidéo réalisée à l’adresse du personnel d’Ubisoft, Yves Guillemot est revenu sur la multi-affaire qui ébranle Ubisoft depuis plusieurs semaines. Harcèlements sexuels, harcèlement moral, agressions sexuelles… les griefs ne manquent pas de la part de celles et ceux qui ont témoignés récemment auprès de plusieurs médias comme Libération ou Numerama.
➡ Résumé de l’affaire + sources) : « Accusations de harcèlement chez Ubisoft : « rien n’est vrai, tout est permis ? » »
➡ Premières mesures d’Ubisoft : « Harcèlement au travail : des (grosses) têtes tombent chez Ubisoft »
➡ Témoignages supplémentaires dans le Journal de Montréal : « Management toxique chez Ubisoft : des employées dénoncent un « climat de terreur » à Montréal »
Si Yves Guillemot, le PDG historique d’Ubisoft, avait déjà annoncé des mesures (notamment à base d’audits et de systèmes de plaintes gérés en externe), les critiques continuaient d’affluer devant ce qui était considéré comme de la gestion de crise à court terme, ce que semblait confirmer de récents témoignages parus dans le journal Libération :
Or, l’affaire prend de l’ampleur, et Ubisoft finit par se séparer de plusieurs de ses navires amiraux, jugés comme intouchables par la majorité des salariés et de certains observateurs. Parmi ceux-là, Serge Hascoët, le directeur créatif et chef suprême du pôle éditorial, tous deux largement mis en cause au sein des nombreux témoignages accablants.
Le journal américain Bloomberg, par le biais de la plume du célèbre journaliste d’investigation Jason Schreier, est d’ailleurs revenu ce jour sur l’affaire, et plus particulièrement sur l’impact de ce « boys club » qu’était le département éditorial et de sa culture toxique sur ses salariés ainsi que sur les sanctions artistiques ayant entraîné des changements dans certains jeux tels que les derniers épisodes d’Assassin’s Creed. On y apprend notamment que Serge Hascoët n’hésitait pas à rabaisser une collaboratrice par le biais d’une vidéo pornographique, voire à imposer des changements radicaux dans le développement d’épisodes d’Assassin’s Creed originellement prévus pour être dotés d’une protagoniste féminine.
Sur ce point, le média américain révèle par exemple qu’Assassin’s Creed Odyssey devait être uniquement jouable avec Kassandra et que Serge Hascoët aurait décidé que « les jeux vidéo avec des femmes ne se vendent pas » avant d’imposer Alexios en personnage jouable (que l’on retrouvera par la suite en tant qu’avatar par défaut sur plusieurs supports visuels telle que la jaquette du jeu). Dans le même principe, le pôle éditorial aurait influé sur le rôle prépondérant de Jacob dans l’épisode Syndicate, ainsi que sur le choix de Bayek en tant que protagoniste dans Origins (à la place d’Aya qui devait reprendre le flambeau peu après le début du jeu après le décès de son compagnon).
D’autres témoignages rapportés par Jason Schreier font également état de racisme au sein des studios de Sofia, en Bulgarie, citant un groupe d’employés ayant qualifié l’acteur britannique John Boyega de « singe » après le visionnage de la bande-annonce de Star Wars: Le Réveil de la Force.
C’est donc avec le poids écrasant de toutes ces révélations (et des autres présents dans les articles cités que nous ne pouvons toutes placer dans cet article), qu’Yves Guillemot a la charge de restaurer la confiance entre la direction et ses salariés. D’après l’article de Numerama publié aujourd’hui, cette vidéo partagée en interne et non-mise à disposition du grand public partage les premières excuses d’Yves Guillemot auprès de ses salariés depuis le début du scandale. Tout en remerciant les employé.e.s qui ont mis en lumière les exactions rapportées, Yves Guillemot aurait promis toute une batterie de nouvelles mesures, incluant des formations de sensibilisation au harcèlement pour chaque salarié de l’entreprise, et des formations encore plus « renforcées » pour les managers.
Il serait également question d’un « Support and Recovery Center », dont la mission serait de mettre à disposition des employé.e.s des psychologues gérés par une société indépendante d’Ubisoft. Yves Guillemot aurait aussi fait part de sa volonté de refondre les Ressources Humaines – largement accusés d’avoir couvert les actions des harceleurs en étouffant la parole des employé.e.s – en leur donnant plus d’indépendance et en donnant la possibilité aux membres des RH de passer par-dessus leur propre direction en cas de problème pour s’adresser directement aux supérieurs de celle-ci. Enfin, et c’est assez étonnant au vu de la présence minoritaire du sujet au sein des discussions récentes, le PDG a évoqué réfléchir à un moyen de lutter contre la culture du crunch (ces plus ou moins longues sessions de travail intenses décriées depuis des années par les syndicats et les familles des employé.e.s du jeu vidéo, ndlr) sans toutefois entrer dans les détails.
Il y a quatre jours, toutefois, le Syndicat des Travailleurs du Jeu Vidéo (STJV) avait averti des possibles travers de ces multiples recours aux consultants externes qui ont parfois pour principe de complexifier les procédures et de fatiguer les employé.e.s. Bien qu’intervenant avant cette prise de parole d’Yves Guillemot, le STJV rappellait ainsi aux travailleurs et aux travailleuses de l’industrie de ne pas baisser leur garde et de privilégier le contact avec les délégués du personnel syndiqués.
Le communiqué commun de notre section Ubisoft Paris et @SolInfoJeuVideo. pic.twitter.com/R9pOg9cRGY
— STJV (@stjv_fr) July 17, 2020
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