Après de multiples enquêtes signées Libération et Numerama, et malgré quelques craintes que la poussière soit mise sous un tapis de com’, Yves Guillemot annonce la démission de plusieurs responsables de la société mis en cause par de nombreux témoignages de salariés.
La nouvelle est tombée en pleine nuit, et ce ne sont pas moins de 3 têtes dirigeantes d’Ubisoft qui démissionnent de la société suite aux récents témoignages de salariés qui mettaient en lumière une véritable institutionnalisation du harcèlement sexuel et moral au sein de l’entreprise. Parmi ces trois noms, on retrouve celui de Serge Hascoët, le directeur créatif et faiseur de rois de l’équipe éditoriale de Montreuil, qui était la cible avec son équipe d’un quart des plaintes reçues en interne.
➡ Notre article résumant l’affaire (+ liens vers les enquêtes) : «Accusations de harcèlement chez Ubisoft : « rien n’est vrai, tout est permis ? » »
➡ Dernière enquête de Libération : « Harcèlement sexuel à Ubisoft : «On savait» »
On notera également la démission de Cécile Cornet, la DRH Monde largement mise en cause pour avoir couvert les actions des harceleurs pendant des années, et dont le départ était fortement demandé au sein des salariés, ainsi que celle de Yannis Mallat, un nom moins évoqué dans les enquêtes mais qui était jusque-là directeur des studios Ubisoft au Canada. Chloé Woitier, journaliste au Figaro, résume ces informations ci-dessous :
⚠️ Communiqué d'Ubisoft :
Serge Hascoët (directeur créatif), Yannis Mallat (directeur des studios Ubisoft au Canada) et Cécile Cornet (directrice Monde des ressources humaines) démissionnent. pic.twitter.com/y8sbG2adIs— Chloé Woitier ☕ (@W_Chloe) July 11, 2020
La démission de Serge Hascoët, plus particulièrement, fait actuellement du bruit car peu de personnes imaginaient le bras droit d’Yves Guillemot quitter le navire à la suite de ces révélations. Comme le résume Jason Schreier (journaliste américain à Bloomberg), il s’agissait de l’une des plus grosses têtes pensantes de l’entreprise, et sa capacité à faire ou défaire des carrières au sein de l’entreprise concernait également les jeux de la société qui dépendaient tous de son feu vert :
This is a *huge* deal for Ubisoft. Serge Hascoet was the man in charge of ALL of their games. With one word he could greenlight or cancel a project. Many Ubisoft employees believed he was too powerful and close to the CEO to ever be ousted, no matter how many allegations emerged
— Jason Schreier (@jasonschreier) July 11, 2020
Dans un communiqué de presse, Ubisoft s’est exprimé sur ces départs ainsi que sur l’affaire en général :
Si ces décisions et ces déclarations ont de quoi rassurer au sujet du bon règlement de cette affaire de harcèlements et d’agressions au sein d’Ubisoft, il sera néanmoins intéressant de continuer à suivre les prochaines étapes promises par Yves Guillemot. Si Serge Hascoët était accusé lui-même de harcèlement et que Cécile Cornet était décrite comme étant à la tête du « mur des RH » qui étouffait les plaintes des employés, il est important de noter que d’autres employés et responsables semblent avoir été formés et protégés par ces deux personnes.
Il sera donc essentiel de suivre cette affaire afin de savoir si de nouvelles mesures similaires à ces départs seront prises pour assainir les conditions de travail au sein d’Ubisoft. L’annonce d’un « renforcement » des Ressources Humaines, d’ailleurs, a de quoi susciter un haussement de sourcil au vu de leurs responsabilités dans cette affaire. Car même si un renouvellement de l’équipe RH est prévue, cela ne change pas le concept d’un service dont la nature-même est de défendre l’intérêt de son entreprise avant celui de ses salarié.
Si les annonces de cette nuit sont très encourageantes et appréciables, il sera donc nécessaire de continuer à suivre les prochaines décisions d’Ubisoft à ce sujet.
Ce qu'on apprend sur le système d'alerte anonyme mis en place la semaine dernière chez Ubi :
– une centaine de cas sont remontés, du harcèlement moral au viol
– la moitié des cas étaient connus des RH
– un quart des plaintes concernent le service édito et Serge Hascoët— Chloé Woitier ☕ (@W_Chloe) July 10, 2020
[EDIT 12/07/2020 11:02] Cécile Cornet quitte ses fonctions de DRH monde, sans toutefois quitter la société, précise le journal Le Figaro :
⚠️ Ubisoft précise au Figaro que Cécile Cornet démissionne de son poste de directrice Monde des ressources humaines, mais elle ne quitte pas la société.
— Chloé Woitier ☕ (@W_Chloe) July 12, 2020
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