Plongeons dans les conquêtes vikings de Northgard, un univers qui nous provient d’un jeu vidéo et qui a été remodelé par Adrian Dinu puis confié à Studio H.
Temps moyen : 60 min
Nombre de joueurs : 2 à 5
Âge conseillé : 14+
Éditeur : Studio H
Illustrateur : Grosnez
Mécanismes : conquête, gestion de main, 4X, gestion de ressources
Version fournie par l’éditeur.
Planète Studio H
Studio H continue de se faire une place de choix dans l’industrie du jeu de société. Après le succès retentissant d’Oriflamme, d’Oltréé et de Suspects, l’éditeur mise désormais sur Northgard : Uncharted Lands, un 4X qui tend vers l’Expert.
S’il provient d’une licence (éponyme) du jeu vidéo, son concept a été pensé par Adrian Dinu qui n’en est pas à son premier jeu puisqu’il a proposé Scare It, Aliens et Moai. Quant à l’illustrateur, il s’agit de Grosnez. Je le découvre avec Northgard, mais il travaille aussi sur le jeu de plateau Mythic Battles : Ragnarok prévu pour cette année. Vous pouvez à tout moment vous rendre sur sa page Deviantart pour admirer l’étendue de son talent.
Northgard : Uncharted Lands, c’est quoi le concept ?
Il faudra ici conquérir les contrées lointaines du Northgard à travers un 4X, c’est-à-dire Exploration, Exploitation, Expansion et Extermination. S’il s’agit de la mythologie nordique, ne vous attendez pas à ce que vos Vikings prennent des drakkars et naviguent à travers les mers pour préparer une invasion. La conquête est terrienne, emploie des mécaniques de deckbuilding et se joue de 2 à 5 joueurs.
On s’installe sur un territoire, on en dessine les frontières, on s’étend, on renforce les troupes et on tente de récolter le plus de ressources possible. Bien sûr, vos ambitions se frotteront à celles des autres joueurs et c’est là que les combats commencent, que les redéploiements s’effectuent et que le champ de bataille laisse place à une véritable guerre de territoires. Honnêtement, je l’ai trouvé convaincant dès la première partie qui s’est déroulée à deux joueurs. Si on peut s’étendre chacun de son côté, la tentation d’envahir est constamment présente et pimente le jeu. Avec le module des Créatures, le jeu gagne en intensité, en anticipation et en intérêt.
Si la boîte de jeu affiche un joli 14+, Northgard : Uncharted Lands se présente plus comme un familial ++ que comme un Expert pur et dur. Dès la première partie, je l’ai trouvé accessible, les explications de règles claires et limpides, le déroulement fluide et sans accrocs. Il n’est pas léger pour autant, mais les subtilités stratégiques peuvent être abordées par un public habitué de jeux de société sans sourciller.
La partie peut se terminer de deux manières : en allant au bout des 7 manches et le vainqueur est celui qui a le plus de points ou alors dès qu’un joueur occupe trois territoires fermés disposant chacun d’un grand bâtiment.
Ce n’est pas (que) la taille du territoire qui compte, mais la façon dont on s’en sert
Northgard n’est pas qu’un jeu de conquête, il ajoute de la gestion de ressources, de territoires voire de frontières. C’est en explorant que vous dessinez les frontières de votre territoire. Sachant qu’un territoire contrôlé donne :
- Des points lorsque vous en fermez les frontières et des points à chaque fin de manche, selon la taille de votre territoire (évaluée par rapport au nombre de tuiles qui le composent).
- Des ressources (pommes, bois et savoir) indiquées sur les tuiles composant votre territoire. Ces ressources étant indispensables pour entretenir vos troupes (pommes et bois), construire des bâtiments (1 ou 3 bois selon sa taille), compléter votre deck avec les cartes de votre clan (3 jetons Savoir), se donner une chance de piocher une carte supplémentaire (en échange d’un jeton Savoir et d’une carte défaussée) et d’épurer son deck (2 jetons Savoir et une carte à retirer).
Votre expansion doit donc prendre en charge tous ces éléments. Il sera alors inspiré de s’installer sur un territoire où les pommes abondent, auquel cas vous n’aurez pas à craindre les répercussions d’une famine (cartes avec pénalité de points). Le bois permet également de construire des défenses ou d’autres façons de récupérer des ressources voire des points. Les troupes adverses peuvent alors lorgner vos territoires… Vous seriez peut-être tentés de recruter en masse des soldats, mais plus leur nombre augmente, plus les rations (en fin de tour) pour les entretenir sont exigeantes.
C’est encore plus vrai avec le module Créatures qui anime bien mieux la table de jeu, ajoute une dose d’incertitude, de stratégie et force à anticiper les déplacements des créatures. Elles nous privent effectivement d’actions disponibles habituellement. Si le loup échoue sur votre territoire, il sera alors impossible de récolter des ressources sur ce même territoire. Quant à l’ours, il nous prive de renforts et de constructions. Le Draugr élimine directement une unité. Enfin, la Valkyrie attaque et ne peut se trouver sur la même zone qu’un joueur (contrairement aux autres créatures). Les créatures se déplacent avant la phase de récolte et après qu’on ait joué nos cartes.
Cela nous force alors à anticiper les déplacements de chacun en plus de tenter une lecture du jeu des autres joueurs. L’intégration de ces créatures est totalement réussie, car elles apportent de la nervosité sans nous démunir d’un contrôle sur notre stratégie. Il sera assez captivant de tenter de diriger les Créatures vers les territoires adverses ou de mesurer/contrôler leur impact.
Il faudra donc trouver un équilibre entre conquête de territoires et entretien des troupes, entre défense et mobilité, et dans la gestion de sa main. Car comme précisé plus haut, Northgard emprunte aussi des mécaniques de deckbuilding.
Pas de cartes, pas de quartier !
Il ne faut donc pas oublier de préciser une chose fondamentale, il n’y a pas d’action sans carte. Chaque joueur part avec un deck commun et chacun doit choisir un clan qui cache deux cartes supplémentaires, certes pas encore disponibles, mais dont l’acquisition peut apporter une réelle plus-value à votre stratégie. Déplacer une troupe adverse, sauver un de vos Vikings… Le prix n’est pas si lourd si vous vous débrouillez assez vite pour obtenir les ressources nécessaires (3 jetons Savoir).
Les cartes permettent donc chaque action. Les joueurs en activeront une chacun leur tour, sauf si vous profitez de l’effet d’en placer une seconde (un symbole éclair). Se déplacer, explorer, construire, recruter, toutes ces actions coûtent une carte avec le symbole adéquat. Sachant que vous ne pouvez envahir un territoire adverse qu’avec l’action Se déplacer (symbolisée par la flèche) et que deux camps ne peuvent collaborer sur un même territoire. Un regroupement a pour conséquence directe un affrontement qu’il faudra résoudre par la force du nombre et une part de chance, le lancer de dés.
Résoudre un conflit :
Sur le dé, on retrouve le symbole de la hache qui renforce votre nombre, mais ne tue pas. On y voit par contre le symbole de la tête de mort qui n’a pas la même pitié. Lorsque vous résolvez un conflit, le résultat peut anéantir votre présence ou la disperser avec le redéploiement qui peut s’avérer une tactique payante.
Simple exemple, vous comptez 5 soldats que vous déplacez pour attaquer le territoire adjacent qui comporte 4 soldats ennemis. Sur le papier vous êtes en surnombre et menez 5-4. Mais si votre adversaire lance le dé et obtient 3 symboles Hache, alors il gagne +3 en Force et mène 7-5. Sachant qu’une égalité avantage le défenseur, il ne vous reste plus qu’à obtenir 3 haches à votre tour.
Conséquence de cet affrontement. Le perdant ne disparaît pas de la carte, mais il lui est permis de se redéployer dans les territoires adjacents non occupés par son adversaire. Par contre, si un ou deux symboles de tête de mort apparaissent, alors cela engendre la mort donc le retrait de soldat(s) du plateau.
Les boosts :
Pour mettre toutes les chances de son côté, un joueur peut gagner +1 en Force par Pomme dépensée. Sachant que la Pomme est précieuse pour l’entretien des troupes, il faut y réfléchir à deux fois.
En investissant un territoire, on peut y trouver des emplacements pour les tuiles Construction. En dépensant 1 bois (pour une petite) ou 3 bois (pour une grande), on peut alors y installer une tuile octroyant des bonus qui optimisent la défense d’un territoire. Un autre choix permet à la place d’y placer des tuiles de récolte de pommes, bois, savoir… Selon les stratégies du moments et les événements en cours.
Passe, Passe, Passera…
La fin de tour est importante à Northgard. Le premier joueur à passer, signifiant ainsi la fin de ses manœuvres pour cette manche, choisit une des deux cartes placées en marge du plateau. Après chaque manche, on en place des nouvelles. Cette nouvelle carte se place au-dessus de la pioche et sera donc disponible dès la manche suivante. Ces cartes renforcent sensiblement votre deck et peuvent impacter une partie. Recruter x2, se déplacer x2, ignorer les faces de tête de mort… Il sera ainsi malin de passer avant même de jouer toutes les cartes si une carte est plus avantageuse qu’une autre au moment où elle est disponible.
Petit détail qui est cher aux amateurs de deckbuilding, on mélange la pioche une fois que la défausse est vide. Pas possible d’anticiper de ce côté-là.
Récapitulons : Northgard Uncharted Lands m’a plu un peu, beaucoup ou à la folie ?
(ou pas du tout…)
Je n’ai pas joué au jeu vidéo Northgard, mais je pense garder le jeu de société dans la ludothèque. Je l’ai même trouvé captivant à 2 joueurs surtout avec le module Créatures. La gestion des frontières et des territoires, l’affrontement direct, la gestion des ressources, je trouve le tout bien ficelé, bien équilibré. On est devant un 4X qui se repose sur du deckbuilding, il n’est ni trop alambiqué ni trop simple, mais accessible à des habitués de jeux de société. Je pense qu’il peut même se laisser découvrir avec des joueurs plus occasionnels. Quoi qu’il en soit, on ne s’y attendait pas forcément, mais c’est une franche réussite à notre table.
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