Quantic Dream condamné dans l’affaire des photomontages orduriers

Quantic-Dream condamnation photomontages

Le jugement a été rendu ce 21 novembre pour Quantic Dream : le studio français a été condamné pour avoir laissé circuler en interne des photomontages déplacés mettant en scène des employés de l’entreprise sans leur consentement.

Rappelons les origines de l’affaire : en janvier 2018, les journaux Mediapart, Canard PC et Le Monde révèlaient que des photomontages douteux et insultants circulaient en interne au sein du studio français Quantic Dream (à l’origine de titres tels que Beyond Two Souls ou Detroit Become Human, ndlr). Ces nombreux photomontages, décrits comme étant créés et distribués par un responsable de l’entreprise, auraient mis en scène divers employés dans des situations irrespectueuses. La 600ème « création » de l’auteur, partagée en interne en février 2017, aurait ainsi été la goutte de trop ; la victime du photomontage en question – responsable du service informatique à l’époque – avait alors déploré la réponse trop lente de la direction face à la diffusion en interne de ses images jugées choquantes et ordurières. Suite à cet incident, le responsable visé par ledit photomontage avait décidé de démissionner, suivi de trois autres membres du même service, avant de faire remonter l’affaire aux Prud’hommes pour ne pas en rester là. Pour vous donner une idée du genre de photomontages dont il est question, vous pouvez en consulter certains extraits dans cet article de Canard PC en accès libre. Nous avions également effectué un résumé de cette affaire dans notre article du 15 janvier 2018.

Publié hier, un article de Mediapart nous révèle que Quantic Dream a finalement été condamné le 21 novembre dernier par les prud’hommes de Paris pour avoir « commis une violation de l’obligation de sécurité » envers ses employés. Une condamnation qui demande à l’entreprise de David Cage de verser 5 000€ d’indemnisation à son ancien responsable informatique, ainsi que 2 000€ de frais de justice.

Le 27 décembre 2017, l’affaire avait été étudiée une première fois par les prud’hommes, mais l’impossibilité d’une entente entre les juges représentants les employeurs et ceux représentants les employés avait entraîné le lancement d’une procédure de départage, signifiant qu’un juge professionnel allait prendre le relai pour rendre un avis définitif. Avis définitif qui n’a finalement été rendu que deux ans après, le 15 octobre 2019, avec une juge qualifiant certains photomontages concernés d’« homophobes, misogynes, racistes ou encore profondément vulgaires », ajoutant que ceux-ci ont été diffusés en interne « pendant plusieurs années […] dans l’entreprise par des salariés, sans que l’employeur, pourtant informé, ne réagisse », et qu’« en restant passif face à cette pratique plus que contestable, qui ne peut se justifier par l’esprit “humoristique” dont se prévaut la société, l’employeur a commis une violation de l’obligation de sécurité ».

Le jugement, néanmoins, pondère une autre partie des réquisitions du plaignant. Celui-ci, qui avait démissionné, avait en effet demandé à ce que cette démission soit reconnu comme un licenciement illégal. Une demande permise par le Droit du Travail en cas de « manquements suffisamment graves pour empêcher la poursuite du contrat de travail », nous explique Mediapart, mais que la juge n’a pas validée, affirmant qu’« il n’est pas apporté la preuve d’une dégradation des conditions de travail au sein de l’entreprise, ou encore d’un conflit important et récurrent » entre le service informatique du plaignant et le service dont est issu l’auteur des photomontages.

Malgré cela, l’affaire est loin d’être terminée, le plaignant faisant appel concernant un autre photomontage le concernant (ajoutant son visage au corps d’un homme en porte-jarretelles, mèche et moustache hitlériennes, bras tendu en salut nazi), jugeant que ce dernier n’a pas été pris en compte lors du jugement. Quantic Dream, de son côté, réplique avec d’autres plaintes, accusant notamment son ancien responsable du service informatique d’avoir dérobé des données internes à l’entreprise avant sa démission.

Notons également que Quantic Dream avait également déposé plainte pour diffamation contre Mediapart et Le Monde après la révélation de cette affaire en 2018. L’audience est prévue pour se dérouler les 5 et 6 décembre prochain, sauf si un report liée à la grève générale prévue le 5 est décidé entretemps.

Source : Mediapart.

 

Mise à jour du 02/12/2019 : Quantic Dream, par l’intermédiaire de l’agence de communication avec laquelle nous sommes en relation, a demandé à exercer son droit de réponse. Voici le communiqué officiel de l’entreprise à propos du jugement rendu le 21 novembre dernier :

Quantic Dream droit de réponse jugement photomontages

 

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