Difficile de ne pas recommander Monasterium, un jeu de société édité par Matagot qui mêle habilement des mécaniques de dés et de gestion.
Temps moyen : 1 à 2h
Nombre de joueurs : 2 à 4
Âge conseillé : 12+
Éditeur : Matagot
Illustrateur : Dennis Lohhausen
Mécanismes : dés, gestion
Notre version de Monasterium a été fournie par Matagot pour une chronique qui est, comme toujours, non-sponsorisée.
Planète Matagot
Matagot a connu un été calme avec quelques sorties par-ci par-là, la crise pandémique n’arrangeant pas non plus les choses. Pour le mois d’août, ce sont City Builder, Gasland Refuelled, B Movies et le retour de Room 25 qui ont animé le planning et peut-être les prochains festivals tandis qu’en juillet étaient sortis Rapa Nui (chronique à cette page) et Kemet : Blood and Sands.
Aujourd’hui nous allons parler de Monasterium dont l’auteur Arve D.Fuhler est connu pour des titres tels que El Gaucho, Festo, TA-KE et Pagode. Quant à l’illustrateur, il s’est déjà taillé une jolie réputation puisqu’il s’agit de Dennis Lohausen. On a déjà aperçu ses travaux sur l’excellent Bonfire, Terra Mystica, Hansa Teutonica, Marco Polo, A la Gloire d’Odin, les Charlatans de Belcastel et bien d’autres projets. C’est un acteur fondamental du milieu du jeu de société et il est intéressant de noter ici qu’il a déjà travaillé avec Arve D.Fuhler sur El Gaucho.
Les illustrations à l’allemande c’est une de ses spécialités et Monasterium est un très joli jeu à l’allemande.
Monasterium, c’est quoi le topo ?
Dans Monasterium, nous incarnons le doyen d’une cathédrale. Nous avons trois années pour gagner en réputation. Pour cela, il faudra envoyer des novices dans les différents monastères de la région, construire un vitrail mais aussi remplir les objectifs. Choisissez des dés selon leur valeur afin d’enclencher jusqu’à 3 actions par tour, envoyez les novices dans les 5 monastères (chapelles, bâtiments ou cloîtres), cela permet de gagner en efficacité puisque chaque novice envoyé débloque une action ou amélioration. Placez les vitraux judicieusement sur votre plateau afin de gagner bonus et points. Et surtout n’oubliez pas de valider les objectifs, plus vite vous les accomplirez, plus grand sera le nombre de points que vous gagnerez.
Chaque année est composée de plusieurs tours calculés selon le nombre de joueurs. Celui qui en aura le plus remportera la partie.
Par le biais de mécaniques de dés (on les lance, on les place, on les choisit pour réaliser des actions) et de gestion (de votre Plateau Joueur, sur lequel se trouve les différentes actions à réaliser et tous nos ouvriers « Novices »), on tentera de placer nos différents ouvriers (sur le plateau de jeu) afin de construire des vitraux (sur le plateau Joueur) et de réaliser des objectifs visibles pour tous.
Il s’y mêle donc de la gestion de ressources rigoureuse, un système d’objectifs (plus tôt ils sont remplis, plus ils rapporteront de points), de la majorité (au niveau du scoring en fin de partie) et de l’interaction forte car on convoite les emplacements dans les monastères, les mêmes dés avec pour seule garantie de repartir avec son propre dé.
Au niveau des particularités, on remarque notre Messager au milieu de tout ça qui va définir aussi votre champ de possibilités selon son emplacement sur le plateau. On souligne la présence de différents Monastères qui apportent différents vitraux, ce qui est important car comme au Sudoku, vous ne pourrez pas placer 2 mêmes vitraux sur la même ligne ou colonne. Néanmoins, quelques nœuds au cerveau puisque chaque Monastère contient 3 lieux pour votre pose d’ouvriers, chacun étant défini par des règles précises dans votre champ des possibilités.
Un concept simple pour des mécaniques complexes !
Dans Monasterium, il est souligné que l’on devra former des novices, construire des vitraux et accomplir des missions spéciales du monastère. C’est assez bien résumé.
La mécanique de placement de dés:
Au début du tour, chaque joueur prend 3 dés blancs et son dé personnel défini par une couleur spécifique. Ce dernier ne pourra être choisi et activé que par son propriétaire. En lançant ses 4 dés lors du premier jet, il décide où les placer sur le plateau commun, chaque emplacement étant défini par une face de dé. Si deux dés affichent la même face, ils ne peuvent pas être séparés. Par exemple, Alix effectue son premier lancer de dés, résultat : 2, 4, 4, 5. Elle devra choisir si elle place le dé 2 ou le dé 5 à son emplacement OU si elle place les dés 4. Elle ne peut pas retenir qu’un seul dé 4.
Tous les joueurs lancent une fois les dés (ou les relancent en utilisant la tuile Joker) à leur tour et attendent que ce soit à nouveau leur tour pour les lancer.
Une fois que tous les dés sont placés, les joueurs décideront alors tour à tour quels dés ils prendront (de 1 à 3 dés sauf pour le 6, un joker à utilisation unique). C’est à ce moment que vous planifiez vos actions. Un dé peut activer une action « basique » ou une autre débloquée par le placement d’un novice. Et c’est là que vous serez parfois très heureux de pouvoir prendre 3 dés synonymes de 3 actions, laissant moins de possibilités aux autres joueurs !
C’est déjà très important car chaque emplacement représente une action sur votre plateau Joueur.
Les actions liées aux dés:
L’importance des dés est donc corrélée avec les actions qu’ils vous offrent. Le dé 1 permettra de placer un ouvrier moyennant des ressources. Autant vous dire que cette action (et ces dés 1) sera convoitée par tous les joueurs. Dans Monasterium, plus on place d’ouvriers, plus on dispose d’actions car c’est bien le moteur du jeu. On place des novices dans les monastères, un novice qui cachait une action qui sera désormais disponible. Vous avez une base de 5 actions avec les dés (le 6 étant un joker) et chaque joueur étendra son champ de possibilités en déplaçant ses novices.
Il existe en tout 20 ouvriers à récupérer pour autant d’actions à débloquer. C’est aussi s’assurer de filets de sécurité. Par exemple, vous ne pouvez déplacer votre Messager qu’avec le dé 5 au départ. Et rien ne garantit que vous pourrez réaliser l’action car un autre joueur peut chiper les dés 5 et vous priver de déplacements faciles. Le jeu vous permet alors de débloquer une action déplacement avec le dé 1 ou une action double déplacement avec le dé 4.
Vous devrez ainsi gérer rigoureusement votre plateau Joueur de sorte de pouvoir remplir les objectifs, déplacer votre Messager, positionner intelligemment vos novices et construire vos vitraux. Un système complexe qui sera légèrement difficile dans sa prise en main mais qui apporte de belles sensations de jeu une fois maîtrisée.
Le placement de novices dans les monastères :
Pour placer un novice dans un monastère, il faut d’abord que le Messager soit à côté de ce dernier ou bien qu’un novice se trouve déjà dans la chapelle.
Ensuite, il faut la bonne valeur de dé, puisqu’il est possible d’envoyer un novice qu’à partir d’un 1 ou d’une action alternative du 2.
Une fois les conditions réunies, il faudra réfléchir au bon emplacement, sachant que selon le lieu, vous allez débloquer une action particulière.
On va vous demander des jetons Soupe, Outil ou Livre pour les bâtiments, des jetons Influence pour les chapelles et les jetons Rosaire pour les cloîtres. On reparlera de cette gestion de ressources, plus loin.
Les places ne sont pas illimitées dans le monastère, et chaque emplacement a sa particularité. Par exemple, la chapelle permet d’envoyer un novice même si le Messager n’est pas à côté, les bâtiments de gagner des points et d’autres ressources même des vitraux. Quant aux cloîtres, on ne peut s’y placer uniquement si l’on a déjà mis un novice dans un bâtiment adjacent et sert uniquement au scoring.
Le scoring :
Le décompte des points de fin de partie est ingénieux et nous pousse à jouer sur plusieurs fronts. Mais justement ce qui rend les choses tellement excitantes c’est qu’il ne sera pas possible de tout faire, les 3 années passent vite !
Ce dernier vous pousse à envoyer des Novices dans les Chapelles mais aussi les Cloîtres puisqu’on multipliera ces deux nombres entre deux puis X2. Si vous contrôlez bien ce point-ci, vous devriez vous faire un bon paquet de points.
En plus de cela, plus vous envoyez vos Novices dans les Chapelles différentes plus vous gagnez de points. Par exemple, une Chapelle vous rapporte 1 mais si vous visez les 5, vous en toucherez 15 points.
Ajoutez à ces derniers, le fait que détenir la majorité de Novices dans chaque Monastère fait également gagner des points.
Si vous voulez espérer empocher la victoire, il ne faudra pas délaisser les objectifs en cours et fin de partie qui peuvent vraiment faire la différence. Plus ils sont accomplis tôt dans la partie, plus ils rapportent de PV. Il y en a 6 au total par partie.
Grâce aux jetons, vous pouvez gratter entre 0,5 et 2 points chacun, pratique quand on sait qu’il nous manque quelques points ou que l’on veut en gratter quelques uns quand on ne peut plus envoyer de Novice.
Des PV sont aussi à gagner en cours de partie, par exemple grâce au Vitrail, aux actions améliorées ou encore sur le plateau quand le Messager à traverser ce dernier. On peut choisir entre 5 PV ou débloquer un 2e dé personnel. Le choix n’est pas toujours facile. Sauf en fin de partie, on vise clairement les points.
La gestion des ressources :
C’est laborieux pour en obtenir surtout les Outils et Livres. Certes, on peut en obtenir grâce aux bonus des vitraux mais il existe un système d’échelons. C’est-à-dire qu’en commençant à placer un novice à la Cantine (grâce aux jetons Soupe), je gagne un jeton Outil qui me permet d’en envoyer un dans un Atelier et ce placement me procure un jeton Livre qui me servira à poser un novice à la Bibliothèque, ce dernier me rapportera un Vitrail. C’est donc long et le temps est compté, on ne pourra pas tout faire, attention de ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre.
J’ai joué à Monasterium à 2 et 3 joueurs, toutes les configurations sont intéressantes. Je n’ai pas vraiment de préférence.
Les illustrations de Dennis Lohaussen sont toujours une vraie réussite. Plus on avance dans la partie, plus le plateau s’enrichit de meeples et gagne en couleurs.
J’aime beaucoup ce résultat, tout est harmonieux.
Côté pratique, j’aurais apprécié un plateau creusé pour éviter que les meeples bougent partout si l’on fait un mauvais mouvement.
Aussi, il est arrivé plusieurs fois en retournant les tuiles que justement ces derniers bougent un peu trop.
Dommage car je me suis retrouvée par moment à hésiter sur l’emplacement de chaque novice (meeple).
Je n’ai eu aucun mal à comprendre les règles puisque le livret est bien écrit. Il y a peu d’exemples mais le tout est bien illustré.
Juste un petit bémol pour certains joueurs qui, souvent, ne comprennent pas très bien les objectifs.
Il y a toujours 3 étapes à valider (3 lieux où placer les novices) afin de valider un objectif. Certains joueurs comprenaient qu’il fallait juste un emplacement pour gagner des points.
Il faut compter 10 minutes maximum pour mettre en place le jeu et encore 5 minutes peuvent suffire à force d’y jouer.
Le rangement est également assez rapide.
Quand on joue à Monasterium, on sait que l’on ne va pas perdre 5 ans dans l’installation et le rangement, plutôt pas mal pour un jeu de sa trompe.
L’explication des règles prend bien 30 minutes minimum car le jeu possède plein de subtilités et surtout il faut savoir et comprendre absolument le décompte pour être au taquet.
Une partie de jeu dure environ 1 h 30/ 2 h, on ne voit pas le temps passer !
Bon à la première partie, j’étais et même nous étions à la ramasse. Nous n’avions pas vraiment en tête le décompte et nous avions oublié les objectifs. Alors qu’il est vraiment primordial de jouer selon eux. Il faut établir une stratégie dès le départ en visant le maximum de points des missions.
En dehors de cela, j’étais un peu déroutée par ce système de placement de dés qui apporte à la fois de l’interaction, de l’opportunisme, du risque et de vraies réflexions.
On se retrouve un peu le nez dans les règles pour confirmer certains points mais le jeu étant bien iconographié, on s’en sort plutôt bien.
C’est franchement la régalade. Jusqu’à la fin, on ne sait pas qui va gagner, les joueurs qui ont misé sur les objectifs ? Ceux qui comptent sur les novices ? Ou bien le mélange des deux ?
Ce qui est sûr c’est que Monasterium pousse à la réflexion dynamique et ses mécaniques et actions entremêlées peuvent bien nous jouer des tours si l’on rate des étapes. Par exemple, si je dois avancer sur le Vitrail mais que j’ai oublié de placer un Novice dans la chapelle que je convoite, je perds mon action ou mon bonus. Les vitraux sont très prisés et il n’y en aura pas pour tout le monde.
L’interaction se fait au niveau des choix des dés, tant au placement qu’à la récupération des dés. On va faire attention aux autres surtout au niveau des 1 (action d’envoyer les novices) car elle est très convoitée.
On peut se bloquer au niveau des cloîtres mais ce n’est pas le coeur du jeu.
On va dire que l’interaction est plutôt froide pour le reste de la partie.
Récapitulons : Monasterium m’a plu un peu, beaucoup ou à la folie ?
(ou pas du tout…)
Monasterium séduit. En mêlant ingénieusement une gestion des plateaux (personnel et commun) rigoureuse et des mécaniques de dés inspirées, il parvient à captiver rapidement autour de la table. Il faudra certes un petit temps d’adaptation pour maîtriser toutes ses particularités mais on ressort avec de belles sensations de jeu. Une réussite complète et unanime chez nous.
N’hésitez pas à nous donner votre avis sur ce jeu si vous aussi vous l’avez testé via les commentaires sous l’article. Vous pouvez également venir nous rendre une petite visite sur nos réseaux sociaux : Twitter, Facebook, Instagram, Twitch, Youtube et notre compte curateur Steam.
Retrouvez nos autres tests de jeux de société en cliquant ici.
