[Bar à Jeux] Bonfire : vertigineux !

bonfire

La version française de Bonfire arrive en mars du côté de Matagot et Stefan Feld y a intégré tout son génie.

Prix : 49,90 € chez Surfin Meeple.
Temps moyen : 90 min
Nombre de joueurs : 1 à 4
Âge conseillé : 14+
Auteur : Stefan Feld
Éditeur : Matagot
Illustrateur : Dennis Lohausen
Mécanismes : tuiles, placement
Version fournie par l’éditeur.

Planète Matagot

Stefan Feld symbolise l’un des grands noms de notre industrie du jeu de société. Célèbre pour les Châteaux de Bourgogne et Trajan, il s’est aussi démarqué avec des titres comme Forum Trajanum, Carpe Diem, Les Châteaux de Toscane, Merlin, Bruges et bien d’autres. Pour Bonfire, il a eu la bonne idée de s’accompagner d’un illustrateur au talent certain, Dennis Lohausen. Il vous dit forcément quelque chose si vous avez joué à Raja of the Ganges, Hansa Teutonica (chroniqué très bientôt sur Try aGame !), les Tavernes de la Vallée Profonde, les Charlatans de Belcastel, Renature, Luxor, Rune Stones, la Couronne d’Emara et bien d’autres encore.

Ce sont donc deux personnages qui ont de la bouteille et leur association ne pouvait qu’être prometteuse. Et comme vous le lirez plus loin dans notre chronique, ce duo a super bien fonctionné.

Enfin, c’est Matagot qui a eu la bonne idée de localiser Bonfire en France. La maison d’éditions n’en est pas à se première excellente décision puisqu’ils sont à l’origine de la venue dans l’Hexagone de Pendulum, Concordia, Aeon’s End, Hansa Teutonica, Wingspan, Istanbul, Parks et d’autres titres qui sont généralement accueillis par le public avec enthousiasme.

Une prise en main facile !

Dans Bonfire, le monde est plongé dans l’obscurité. Ce n’est pas dû à une apocalypse mais cela reste une épreuve à surmonter pour le peuple des Gnomes que nous représentons. La mission sera donc de raviver les brasiers, faire revenir les Gardiennes de la Lumière, coloniser les villes désertes et envisager donc un avenir plus brillant.

Ce qui est formidable, c’est que toute cette histoire se retrouve directement dans les mécaniques du jeu, ce ne sont pas de simples guirlandes pour décorer un jeu quelconque. Avec nos actions, on va littéralement faire appel à ces gardiennes, entretenir les brasiers, coloniser des cités jusqu’ici abandonnées. On y retrouve donc une osmose entre les mécaniques et l’histoire du jeu, ce qui reste plutôt agréable.

Mise en place et plateaux :

Après une lecture des règles facile et une compréhension dans le même esprit (malgré une erreur d’inattention de notre part pour la première partie), on prend bien un bon quart d’heure voire vingt minutes à mettre en place le jeu seul. Niveau architecture, c’est vraiment bien fichu, surtout que l’on nous explique magistralement la disposition de chaque élément.

Chaque joueur dispose d’un plateau joueur. J’apprécie grandement le fait de le construire au fur et à mesure de la partie. On dispose tous d’une Gardienne et de Novices de la couleur choisie. Ce ne sont pas de simples meeples, ils débloquent tous quelque chose, une action précieuse lorsque les conditions sont réunies. À côté de notre plateau principal, on bénéficie d’un second plateau qui comprendra les tuiles Destin (assemblage de 3 symboles, on expliquera son utilité plus tard). Autre chose très bien pensée, ce plateau cache aussi une aide de jeu puisque toutes les actions possibles sont indiquées avec une iconographie très claire. Mêler l’utile à l’agréable, quelle force !

La stratégie commence dès la mise en place du jeu puisque chaque joueur sera invité à choisir sa tuile Destin (et la placer sur la zone Destin du plateau Joueur) qui déterminera nos prochaines actions disponibles dès le départ.

Les joueurs réaliseront une action par tour, en plus d’une action bonus que l’on détaillera plus loin.

La partie se termine lorsqu’un nombre de Novices précis a été placé dans le Haut Conseil. Ce nombre change selon le nombre de joueurs. Une fois cette limite atteinte, la partie ne se termine pas tout de suite puisque le jeu vous laisse encore 5 tours à jouer. Il faudra donc être rigoureux sur les multiples possibilités stratégiques.

Maintenant que vous avez fait le plein de vocabulaire, procédons à une explication détaillée.

Bonfire, osmose et profondeur mécanique !

Le jeu se montre sacrément clair dans ses mécaniques. Encore une fois l’iconographie réalise un bon boulot. Le plateau est lisible, les tuiles Action sont raccordées en couleur et avec le matériel, assez clairement pour que l’on fasse très vite le lien dans nos têtes.

D’ailleurs voici les différentes actions avec son jeton à défausser pour la réaliser :

  • Placer 1 tuile Destin et Gagner des Tuiles Action (aucun jeton à dépenser mais il ne faut pas que vous disposiez de plus d’une tuile Action). La mécanique est sympa. On utilise notre Plateau personne sur lequel on trouve une Zone Destin. Cette action fait bosser les 2 plateaux puisque l’on prend la Tuile Destin du plateau secondaire (celui où l’on trouve le récap des actions) et on la place sur le plateau principal. L’intérêt sera de récolter les ressources indiquées sur la Tuile Destin, plus une supplémentaire par symbole connecté. Le second intérêt sera de récolter les jetons nécessaires à vos prochaines actions, une jolie phase de planification.
  • Recevoir une Mission (jeton couleur rouge). L’action a un coût et vous fait déplacer la tuile Mission vers votre plateau Joueur. 7 missions maximum seront positionnées sur votre plateau. Chaque mission est déterminée par une couleur (qui a son importance) et un nombre de points qu’elle rapporte. De même, la mission permettra de raviver des Brasiers plus tard. Les missions sont directement reliées aux autres sections du jeu. Par exemple, on vous demandera d’avoir 2 Gardiennes spécifiques, 3 portails, 4 or, 4 missions bleues, 1 tuile Offrande sur 3 îles différentes. Autant d’actions à réaliser qui montrent une grande profondeur dans les mécaniques de Bonfire.
  • Déplacer votre Navire (jeton couleur bleu). En suivant les courants d’eau, vous pourrez donc embarquer sur une île abandonnée pour choper une mission ou rapatrier une Gardienne. Si le déplacement ne coûte que des jetons « bateau », l’action qui va suivre sera généralement bien coûteuse. Et il faut disposer des ressources spécifiques, demandées sur les îles. En général, il faut bien anticiper son coup. Explications.
  • Rapatrier une Gardienne (jeton couleur blanc). Celle-ci sera installée sur votre plateau personnel, côté gauche. Une action permettra de la faire avancer et récolter des ressources. Un déplacement lui donnera aussi l’opportunité de vous faire marquer des points en la positionnant sur un brasier. Cette action n’est pas disponible en début de partie, il sera nécessaire d’installer des chemins au préalable.
  • Construire un Chemin (jeton couleur vert). Un facteur primordial de score est directement corrélé avec la construction du chemin. Ils permettent aussi à la Gardienne d’avancer et de se déplacer aux Brasiers qui rapportent le plus de points. Puis si vous construisez un chemin de la même couleur que le Brasier, ça vous rapportera aussi des points. Original, si les chemins se construisent sur la partie gauche du plateau, les portails s’installent eux sur la partie droite (le plateau forme un demi-cercle), de sorte que vous devrez construire des deux côtés afin de marquer le plus de points possibles.
  • Utiliser le Grand Brasier (jeton couleur violet). Le plateau central comprend un emplacement dédié au Grand Brasier. Autour de lui une roue avec des Portails, des tuiles Action et des Ressources. Selon la zone qu’il pointe, vous aurez accès à divers éléments. Vous pourrez en collecter 2 sur 3. Le lieu est important pour construire des portails sur votre plateau personnel et pour looter et planifier vos futures actions. Les portails sont répartis aléatoirement donc il faudra choisir intelligemment quand activer le Brasier. Sachant qu’en dépensant le jeton violet, vous le tournez une seule fois (en dépensant 2 jetons, il tourne deux fois dans le sens horaire et utiliser 3 jetons vous fait déplacer le brasier où vous le souhaitez).
  • Recruter un Gnome (jeton couleur or). Cela permet de booster sa main, d’optimiser ses actions puisqu’ils octroient des bonus permanents (pour les uns) ou rapportent des Points de Victoire (pour les autres). Il existe sur le plateau une rangée de Gnomes (même deux !) et vous décidez quel Gnome prendre, donc de quel bonus s’emparer. L’action a un coût, 2 tuiles Action et la Ressource ou 1 seule tuile Action mais 2 ressources. Il existe 6 Gnomes avec des PV à gagner immédiatemment et 27 Gnomes avec des bonus permanents (pas de limite au nombre de Gardiennes sur une tuile Chemin, gain d’or, gagner les 3 récompenses du Brasier, plus de ressources à emporter). En clair, moins de limite et beaucoup plus de possibilités.

D’autres actions sont disponibles encore vis à vis des missions, action bonus sur les objectifs… Bref encore plus de possibilités et de planification, de réflexion sur le mode opératoire et le timing des actions que vous activerez.

Les joueurs gagneront des points selon les Brasiers ravivés, les Gardiennes qui s’y trouvent, les Portails reliés à un Brasier, les chemins et son cristal de la même couleur que le Brasier, les Missions du Conseil accomplis, pour les tuiles de Destin restantes et pour les ressources dans notre réserve.

Ce que l’on retient, c’est la multitude d’actions et de stratégies à adopter pour scorer avant la fin de partie. D’ailleurs, que l’on laisse au joueur 5 tours dès que les conditions de fin de partie sont remplies montre bien l’importance stratégique et le soin apporté aux différentes actions. On vous adresse un message, tout est possible. Un joueur a peut-être signé la fin de partie mais il reste 5 tours pour terminer ta stratégie ou l’adapter à la situation. On donne assez de marge pour ne pas plonger dans la frustration, c’est mécaniquement que ça se joue. Aucune part de chance, penser ses actions est un facteur déterminant. Même lors d’une première partie, chacune des actions mène quelque part. Même si l’on tâtonne dans les premiers tours, on dispose d’assez de temps pour prendre le jeu en main et s’inscrire dans une stratégie pour optimiser son score dans la 2e moitié du jeu où l’on aura tout assimilé.

C’est peut-être un jeu Expert mais il est accessible à tous, à condition de le vouloir (on connaît tous des joueurs impatients, qui voudraient que tout soit simple dès le deuxième tour). Le livret de règles est rapide à lire, à assimiler, on vous indique l’utilité de toutes les actions et cela favorise la prise en main. Même les âmes les moins attentives lors de l’explication assimileront le jeu en cours de partie. Les sensations de jeu se montrent alors très agréables dès la première partie. Si l’étendard des mécaniques reste vertigineux, il n’en est pas moins facile à comprendre. Et c’est l’une des forces de Stefan Feld sur ce jeu. Rendre encore accessible un jeu profondément mécanique sans jamais nous perdre.

Nous avons joué à Bonfire seulement à 2 joueurs pour le moment.

Pas de grandes interactions entre joueurs donc je ne pense pas que le ressenti soit différent sous d’autres configurations. Surtout qu’il existe tellement de possibilités que même si vous convoitiez une carte Gnome et qu’on vous la chipe, vous pouvez vous rabattre sur autre chose.

Quoiqu’il en soit, les sensations se révèlent bonnes !

Difficile de ne pas apprécier les mécaniques de jeu de Bonfire.

Tout est connecté, tout est intégré intelligemment au thème. Chaque action est utile, chacune d’entre elles nous mène quelque part. Et il existe un nombre de possibilités et d’actions élevé, vertigineux. C’est un peu mon mort d’ordre pour ce jeu de Feld, vertigineux !

Aucune part de chance donc il faudra compter sur la logique des actions. Bien organisé, ça peut aller très vite, ça peut grimper très haut, ça s’enchaîne. On explose les limites que l’on nous donne avec les gnomes. L’intelligence de ne pas nous contraindre au seul déplacement quand on utilise le bateau et de nous donner la possibilité d’enchaîner sur une autre action sur une île. Cela reste plutôt fascinant de constater à quel point les différentes actions restent connectées entre elles, comment elles sont primordiales pour scorer en fin de partie.

Le cheminement des actions a été pensé de façon brillante sans pour autant que ce soit téléguidé. On conserve une liberté de choix et de stratégie. En accumulant les ressources similaires, vous vous permettez une action sans limite. En pensant aux gnomes, vous vous donnez une nouvelle fois bien plus de liberté. Il existe multiples chemins pour scorer et toutes les voies sont visibles pour tous.

Un jeu mécaniquement profond pour un réel plaisir de jeu.

Comme je le précisais, Feld réalise la prouesse de nous servir un jeu Expert accessible. La première cause réside dans la clarté du livret de règles.

De la mise en place à l’explication de chaque action, tout est détaillé. On nous tient par la main et surtout on nous montre le chemin à suivre. Lorsqu’une action est détaillé, on nous en explique l’utilité et on nous dirige vers un autre point plus tard.

On connaît ainsi tous les enjeux rapidement et comment ça s’emboîte. Il s’agit d’un jeu durant lequel chaque joueur pourrait même lire le livret de règles pour les actions ou se référer directement à l’aide de jeu iconographiée sur un des plateaux joueur !

Certes on va maîtriser le jeu en jouant plusieurs parties, on aura ainsi en tête toutes les possibilités qui nous échappent lors de la découverte et ce sera d’autant plus épanouissant.

Mise en place en 15 voire 20 bonnes minutes si le joueur installe seul le matériel. Divisez donc par deux si vous vous y mettez à plusieurs.

Premier contact, le jeu laisse de bonnes sensations mais je tâtonne dans les premiers tours. Je fais ceci, je fais cela, je ne sais pas où ça me mène mais je sais que j’avance sur des pistes, sur mon plateau, que cela servira forcément.

Après quelques minutes, on commence à y voir plus clair. Milieu de partie, tout devient limpide, tout avance, tout est connecté. On enchaîne les portails, on multiplie les chemins. Certes on ne fanfaronnera pas sur les scores au bout de la première partie mais on ressortira avec une furieuse envie d’y retourner et d’explorer d’autres pistes stratégiques.

En résumé, on ne maîtrise pas tout mais le plaisir est là. C’est aussi dû à cette osmose entre les mécaniques, entre cette direction artistique et les différentes actions. Le jeu est beau, il est captivant. Difficile d’en sortir une fois plongé dedans.

J’ai vachement apprécié la direction artistique. La boîte, le design des tuiles et des plateaux fait le boulot, puis sert le jeu et ses mécaniques.

Malgré tout, il ne sera pas difficile de noter quelques défauts sur les pièces. Les icones pas centrées sur certaines tuiles, la difficulté d’assembler la tuile de départ avec le plateau du joueur.

Si cela n’empêche pas d’apprécier l’expérience de jeu, cela pourrait accaparer l’attention de certains joueurs pendant de longues secondes, dommage.

Pas de thermoformage au programme, facile de ranger tout le matériel même si elle sera bien pleine.

L’ambiance autour de la table sera calme. Chaque joueur réfléchira à réaliser les meilleures actions, devra passer par une bonne phase de planification.

Parfois, elle va très loin. On peut anticiper sa stratégie sur 5 ou 6 tours, avec les jetons à récupérer, à utiliser… Comme tout est connecté, il faut avoir une vision large, prendre de la hauteur, pour être le plus efficace possible.

Par contre, il n’existe pas énormément d’interactions entre les joueurs, vis à vis des mécaniques. Seul le Grand Brasier comporte des gros enjeux communs, avec la récupération de portails spécifiques. Ensuite, il y a les missions à récupérer sur les îles mais lorsqu’un joueur en prend une, on s’adapte et on se dirige ailleurs. Enfin, les Gnomes à recruter. Néanmoins, ce ne sont pas tellement de moments de frustration de voir s’évaporer certains éléments puisqu’il existe tellement d’actions, de missions, de cartes, pour la plupart équilibrées, que l’on ne peut que s’adapter et jeter notre dévolu sur d’autres éléments bénéfiques.

Récapitulons : Bonfire m’a mis « on fire » un peu, beaucoup ou à la folie ?
(ou pas du tout…)

Bonfire procure des sensations de jeu splendides. La profondeur et la variété des actions demeurent vertigineuses, d’autant plus qu’elles sont corrélées entre elles de multiples manières. Ceux qui apprécient les jeux Expert sans aucune part de (mal)chance devraient y trouver leur compte. Ceux qui souhaitent du challenge et des jeux inspirés mais aussi accessibles et faciles à assimiler en auront aussi pour leur argent. Stefan Feld signe un titre de grande envergure et il a su très bien s’entourer avec la présence de Dennis Lohausen aux illustrations. Et lorsque deux grands noms du jeu de société se rencontrent, il ne faut pas s’étonner à ce que cela créé des étincelles. Cela tombe bien, le coup de foudre a été immédiat pour Bonfire.

note5 ghost stories viticulture joraku cowboy bebop everdell
Ambiance (calme/vivant)
Interaction
Réjouabilité
Appréciation personnelle des mécaniques

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Caro
Caro
3 années il y a

Seulement 2 parties à mon actif pour le moment mais j’ai adoré direct, j’avais peur de galérer mais il est vite fluide, même si on a oublié au début 2-3 points de règles, cela s’est vite mis en place ! La thématique est très originale mais je m’y crois bien avec mes gnomes et mes gardiennes !! Une très belle découverte !!!

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