Space Cowboys se fait remarquer avec la sortie de The Shadow Theater : La Légende du Roi singe, un jeu pour 2 joueurs à la direction artistique remarquable.
Au design de Shadow Theater, on retrouve Florian Sirieix et Cédric Lefebvre ainsi que Julien Rico aux illustrations. Ce dernier a déjà bossé pour un autre jeu de société : Perspectives. Quant aux co-auteurs, on ne les présente plus. Le premier est connu pour La Planche aux Pirates pour les petits, mais aussi Treetopia, After Us, Nicodemus, l’excellent Imaginarium et un certain Cowboy Bebop Space Serenades. Le second est aussi réputé pour Arctic, Colt Super Express et Yggdrasil. Pour encadrer toute cette créativité, et signer un contrat de confiance et surtout d’édition, on retrouve Space Cowboys. Difficile de ne pas connaître la sortie de leurs titres comme les Unlock, les Time Stories (d’ailleurs, licence terminée ou pas ?). Ils sont aussi connus pour des sorties de jeux 2 joueurs intéressants tels que Botanik, Tea for 2, Jaipur ou Splendor Duel. Bref, ils maîtrisent généralement le cahier des charges pour présenter une expérience réussie aux fans.
Et pourtant, après nous être un petit peu emballés sur The Shadow Theater : La Légende du Roi singe à la suite d’une présentation rapide à Vichy, puis s’être laissés séduire lors d’une nouvelle explication dans l’antre d’une boutique Archi Chouette à Lyon, voilà que la déception pointe le bout de son nez après quelques parties.
« Simple et immersif », qu’ils disaient…
The Shadow Theater ne propose pas une expérience malhonnête. Après tout, ils ne mentent pas forcément sur la boîte du jeu. On peut y lire :
Un duel rapide aux règles simples, pour une immersion immédiate et une tension de tous les instants.
Une publicité exagérée si vous voulez mon avis…
Pour être simple, le déroulement d’un duel s’avère vraiment simple. On nous donne des singes en guise d’ouvriers. On dispose de 3 zones de placement à partager avec le Roi singe (pion), et 4 actions possibles : piocher à droite des pêches et déplacer le Roi singe ; piocher au centre 2 (petits) singes et 1 pierre de jade ; piocher à gauche une carte Armes du Dragon ; ramasser des singes (les fameux ouvriers). De plus, on peut jouer des cartes Armes du Dragon au début de notre tour.
Dans quel but ? Gagner 2 manches et donc plus de points que l’adversaire. On pourrait enchaîner autant de manches que l’on souhaite, histoire d’en refaire une et tester la profondeur tactique du jeu… Bien que cela ne prenne pas une éternité pour en faire le tour. Mais on y reviendra, car ce sera bien le fin mot de notre article, l’absence d’un goût de reviens-y au terme de nos sessions de jeu.
Enfin, car il faut bien parler de la finalité d’une partie sur le papier. À tour de rôle, on décide de la ressource à prendre entre la pêche, la pierre de jade, le singe ou les cartes Armes du Dragon (cartes Action à jouer en début de tour). Tout ceci rapporte des points en fin de manche. 1 point par carte AD en main (2 points pour certaines), 2 points par groupe de 3 pierres de jade, 2 points pour la majorité de ces pierres, et chaque singe nourri rapporte 1 point (1 pêche pour 3 singes).
Un jeu Carglass, sans impact !
Que la carrosserie est belle ! Elle attire l’œil, ce jeu de couleurs qui se retrouve dans les mécaniques, ce plateau construit de façon à reproduire une scène de théâtre, d’ombre et de lumière. Bref, visuellement, The Shadow Theater fait le taf. On n’a qu’une envie, c’est de se plonger dans une partie. Malheureusement, le reste ne suit pas vraiment.
Le rythme lent d’une partie, le manque de tension (et de frustration, c’est positif ou non pour une mécanique 1v1 ?), les actions plutôt simplistes, des stratégies quelque peu basiques, j’ai eu l’impression de participer à une bataille sans armes. Je ressens clairement un manque d’impact dans mes choix et mes actions, rendant même le déroulement de la partie anodin. Cela a manqué alors de coups d’éclat. On ajoute 1 ici et 1 ou 2 ailleurs, on retire 1 que l’on peut récupérer au tour d’après. C’est limite si j’espérais un peu de frustration par moment pour faire vivre ce moment sur la table.
Pourtant, tout n’est pas à jeter. La connexion entre le Roi singe et les cartes Armes du Dragon (attribuant tantôt un bonus pour nous, tantôt un malus pour l’adversaire) en est un bel exemple. Les cartes se différencient par leur couleur : bleu, vert ou rouge. Les mêmes couleurs sont représentées sur le plateau de jeu pour les actions et emplacements disponibles. Ainsi, pour jouer une carte Armes du Dragon, le Roi singe doit se trouver dans la zone adéquate (de la même couleur). Et une seule action permet de le déplacer, ce qui exigera parfois le bon timing.
Stratégiquement, c’est léger. Hormis les mécaniques de base pour scorer, chaque joueur dispose d’une tuile Parchemin en début de partie, qui lui permettra de gonfler des points ou bonifier une action de jeu. Et elle est visible, et c’est bien cette seule décision de rendre cette tuile Parchemin visible qui impacte. L’adversaire peut ainsi s’adapter et tenter de réduire l’efficacité de votre tuile Parchemin afin de prendre l’avantage. Si par exemple, je possède la carte permettant de nourrir 4 singes avec une seule pêche, il sera malin de rendre cette action (de prendre la pêche + déplacer le Roi singe) indisponible. Ou encore si je marque 1 point par pêche dans la réserve en fin de manche, il sera pertinent d’épuiser la réserve de pêches.
Bref, à rendre les mécaniques de The Shadow Theater simples et accessibles, les créateurs l’ont peut-être rendu moins passionnant, du moins c’est l’impression qu’on en a eu autour de la table. On n’a pas été captivés et on a l’impression qu’il ne bénéficie pas d’une grande profondeur. Ce qui ne nous donne pas envie de le relancer, alors que d’autres jeux à 2 joueurs (en 1v1) nous attendent à la maison.
Et si vous souhaitez atterrir sur la page officielle de Space Cowboys pour le jeu, c’est vers cette direction.
Merci pour votre honnêteté