[Bar à Jeux] Murano

murano

Matagot met en avant Murano depuis plusieurs mois maintenant. Il était donc normal de s’intéresser de près à ce jeu de société autour des souffleurs de verre.

Prix : 29,90 €
Temps moyen : 30 min
Nombre de joueurs : 2 à 4
Âge conseillé : 8+
Auteur : Carlo Camarotto, Francesco Testini
Éditeur : Matagot
Illustrateur : Sabrina Tobal, Camille Durand-Kriegel
Mécanismes : programmation, gestion de ressources, abstrait
Version fournie par l’éditeur.

Planète Matagot

Matagot reste toujours actif et multiplie les projets jeux de société. Récemment ils ont publié des titres tels que Fort, Trails (bientôt présenté sur Try aGame!), Aeon’s End Legacy, Red Rising et certains de nos coups de cœur que sont Monasterium, Bonfire voire Orléans et Everdell.

L’auteur derrière Murano est Carlo Camarotto qui n’est pas un grand nom de l’industrie mais qui prépare déjà d’autres projets dont le fameux Chang’An bientôt sur Kickstarter. Par contre il n’était pas seul derrière le processus créatif de Murano puisqu’il a travaillé avec Francesco Testini qui, quant à lui, s’est déjà illustré avec bien plus de jeux. Nommons notamment Golems, Momiji (très attendu ici !), Tang Garden et Xi’An.

Quant aux illustrateurs, ce sont Sabrina Tobal et Camille Durand Kriegel. La première est réputée pour avoir bossé sur Aztec, Captain Sonar, Cyclades, Meeple Circus et Kemet : Seth. La seconde a contribué à des jeux de société tels que Room 25, Metal Adventures et Kemet : Blood and Sand – Book of the Dead.

Il faut avouer que ce mélange de talents donne lieu à un titre original et unique en son genre.

Murano, c’est quoi le concept ?

Dans Murano, nous incarnons des maîtres verriers et l’objectif sera alors de transformer nos éclats de verre pour en faire des œuvres d’art. Le thème s’inspire directement de l’histoire des îles de Murano qui se situe à quelques encâblures de Venise. Cet archipel a vu naître des souffleurs de verre de renommée depuis la Renaissance (bien qu’ils s’y sont installés bien plus tôt) dont le savoir-faire fera parler en Orient et dans l’Europe de l’époque. Si le nombre de maîtres verriers a énormément diminué, il reste encore une quinzaine de fabriques aujourd’hui. Et quelque chose me dit que les auteurs italiens du jeu Murano se sont passionnés de cet artisanat. Il faut avouer que le thème reste tout à fait unique.

Comment ont-ils pensé ce thème vis-à-vis des mécaniques ? Nous avons droit à des mécaniques de programmation (et en cela, je l’évaluerais davantage 10+ que 8+ comme indiqué sur la boîte) et un système de gestion de ressources. Après il n’est pas chose aisée de déterminer toutes les mécaniques de Murano car il s’inscrit dans un genre abstrait.

La gestion de ressources est liée à ces éclats de verre qui serviront à réaliser les œuvres d’art (toutes nécessitant 4 éclats spécifiques). Les éclats serviront aussi à enclencher des actions (tout comme la monnaie du jeu). Félicitons aussi les créateurs du jeu pour l’aide de jeu qui détaille à la perfection le déroulement d’un tour et les différentes actions possibles. Quant à la programmation, elle se réfère aussi à la fabrication des œuvres d’art puisqu’il sera possible d’en réaliser deux à la fois, il faudra ainsi planifier la récolte des bonnes ressources à tous les tours sans que ce soit un casse-tête qui allonge la durée d’une partie estimée à 30 minutes sur la boîte. Mais on y reviendra plus tard.

L’intérêt de Murano sera donc de marchander les bonnes ressources afin de réaliser le plus vite possible les différentes œuvres matérialisées sur des cartes. Le premier à dilapider ses (5 ou 6) cartes remporte la partie. S’il ne se montre pas particulièrement entraînant, il reste réussi dans ses mécaniques et ce qu’il propose comme expérience de jeu. Il demeure accessible rapidement. Il est simple mais la programmation fait que certains joueurs s’y adapteront machinalement plus vite que d’autres. Mais à la deuxième partie, les compteurs sont mis à zéro et on part tous sur un pied d’égalité.

La fabrique à éclats de verre de Murano

C’est de plus en plus répandu comme procédé, Murano se joue au sein même de sa boîte de jeu. Enfin pas complètement. Chacun disposera d’un petit plateau pour placer ses ressources collectées et pour compter les sous gagnés en vendant ses œuvres d’art. On y disposera aussi les cartes (représentant les œuvres) autour de ce mini-plateau.

Des mécaniques originales ?

L’une des grandes particularités du game design de Murano tourne autour de son plateau circulaire et de son sélecteur. C’est ce sélecteur qui détermine les éclats de verre (ndr : les ressources) que chaque joueur va ramasser lors de la Phase 1 (dite Phase de Collecte). Il sera alors astucieux d’anticiper et de planifier intelligemment ses coups pour récolter les ressources adéquates. Le jeu permet alors de dépenser une lire pour tourner l’anneau dans le sens anti-horaire et changer votre récolte. En réalisant des verreries (ndr : les œuvres d’art), on gagnera des effets à utilisation unique qui permettent de bonifier la récolte ou ses économies. On y reviendra.

On vous laisse trois choix simples lors de la Phase 2 (dite Phase de Négociation). On peut échanger un éclat contre ceux visibles sur le plateau (dans un secteur spécifique), on peut acheter des éclats de verre du marché ou l’on peut en vendre. Votre gestion du marchandage invite ensuite à réaliser votre œuvre qui, on le rappelle, demande quatre éclats de verre indiqués sur vos cartes.

La seconde particularité de Murano tourne autour de votre main, c’est-à-dire les cartes qui guideront votre récolte d’éclats. Les joueurs démarrent avec 5 cartes (donc 5 œuvres à réaliser), 6 cartes en configuration 2 joueurs. Il est interdit de trier ou mélanger ses cartes. Vous ne pouvez jouer que la première carte de votre main. Seule possibilité pour contourner cette contrainte, payer pour déplacer la première carte où l’on veut… On hérite ainsi d’une nouvelle première carte (celle qui était précédemment seconde dans notre main). Ce système nous invite donc à penser la récolte selon notre 1ère carte ainsi que la 2nde puisqu’il est possible de réaliser deux œuvres au même tour. C’est même récompensé d’un bonus de 2 pièces. Pas plus, nous sommes limités à 8 ressources sur notre plateau Joueur. Si jamais on s’aperçoit que la récolte sera difficile pour notre première carte, on peut programmer pour les deux suivantes.

C’est à ce moment que le jeu se trouve le cul entre deux chaises. D’un côté il se veut accessible à tous et bien rythmé (et la simplicité de l’aide de jeu va en ce sens), de l’autre il pousse à la réflexion. La programmation entraîne pas mal de réflexion, ce qui casse un peu le rythme. L’entrain s’évapore au fur et à mesure que les tours s’enchaînent, au fil des réflexions entamées par les autres joueurs. De même, plus on est, moins l’on peut planifier en avance puisque le plateau peut évoluer à tous les tours selon les actions entreprises. Des éclats qui disparaissent, d’autres qui viennent, les anneaux qui tournent, les récoltes qui sont difficiles à prévoir. Murano se veut un jeu familial mais il peine à garder sa fluidité et le confort des joueurs autour de la table. C’est dommage car les mécaniques restent bien pensées dans leur ensemble.

On garde l’impression de ne pas être largué, d’avancer tous au même rythme. Chacun récoltera 3 à 4 ressources par tour et il en faut autant pour réaliser une œuvre. En mijotant bien sa réflexion et sa récolte, on sera en mesure d’enchaîner la réalisation d’œuvres. Les plus affutés sauront enchaîner les œuvres et utiliser les Avantages à leur rythme. Une fois que l’on réalise une œuvre, on repart avec des points mais surtout avec un Avantage qui nous permet de réaliser l’œuvre suivante plus facilement. En cela, il n’est pas étonnant de terminer les parties en 30 minutes puisque le jeu s’imbrique bien d’une réalisation à une autre. Il n’est pas non plus étonnant de constater que Murano fonctionne bien mieux à 2 qu’à 4 joueurs notamment grâce à la gestion du rythme. Il se montre aussi bien plus intéressant lorsque l’on utilise les Avantages plus experts.

Nous avons fait des parties à 4, à 3 et à 2 joueurs.

De mon côté, je n’ai pas de préférence. J’aime tellement la confrontation et ce qui se crée à 4 joueurs autour de la table (qui s’entendent bien) que les problèmes de rythme ne m’ont pas dérangé. Pour d’autres joueurs comme Arnyanka, il s’est dégagé une préférence pour la configuration en duo. Il faut dire que les parties souffrent moins du manque de rythme dans cette config. Elle a trouvé également le jeu plus réfléchi lorsque nous étions deux autour de la table.

Le jeu est simple dans sa prise en main, Matagot a réalisé de gros efforts en ce sens. Cela se ressent, il se veut accessible à tous.

Néanmoins, il demande aussi beaucoup de réflexion et de savoir planifier. En cela, il se peut que les joueurs les plus aguerris conservent un avantage lors de la première partie sur des joueurs plus jeunes voire sur un public casu. Gestion de ressources et planification demanderont de la bouteille.

Le jeu fonctionne aussi pas mal sur la contrainte. Le stock limité à 8 ressources (logique au vu de la mécanique de vente), un tarif pour déplacer l’anneau vis-à-vis du sélecteur, un autre tarif pour changer de place une carte puisque l’on vous impose de jouer qu’avec la première carte de votre main…

Si j’ai aimé les mécaniques ? Je ne sais pas trop. Cela ne me dérange pas d’y rejouer mais je n’y prends pas énormément de plaisir sur le coup, je ne suis pas entraîné. Ce que j’ai apprécié néanmoins, c’est qu’en 30 minutes, on sent les choses aller plus vite une fois que l’on peut utiliser des cartes Avantages pour réaliser les œuvres suivantes. Par contre, je ne peux garantir son succès auprès de tous les publics, ce n’est pas LE jeu que je penserai à sortir naturellement avec des novices ou des joueurs plus expérimentés.

Ce que l’on ne peut pas reprocher à Murano, c’est la clarté de ses règles. Tout a été fait pour mettre à l’aise les joueurs, de la lecture des règles jusqu’à l’explication qui s’avère assez simple.

Il aurait été appréciable de bénéficier d’une meilleure clarté vis-à-vis de l’emplacement des marchés (je chipote) mais cela reste facile à analyser et à comprendre. Enfin, on félicite la présence de l’aide de jeu qui fait parfaitement le taff, nous mettant à l’aise avec le déroulement d’un tour et les mécaniques du jeu.

Grande surprise, on ne trouve pas le magnifique renard dessiné sur la boîte en tant que pion. Je pense que cela aurait été un plus. Forcément, on devine que cela s’explique par l’intention de ne pas dépasser le seuil des 30 € au niveau du tarif. Néanmoins, c’est dans ces moments que je ne refuserai pas différentes éditions du jeu de société afin de disposer d’un matos de grande qualité. À la place, nous disposons donc du renard sur une carte représentant une œuvre d’art. On nous gratifie aussi d’une figurine en carton représentant une chouette qui représente sûrement le premier joueur (même si cela n’est pas indiqué).

Passons aux éclats de verre. Ils sont jolis, parfois difficiles à attraper certes mais jolis, certains déjà cassés… mais ils sont jolis. Ils nous rappellent un peu les billes plates avec lesquelles on jouait au cours de notre tendre (ou pas) enfance.

Hormis cela, les œuvres représentées sur les cartes possèdent un style bien particulier. Personnellement la direction artistique me plait, j’ai apprécié les illustrations qui en découlent. D’autres non.

Récapitulons : Murano m’a plu un peu, beaucoup ou à la folie ?
(ou pas du tout…)

Murano n’est pas la claque attendue. Matagot a tellement placé son jeu sur un piédestal que l’on a nourri de grands espoirs autour, que l’on attendait la perle. Si le jeu est intéressant dans sa proposition ludique, accessible à tous les publics, efficace dans ses mécaniques, il n’est pas exempt de défauts. Un manque de rythme notamment à plus de 2 joueurs, un manque de fluidité, d’entrain simplement. Le jeu tourne, il reste cohérent mais il n’offre pas non plus des sensations de jeu phénoménales.

La température des joueurs autour de la table

TobyOne !
Coralie / Arnyanka / Saori.
Charline / A Nous Deux Jeux sur IG.
Driss / Le Sapionaute sur IG.

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Retrouvez nos autres tests de jeux de société en cliquant ici.

Vous avez une question sur ce jeu ? N’hésitez pas à poser votre question en commentaire, on se fera un plaisir d’y répondre !

Rappel des barèmes.

Plus la température est chaude, plus le ressenti est bon pour le joueur. On traduit donc la chaleur par du rouge sur les jauges ci-dessus. Quant aux mascottes, nous préférons illustrer leurs significations ci-dessous.

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