GOTY 2018 : la sélection indé de Søren

GOTY 2018 tryagame.fr Soren Frostpunk Subnautica Fallout 76

Sur PC, cette année, force est de constater que le roster des triples A a un peu moins brillé que celui des consoles. Toutefois, on ne peut pas en dire autant de la scène indépendante, qui fut décidément très productive. Suffisamment pour figurer dans ma sélection des GOTY 2018.

Même si l’idiome « PC Master Race » n’est pas trop ma tasse de thé, j’avoue avoir été un chouïa jaloux des consoles cette année, ces dernières ayant été de véritables usines à GOTY 2018. Jaloux de la PS4 et de son excellent God of War, notamment, mais également de son Spiderman, voire même du Super Smash Bros Ultimate de la Nintendo Switch. On a pu se « consoler » (haha) en repensant à la bonne manie d’Ubisoft de faire du multi plateformes avec ses licences, ce qui nous a permis par exemple de profiter d’un Assassin’s Creed Odyssey plus qu’honnête (mais à mon sens moins impressionnant qu’Origins, d’un an son aîné).

Que gloire lui soit rendue, la scène indépendante n’a quant à elle pas chômé en 2018 sur PC. Je pense par exemple à Harebrained Schemes, le créateur de la série des Tactical-RPG Shadowrun, qui a signé cette année un Battletech décoiffant sur le plan du gameplay stratégique (bien qu’un peu plus décevant sur le plan technique). 11 bits studios, de son côté, termine une fort belle année après la sortie et le succès critique de l’excellent Frostpunk, ainsi que l’édition du sympathique rogue-lite Moonlighter de Digital Sun. Enfin, impossible de terminer cette liste (non-exhaustive, of course) sans parler d’Into The Breach, le hit de Subset Games, ainsi que de Dead Cells, le rogue-lite/Metroidvania des p’tits gars – français ! – de MotionTwin.

Une année forte en succès indés, donc, avec des jeux qui n’ont souvent rien eu à envier en terme d’intérêt à certains AAA sortis sur la même période (cf. le FLOTY 2018 en bas de l’article). Chapeau bas.

Mes GOTY 2018 – Subnautica et Frostpunk

Parmi tous les jeux cités ci-dessus, deux noms résonnaient dans ma tête au moment de choisir mon GOTY 2018 : Frostpunk et Subnautica. Deux jeux indépendants, de contenu moindre qu’un AAA, mais qui m’ont tous deux frappé pour les mêmes raisons : audace et direction artistique. Pendant que Subnautica faisait le pari de titiller plusieurs types de phobiques devant leur écran tout en proposant des fonds marins d’une beauté à tomber par terre, Frostpunk, quant à lui, nous narrait l’histoire de réfugiés climatiques massés autour d’un vieux réacteur thermique au fond d’un cratère, accompagnant leur sombre odyssée d’une bande-originale digne d’une collection de requiem modernes. En me remémorant chaque souvenir de jeu, de la stupeur de ma première rencontre avec un Leviathan en eaux profondes, ou encore du stress de l’ultime tempête de neige à -100°C emportant les plus faibles camarades de ma ville, il me fut impossible de choisir entre ces deux titres, chacun m’ayant marqué d’une manière qui leur est propre.

Mais l’élection de ces deux titres au rang de GOTY 2018 ne s’arrête évidemment pas aux seules considérations artistiques. Subnautica, par exemple, est doté d’un gameplay autant horizontal que vertical au niveau de l’exploration de l’environnement, et se différencie d’un Minecraft par son intrigue ni trop présente, ni trop effacée. Au fil du jeu, on meurt d’envie d’en apprendre plus sur ce qui se trame, sans pour autant se sentir pressé de trouver le fin mot de l’histoire. Le jeu possède son début, sa fin, et vous êtes totalement libres de passer le temps que vous voulez entre les deux. L’absence de carte rend l’exploration extrêmement gratifiante et le moindre petit plan ou objet trouvé est une véritable récompense. Si vous cherchez un jeu capable de vous faire voyager et de vous détendre, Subnautica est le GOTY 2018 fait pour vous.

Frostpunk, lui, brille par d’autres qualités. Bien plus qu’un bête city-builder mou du genou, Frostpunk vous prend aux tripes en vous rappelant assez régulièrement que vous n’êtes pas seulement un maire : vous êtes un chef, un leader, et des vies dépendent de vous. Le jeu de 11 bits studio réussit à lier les difficultés de gameplay que vous ressentez avec celles rencontrées par vos camarades de fin du monde. En résumé, Frostpunk réussit à réellement vous faire sentir que vous êtes dans la même galère que vos péons. Le résultat s’exprime par la création d’une ambiance sans cesse tendue, et soutenue par une bande originale magnifique et adaptée aux besoins du jeu. Frostpunk tutoie l’apothéose lorsque vient la fin de la campagne principale, lorsque la musique gagne en intensité et en rythme au fur et mesure que l’ultime tempête de neige met à l’épreuve l’ensemble de votre œuvre. A ce moment-là, fébrilement, vous continuez par réflexe à assurer le bon fonctionnement de la ville, mais la réalité vous rattrape alors petit à petit et la résignation vous fait lâcher la souris et le clavier après avoir ordonné aux habitants de rentrer chez eux. Et c’est avec eux, impuissant que vous attendez que la tempête se termine… Frostpunk est plus qu’un jeu, c’est une expérience puissante. Les créateurs du très poignant This War Of Mine semblent définitivement dotés d’un talent inouï quand il s’agit de bousculer le joueur jusque dans les profondeurs de son esprit. 

Avatar-Soren-tryagameEDIT de dernière minute : il arrive que certains excellents jeux sortent en toute fin d’année, rendant ceux-ci compliqués à inclure dans nos GOTY dont les articles sont planifiés un peu à l’avance. GRIS fait partie de ceux-là, notre test étant sorti il y a moins de 24h au moment où j’écris ces lignes. Dans ce genre de cas, au vu de l’excellence du jeu de Nomada Studio, il me semblait important de caser une référence à celui-ci dans cet article. GRIS, en effet, aurait largement mérité un paragraphe pour lui tout seul aux côtés de Subnautica et Frostpunk. Pour plus de détails à ce sujet, et afin de mieux comprendre pourquoi il me paraissait super important que GRIS figure parmi nos GOTY 2018, n’hésitez pas à consulter mon test.

Bonus : mon FLOTY (Flop of the year) 2018 – Fallout 76

Mon Floty 2018 n’étonnera pas grand-monde, il s’agit du dernier-né de la franchise Fallout : Fallout 76. Autant être honnête là-dessus, je vais ici donner un avis sur un jeu auquel je n’ai pas joué, à vous d’en faire ce que vous voulez. Ce qui me chagrine avec Fallout 76 n’est pas vraiment en lien avec le contenu in-game (même si on pourrait longuement parler des bugs, manques de contenu et autres), mais avec tout le reste. Si je qualifie Fallout 76 de pire flop de l’année 2018, c’est bien pour la façon qu’a eu Bethesda de traiter sa clientèle. Éditions collectors ne contenant pas le produit affiché (cf. l’histoire du sac low-cost dans l’édition à 200$), premières réponses sans aucun tact du SAV à ce sujet avant de se résoudre aux dédommagement (« nous ne prévoyons pas d’y faire quelque chose »), promotions du black friday qui plaçaient le prix du jeu à -50% alors que la plupart des joueurs venaient de payer le jeu plein pot deux ou trois semaines plus tôt, bug technique de l’interface SAV qui permit à certains joueurs d’accéder à certaines informations personnelles d’autres joueurs, … Les casseroles s’enchaînent, et on en vient à se demander si un tel accident industriel s’était déjà produit auparavant concernant une aussi grosse licence et un éditeur aussi important.

Alors évidemment, Bethesda (bien que poussé par la grogne montante et les menaces judiciaires qui se profilaient à l’horizon) a commencé à réagir pour corriger le tir : nouveaux sacs envoyés aux acheteurs de l’édition collector sus-citée, monnaie virtuelle créditée, applications de patches correctifs, … Cependant, rien de tout cela ne saurait racheter le fait d’avoir voulu faire du chiffre avec peu d’efforts, simplement en capitalisant sur la hype souvent aveugle des fans. Mais bien qu’il incarne le dernier exemple en date des dérives de l’industrie actuelle du jeu vidéo, Fallout 76 est certes loin d’être un cas isolé. Les accidents de ce genre, poussés par l’avidité et une course au profit toujours plus infernale, s’enchaînent ces dernières années. On citera par exemple la polémique des loot-boxes, les critiques portant sur les algorithmes de pseudo-randomisation adaptatifs, l’usage de la psychologie cognitive en lien avec l’étude des comportements en jeu, ou encore les périodes de crunch controversées qui font glisser le débat vers le sujet du coût humain d’un jeu vidéo.

Après un raté aussi phénoménal que Fallout 76 (dont on espère pour les joueurs des améliorations significatives), nous serions en droit de demander à ce que l’industrie vidéoludique respecte plus ses clients (ainsi que ses salariés, au passage), avec lesquels elle a pourtant été habituée à tisser des liens étroits. De bonnes résolutions qui seraient de rigueur à l’approche de la nouvelle année.

Fallout 76

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Co-fondateur de Try aGame, pinailleur en chef, et amateur de belles histoires. Vous pouvez me suivre sur Twitter et Mastodon
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