La guerre des Battle Royale n’a pas eu lieu en 2018

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Si la communauté a tendance à opposer les jeux aux autres et surtout en pleine mode des Battle Royale, force est de constater que chacun a pu trouver sa place. Et avec Apex Legends, ce sera la même !

Depuis la nuit des temps, les rivalités entre différentes productions font rage. Enfin, depuis l’émergence de communautés sur le web, cela s’est considérablement accru. Nous avons ainsi le droit à des duels permanents entre les licences footballistiques, à savoir FIFA vs PES, moins régulièrement entre FPS multijoueur (Call of Duty vs Battlefield) et cela s’étend même chez les constructeurs avec un duel entre Microsoft et Sony. Cela pousse le public à une comparaison permanente entre leurs machines, leur catalogue, leurs exclus, leurs performances, leurs promos et même leurs jeux offerts avec l’abonnement en ligne (PS Plus vs Games with Gold). Comment partager les responsabilités de ces petites guéguerres malsaines sur le terrain du jeu vidéo qui font du mal plus qu’autre chose à l’industrie ? Les joueurs, les médias et même les acteurs de l’industrie entretiennent tous cette friction qui n’a pas vraiment lieu d’être. Et c’est bien cette année 2018 qui le prouve.

Le Battle Royale, objet de tous les fantasmes

La communauté a parfois du mal à concevoir l’existence de plusieurs titres du même genre dans un même public, comme si l’arrivée de l’un allait écraser l’autre. L’idée d’une guerre entretient ce mythe, cette envie d’affirmer sa supériorité intellectuelle ou en tant que gamer, comme si l’achat d’un jeu considéré comme meilleur apportait de la valeur à l’individu. Or, un joueur qui a passé une centaine d’heures à LEGO Dimensions n’est pas au-dessus du joueur qui a fait de même sur Disney Infinity ou Skylanders Imaginators. Même processus pour la communauté Call of Duty qui n’est pas plus idiote que celle de Battlefield. A côté de ceci, les joueurs FIFA n’ont pas plus de légitimité à affirmer leur goût sur ceux de PES et pourtant les tirs sont réguliers entre les différents gamers surtout sur les réseaux sociaux ou les forums. Et c’est bien ces derniers qui amplifient le phénomène, celui d’une commu qui s’écharpe bêtement.

battle royaleEt comme le genre Battle Royale s’inscrit dans la grande tendance du moment, illustrons ce terrain d’affrontement bien emprunté cette année. L’énorme succès de PUBG sur Steam a mis le genre sur le devant de la scène en 2017. Puis, Epic Games s’y est mis en proposant son fameux Battle Royale en free-to-play, Fortnite, désormais un phénomène qui pèse 3 milliards de profit sur l’année 2018. Les grands acteurs de l’industrie prédisaient donc du Battle Royale à toutes les sauces, parmi tous les éditeurs, tous désirant surfer sur une vague toujours plus grande. Et ils ne se sont pas trompés puisque nous avons eu droit aux annonces (et aux arrivées) de modes de jeu pour Call of Duty Black Ops 4 et même Battlefield V. Bref, alors que la rivalité entre communauté Fortnite et communauté PUBG était déjà à son paroxysme, les arrivées des « piliers » allaient bouleverser la donne… ou pas. On lisait sur la sphère des prophéties de Nostradamus du web tels que « RIP Fortnite, avec Blackout, plus personne n’ira« , « C’est fini pour PUGB » et quelques mois plus tard, que nenni. Tous ces fantasmes balayés par une simple vérité, chacun sa communauté de joueurs bien solide dont certains alternant même les plaisirs.

Alors, qu’est-ce qui fait que l’on se déchire entre fans de certains FPS, simulations de sport, Battle Royale et pas entre les fans d’indés, de jeux de plateformes et autres ?

De grandes questions demeurent. Comment cet esprit de compétition malsain est-il né ? Et surtout comment persiste-t-il à exister sur les réseaux sociaux ? Outre les petits trolls du dimanche, il demeure chez certains joueurs une véritable rage, une haine, une rancœur, un mélange de tout – choisissez votre terme – qui créé des conflits incessants et inutiles entre différents groupes d’une communauté qui devraient se respecter avant tout. Ce n’est pas parce qu’un éditeur vend moins qu’il est meilleur ou qu’il n’est pas apprécié à sa juste valeur. Ce n’est pas parce que les médias ont mis une meilleure note à un titre qu’un autre jeu moins bien accueilli par la critique n’offrira pas de belles heures de jeu et du fun à ses possesseurs. Le ressenti personnel d’un gamer et son appréciation sont à respecter. Il a le droit de ne pas aimer God of War ou Red Dead 3 et en contre-partie de platiner Fallout 76 et Farming Simulator 19. Pour les uns, il aura des goûts de merde, pour lui, vous serez simplement un vieux con, et votre avis il s’en passera bien. Pourtant, le monde continue de tourner, et surtout votre machine reste allumée pour autant avec votre disque préféré dedans, entre les boutons power et eject.

Un simple élan de lucidité permet même de se demander si les jeux vidéo nécessitent qu’on les défende, qu’on les oppose, que l’on prouve que c’est tel titre qui mérite d’être acheté ou joué et pas un autre. Les millions investis dans le marketing le font assez à notre place et c’est l’expérience de jeu qu’ils offrent qui leur permettent de se défendre eux-mêmes. Et quand on y pense, on retrouve surtout ces guéguerres et ces extrémismes (oui j’ose le mot) chez les grosses productions. Je n’ai pas vu de perles indépendantes être sujettes à des rivalités ou à des propos outranciers envers un titre ou un autre. Or ils sont abordés de la meilleure des façons. « J’accroche ou j’accroche pas« , « l’univers m’attire ou pas« , « alors la prise en main ? » et le tout simple « voyons ce que cela donne« , cette chance que l’on laisse à un jeu. Je ne vois pas les fans du dernier Ashen dévaloriser un autre titre pour le mettre en avant, de même pour Dead Cells, Celeste ou Hollow Knight. Alors, qu’est-ce qui fait que l’on se déchire entre fans de certains FPS, simulations de sport, Battle Royale et pas entre les fans d’indés, de jeux de plateformes et autres ? Pourrait-on employer l’expression commune « On a le public que l’on mérite » ? C’est tout de même difficilement acceptable sachant que le public n’est pas une entité immobile mais une multitude de sensibilités qui se penche vers un jeu ou un autre. Par conséquent, qu’est-ce qui fait que l’on se tiraille sur certains jeux et pas sur d’autres ? L’attachement à une licence ? La nostalgie ? Le succès de l’un et pas de l’autre donc une certaine amertume ? Difficile à déceler le vrai du faux mais le sujet mérite une grande réflexion, une grande remise en question de la part de tous ceux qui participent à ce climat délétère.

Les joueurs sont des consommateurs qui appartiennent à la classe des Mercenaires, ils offrent leur temps au plus offrant en matière d’épanouissement et de rentabilité pour leur expérience de jeu.

Pour le coup, si on en revient au Battle Royale car c’est bien le sujet de base… si l’on prend du recul, on peut remarquer que chacun a trouvé du public et le satisfait. C’est plutôt logique, un public insatisfait est un public qui s’en va, à part s’il attend 2 heures Lauryn Hill et se tape des blagues foireuses de Fary. Mais le public jeu vidéo reste pour le moins impatient et donne son verdict assez rapidement sur un titre. S’il est certain qu’il s’est fait flouer, il ne pardonne que rarement. S’il entrevoit un certain potentiel, il va rester plus longtemps sur un jeu afin de lui donner toutes ses chances. Donc, s’il s’amuse sur un titre qui lui offre des heures de fun ou si un jeu vidéo le captive, il restera. Et c’est ce qui arrive à tous les Battle Royale du moment. Blackout de Black Ops 4 n’a pas rameuté les joueurs de PUBG ou de Fortnite, Activision a juste rajouté un titre dans l’équation. Et vous savez quoi, voici un scoop pour vous, un joueur peut s’amuser sur ces trois titres là et ce dans une même semaine. Il pourra même tenter Battlerite Royale et Rapture Rejects si ça lui chante. Affirmons sans trop de risque qu’une PS4, une Xbox One ou un PC peuvent installer ces trois jeux-là, sans qu’une fenêtre pop vous avertisse des dangers de les additionner.

Vous ne trouverez pas ainsi surprenant qu’il n’existe pas vraiment de guerre entre Black Ops 4, Fortnite, PUBG, le prochain BR de Battlefield V et bien d’autres. Les joueurs sont des consommateurs qui appartiennent à la classe des Mercenaires, ils donnent leur temps au plus offrant en matière d’épanouissement et de rentabilité pour leur expérience de jeu. C’est pour cela que les communautés existent à vrai dire, un grand public fait vivre l’industrie du jeu vidéo, pour plusieurs communautés. Et les unes ne valent pas mieux que les autres, puisqu’elles épousent le même but, partager la passion des joueurs et l’expérience de chacun, on s’en fout sur quel jeu au final. C’est ce qu’ont compris la plupart des streameurs, ils ne vont pas cracher sur les jeux qu’ils découvrent en direct, ils partagent leur expérience et permettent de créer un moment entre passionnés. C’est tout ce que l’on demande.

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